Derrière les poteaux : Bouc émissaire #27
Publié le mardi 12 septembre 2017 à 06:00

Samedi, cela devait être le rebond, le vrai début de la saison du CAB. Mais ces espoirs ont été rapidement douchés par le Racing 92 qui plonge un peu plus le club corrézien dans la crise. Le public a pris un coup derrière la tête (comme son équipe) mais fera front avec ses joueurs. Jusqu'au bout.

« À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes toujours sans nouvelles du « fond de jeu » du CABCL. Cela fait plusieurs mois que celui-ci n’a pas donné signe de vie et que personne, absolument personne ne sait où il se trouve. Certaines sources « proches du dossier » laissent penser que nous aurions affaire à un enlèvement. Mais les ravisseurs ne se sont pas signalés et aucune rançon n’a été réclamée (au grand soulagement de monsieur Bourliataud). Les enquêteurs dépêchés sur place restent silencieux et ne ferment aucune piste. Des prélèvements ont été réalisés dans plusieurs endroits par la police scientifique (vestiaires, locaux techniques, stade annexe et même les chiottes) sans toutefois apporter un début de réponse. Suspecté un temps et placé en garde à vue, Zouzou, la mascotte bien-aimée du club a finalement été lavé de tout soupçon. Il semblerait qu’il ait fait les frais d’une dénonciation calomnieuse. Une preuve s’il en fallait, du climat délétère qui règne autour du stadium. Dans un geste désespéré, on a même fait appel à Gaillard Man pour qu’il utilise sa Super Vue Laser et trouve des indices. Mais rien n’est apparu sous les yeux du super héros. En attendant l’arrivée imminente des Experts de Miami, une cellule de crise a été mise en place et un appel à témoin va être lancé pour recueillir des informations qui pourraient s’avérer capitales dans le dénouement de l’affaire que nous devons bien appeler désormais « L’affaire de la disparition du fond de jeu du CAB ». Alors, disparition, enlèvement, fugue, séquestration, que s’est-il passé ? » Article de notre envoyé spécial Jean-Guy Bol, du journal La Colline.

Chers supporters, voici ce qu’aurait pu donner la Une du journal de ce lundi. Mais vous ne verrez jamais ce genre de Une. Dimanche matin, dans les colonnes du canard local, je lis les mots de Simon Gilham « Nous sommes clairement dans le dur après cette troisième défaite (…) Joueurs et staff doivent avoir à cœur de rapidement retrouver nos valeurs de combat et d’envie. »

Un magnifique exemple de langue de bois, exercice dans lequel le président du CABCL est passé maître. Traduction en langue vivante française : il n’y a pas de problème de jeu, c’est juste un problème d’envie et de combat (sous-entendu les joueurs n’étaient pas très motivés). Vous je ne sais pas, mais moi, si j’étais joueur au CAB et que je lisais cela, ça me foutrait les grosses boulasses. Ça me foutrait les grosses boulasses parce que hier j’ai vu des gars qui s’y sont filés. J’ai vu des gars qui ont fait de leur mieux, mais ça n’a pas marché, ça n’a pas suffi, parce que trop d’imperfections, mais surtout pas de plan, pas de stratégie, rien. Samedi nous avons vu autant de combinaisons que de cheveux sur la tête de monsieur Péchambert (Patrick, si tu nous lis… bonne retraite à Biarritz). Avec ce jeu attrayant comme il le promettait avant le début de saison, le président du CABCL a de bonnes chances d’attirer un gros sponsor, genre Kleenex.

Il a fallu patienter jusqu’à la dernière minute de la première mi-temps pour voir un beau mouvement d’ensemble sur la moitié de terrain francilienne avec une redoublée sur Samuel Marques. Ça crève les yeux que nos gars sont frustrés par leur incapacité à produire du jeu, perdus qu’ils sont sur le terrain. Pour un supporter comme moi, c’est douloureux de voir ces mines abattues, ces regards en souffrance nimbés dans l’impuissance. Je veux bien qu’on soit déçu, c’est normal. Mais je refuse qu’on crucifie les joueurs sous le prétexte fallacieux qu’ils ne sont pas donnés à fond. Parce qu’en tribune, pardon hein, mais nous n’avons pas vraiment brillé par notre activité. Là aussi sans doute le plan de jeu avait été oublié à la buvette. Nous les supporters, nous avons été mous, passifs et attentistes. Oh pas tous, heureusement. Il y a les fidèles et les rudes. Mais quand j’en vois certains, posés comme des plantes vertes, incapables ne serait-ce que de taper dans les mains, je me demande ce qu’ils viennent chercher au Zébrium. Je refuse aussi qu’on dise que le recrutement est mauvais, niveau ProD2. Samuel Marques vient de Toulouse, où il a pas mal joué. Damien Lagrange vient de La Rochelle, où il a brillé. Etienne Herjean, qui vient de Narbonne était courtisé par plusieurs clubs de top 14. Puafisi qui vient d’Angleterre montre déjà que c’est une très bonne pioche. Nos gars ont le niveau, mais ils ont perdu confiance, ils doutent. Et quand tu doutes, tu deviens fébrile, maladroit, tu hésites, tu perds ce quart de seconde qui fait la différence et la vision qui fait mouche. En revanche, ce qui transpire du terrain, c’est qu’ils n’ont pas perdu confiance en leur groupe, cela se voit qu’ils sont soudés. Peut-être qu’ils ne croient plus en le « discours ». Si discours il y a. Samedi, quand je les ai vus tous, même ceux qui étaient en civil, rassemblés autour de Saïd Hirèche et Arnaud Mignardi, dans un cercle parfait, solide, imperméable, solidaire, j’ai su qu’il y avait des raisons d’y croire et que les germes du renouveau se trouvaient certainement dans cet état d’esprit, dans cette cohésion, cet amour de l’autre. Face à ça, le coach en chef explique « on est dans le dur », je crois que c’est plutôt « on est dans le mur », les joueurs d’un côté, et lui de l’autre.

