Dr Jekyll et Mr Hyde, voilà ce qu'est le CAB, une équipe de tout, en bien comme en mal. Après la claque agenaise, les joueurs devaient réagir et ils l'ont fait. Pourquoi, comment ? Eux ont la réponse. Le début d'incendie est éteint, passons à la suite.
Bon, d’accord. Agen c’est notre bête noire, notre bête du Gévaudan. Mais un LOU ce n’est pas mal non plus. Et du souci nous avions de bonnes raisons de nous en faire. Lyon c’est costaud, deuxième du championnat, plusieurs fois en tête depuis le début de la saison, ça ne rigole pas chez les Gones, même sans Carlos. CAB-LOU c’était la grosse côte pour qui misait sur les zèbres. En ce qui me concerne j’y croyais. J’y croyais parce que depuis des années le CAB c’est ça, désillusion contre les faibles équipes au pire moment et exploit contre les meilleurs. C’est presque devenu une règle. Et puis il faut dire que les gars n’avaient pas le choix, perdre c’était se mettre dans une situation gravissime.
7 jours d’écart et deux résultats opposés. Le mystère reste entier. Après tout, nous n’avons pas besoin de tout comprendre, surtout quand ça gagne. On ne peut même pas dire que ça vient des joueurs parce qu’à deux près, c’est la même équipe qui a joué. Les spécialistes peuvent bien chercher les causes, disséquer les images, interpréter la gestuelle et analyser tout ce qu’ils veulent, ils ne trouveront pas la réponse. Le pourquoi on perd à la maison contre le dernier et pourquoi 7 nuits plus tard on gagne au zébrium contre le dauphin. Evidemment, un dauphin ça fait moins peur qu’un LOU. Mais ça fait flipper le dauphin.
N’empêche. La semaine a dû être longue pour les joueurs cabistes. La baffe des pruneaux rougissait encore les joues, les vilains sifflets devaient encore résonner dans leurs têtes, sans parler du regret d’avoir loupé une occasion en or massif. Travailler là-dessus, repartir au charbon avec cet échec n’a pas dû être évident. La déception, la pluie de février qui n’en finit pas, l’infirmerie qui comptabilise plus de personnes que l’assemblée nationale de députés présents, l’ambiance morose, pas folichon tout cela.
Et puis le jour est venu, les projecteurs du stadium Amédée Domenech braqués sur le pré hybride, les caméras de Canal, les supporters, l’enjeu, la trouille. Elle n’est pas restée longtemps la trouille. Ça a été vite plié. Joris a lancé trois jurons et l’affaire était dans le sac. La même équipe, les mêmes joueurs aux mêmes postes, les maillots identiques, les tribunes Europe et Pébeyre et sud, tout pareil, mais tout avait changé. Le sport et sa légendaire incertitude. Cette victoire a dû faire bien plaisir au Bison, là-bas, dans les Landes. Le bandeau, il n’y a que lui qui le porte bien. Contre les agenais, ses potes devaient l’avoir sur les yeux, ce qui expliquerait pas mal de choses.
Evidemment, certains médias ont voulu raconter que c’était surtout le LOU qui n’avait pas été bon. On connait la musique. À chaque fois qu’un gros tombe à Brive, c’est comme ça. La réalité c’est que les zèbres ont planté trois banderilles en première mi-temps, que son buteur a assuré à 100%, que le huit de devant a toujours avancé et que la charnière était remarquablement huilée. Le LOU a été étouffé, coincé, repoussé dans sa tanière. Les visiteurs attaquaient et prenaient des petits bouchons de la défense locale. À l’heure des citrons, les carottes étaient déjà bien cuites. Au retour sur le pré, les lyonnais ont fait de leur mieux, ils nous ont effacé le bonus offensif sur lequel nous n’aurions pas craché. Mais personne n’a tremblé, tout un stade serein, qui a savouré une samedi soir sur l’herbe dans la quiétude du dernier jour de février. Du bel ouvrage.
Maintenant il faut gagner au Stade Français, sur ce que l’on a vu samedi, sur le potentiel, c’est possible. En plus, le SF, c’est notre bête rose, on s’y plait souvent à ferrailler avec les parigots, et Paris c’est gavé de corréziens.
Il reste neuf matchs et nous sommes pas mal du tout. Grrrr ce faux pas contre Agen… Allez les gars, faites-nous la même, dans l’envie et le sérieux, avec ce plaisir à jouer qu’on vous a vu. Faudra quand-même se méfier d’un joueur insaisissable, il s’appelle Covid-19. Il doit être d’origine lettone avec un nom pareil. Il porte le numéro 19, comme la Corrèze. Il fait tellement peur que les matchs pourraient être annulés ou reportés. Balèze le mec.