Bref, certaines personnes sont encore dans le déni et prêchent la bonne parole du « y a pas le feu à la maison ». Nous savons bien que c’est faux. Comme souvent en période de crise, les responsables se crispent et cherchent à sauver leur place. C’est terriblement humain mais aussi terriblement agaçant. Il est probable malheureusement, malgré toutes les bonnes intentions de notre groupe, que le club revienne du derby avec une défaite à zéro point. Clermont a été transparent à La Rochelle (et aucun supporter n’a craché sur son équipe à Clermont), soyons sûrs que les jaunards auront à cœur de se racheter à Marcel Michelin. Le président se sentira alors obligé d’offrir une tête aux supporters et aux sponsors pour calmer la tempête. Ce sera probablement celle de Philippe Carbonneau qui tombera, et pourtant je ne crois pas qu’il porte une quelconque responsabilité dans ce début de championnat calamiteux. On appelle cela un « fusible ». À Brive, les fusibles, on connaît bien. Parce qu’on en a grillé des tas, c’est presque une spécialité.

Au fait, j’ai découvert pourquoi c’est une bétonnière qui apporte à boire sur le terrain. C’est pour couler dans le béton le projet Brive 2020 et ensuite le balancer dans la Corrèze. Pas sûr que ça soit assez profond au pont Cardinal.

Donc il paraît que nous sommes dans le dur. Ça me rappelle la fameuse phrase qu’a prononcé le mythique Ulysse à ses coéquipiers, alors qu’ils étaient en déplacement et se faisaient laminer sur le terrain de l’équipe de Troie dans le championnat de Grèce antique : « les gars, on est dans l’œil du cyclope ».

Sur le match il n’y a pas grand-chose de plus à dire. Notre charnière est grippée alors que celle du Racing avait de la bonne huile dans le Carter (même s’il était absent). Face à une bonne défense briviste les franciliens ont quand même trouvé l’ouverture en empruntant les chemins de Travers. On ne peut même pas invoqué la performance de l’arbitre pour se rassurer car monsieur Cardona a été plutôt bon.

Combien de temps faudra-t-il au coach pour réaliser que l’homme en forme au poste 9 s’appelle Vasil Lobzhanidze ? Du gaz à revendre, le coup d’œil, la vista et le coup de patte.

Pourquoi Julien Le Devedec ne joue-t-il pas ? C’est vrai qu’on a les moyens de se passer du renfort d’un international, surtout que ça oblige à faire jouer Sisa Koyamaibole en numéro 5, poste qu’il n’aime pas alors qu’il n’est jamais meilleur qu’en troisième ligne. Jerry Burotu, qui perfore et fixe les défenseurs nous a manqué aussi. Sa densité physique aurait aidé en défense. Ngwenya avait du feu dans les cannes mais il a reçu si peu de bons ballons. Quelques joueurs ont marqué des points au compteur de la performance. Thomas Laranjeira (qui n’a rien à faire sur le banc), Vasil Lobzhanidze (une pépite), Benjamin Lapeyre (quelle envie !) et Damien Jourdain, Johann Snyman et Putasi Luafutu, Saïd Hirèche (comme toujours), Karlen Asieshvili (certainement le meilleur numéro 1 du championnat). Nous détenons le pack le plus monstrueux du top 14 et nous sommes quand même derniers de la classe.

Lors de ses adieux au peuple noir et blanc, Arnaud Mela avait dit ceci : « merci pour votre soutien, parce que sans vous on est pas grand-chose ».

Gardons en tête ces sages paroles humbles et pleines de bon sens. C’est maintenant que notre équipe a besoin de nous, de notre soutien, et tant que nos gars laisseront leur sueur et leurs tripes sur l’herbe du stadium, je laisserais mes cordes vocales exsangues dans les tribunes.

Rien n’est fini, rien n’est joué. Vous les joueurs du CABCL, croyez en vous, parce que la majorité d’entre nous croit en vous. Retrouvez l’audace, tentez des choses, jouez libérés. On fait la route ensemble, quoi qu’il advienne.

 

Sébastien Vidal, Chroniqueur
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