Samedi, c'était le début de la saison en Top 14. Le jour où joueurs et supporters se retrouvaient sous la même barnière pour défendre le même idéal : le CAB. Sébastien était là aussi et ce qui est sûr, c'est qu'il n'a pas perdu sa plume durant l'été. Pour le meilleur et le pire. Samedi, on était plus proche de la seconde option que de la première.
Ah c’que ça fait du bien de poser son séant sur les sièges du zébrium.
Ah c’que ça fait du bien de revoir les potes, les figures.
Ah c’que ça fait du bien de crier « Ici, ici, c’est la Corrèze. (oui parce que dans mon jardin mon voisin me regarde bizarrement quand je le scande).
Ah c’que ça fait du bien de ressentir à nouveau cette ivresse légère, cette excitation qui émane du lieu et qui nous transperce.
Mais c’qu’on a eu chaud. Installé dans l’ombre salvatrice de la tribune Sud, j’observais avec empathie le public de la tribune Elie Pébeyre, tout simplement en train de griller sous les dards brûlants de l’orbe en fusion. Tous ces gens, qui agitaient des papiers pour se ventiler : oui, samedi, l’accessoire à la mode était sans aucun doute l’éventail improvisé.
Et juste après, le mouchoir, pour pleurer. L’inénarrable président Gilham avait déclaré dans les colonnes de La Montagne que le CAB souhaitait offrir un jeu attrayant. Le problème est qu’il n’a pas dit à partir de quand. Sans doute le fameux humour britannique.
L’espace d’un instant long de 80 minutes, j’ai cru revivre un match de la saison dernière. Ces occasions gâchées, ces fautes de mains (et ces fautes demain ?), ces cartons. On devrait jouer en jaune, pour annoncer la couleur. De toute façon, on a déjà plus les rayures historiques, parce que notre équipementier se croit tout permis et fait n’importe quoi avec notre passé et nos valeurs.
Pire, samedi, ce sont les rochelais qui portaient fièrement le noir, le blanc, et les rayures. Voilà donc des zèbres qui se présentent sur le pré à poil, dépourvus des rayures légendaires. Nous aurions dû y voir un signe funeste. D’ailleurs mon ami Louis me l’avait annoncé : « vous allez paumer samedi, tu verras ». Mon ami Louis est petit et dégarni, il a les yeux bleus, il fait plein de grimace quand il parle, une vraie pile électrique. D’ailleurs depuis samedi je l’appelle Louis de Funeste.
Bon les amis, entre nous, rien qu’entre nous, on le sentait moyen ce match, pas vrai ? On ne va pas se mentir, au vu de la compo on a nourri des doutes. Pas de Herjean, pourtant si en jambe lors des matchs amicaux. Quelle idée de faire débuter Sisa, un joueur de 37 ans par cette canicule. Ceci dit il a souffert mais jamais renoncé. Pas de Ugalde au départ, alors qu’il semblait posséder les clés de la bétonnière. Pas de Lobzanidze au poste 9, lui qui connait mieux l’équipe que ses deux potes néo brivistes. Toujours la même paire de centres aussi complémentaires qu’un supporter muet et un autre aveugle. L’un ne sait pas quand il faut crier et l’autre sait mais ne peut pas faire de bruit. En face, moins frileux, Collazo n’hésitait pas à faire jouer ses jeunes.
Bref, avant le match, en tribune, c’était pas fait.
Tandis que le public cuisait lentement mais sûrement, les zèbres corréziens faisaient l’étalage de leur impuissance. Pas faute de volonté, pas faute d’essayer, pas faute de se battre, non. Plutôt faute d’un plan, d’une stratégie. Au fait, c’était quoi le plan ? Se faire des passes en espérant qu’à un moment il y ait un trou dans la défense ? Qu’un rochelais s’arrête pour se passer de la pommade indice 50 ? Faut croire. Etre un rugbyman et partir au combat sans connaître la stratégie du coach, ça ne doit pas être facile à vivre. Peut-être que le plan était resté dans les vestiaires ; ou alors le coach en chef s’était assis dessus par mégarde et il s’est baladé tout le match avec le papelard collé aux fesses. Comment le blâmer, que celui qui regarde toujours où il pose son cul lui jette la première chaise.
Tandis que l’arbitre Ruizelant de sueur faisait joujou avec la vidéo, le coujou, dans les gradins, continuait de cuire à l’étouffé. Mais ça cuisait aussi sur le pré, et ça c’était inquiétant. Le poulet boucané c’est excellent, en revanche, pour le zèbre, j’ai des doutes.
Il y avait un truc évident samedi. Nicolas Bezy jouait à côté de ses pompes. On ne peut pas lui en tenir rigueur. Nous avons tous des moments de faiblesse ; en tant que supporter, nous passons parfois au travers sans que l’on puisse se l’expliquer. Mais pourquoi avoir attendu 55 minutes pour le remplacer ? Pour être sûr ? Ben là on est sûr. On avait beau avoir Lapeyre sur la feuille de match et titulaire, on ne devait pas avoir le bon modèle de charnière. C’est rageant, vu que le catalogue chez eux est assez étoffé. Lequel Lapeyre s’est montré très combatif, toujours de l’avant, toujours prêt à donner un coup de main, et même de pied si besoin. Et l’arbitre, qui a été correct, qui commet deux fautes Ruizible en oubliant une touche rochelaise pas droite qui mène à un essai maritime et un en-avant de Lacroix dans ses 22. Bon, ça n’aurait sans doute rien changé, mais ça file des regrets. Et les regrets, ça revient vous chagriner en plein milieu de la nuit…
C’est ballot. Nos joueurs se sont montrés très disciplinés par rapport au respect des règles de jeu, cela fait grand plaisir. Mais tout a été gâché par la discipline comportementale. Je crois que, vu la tête amère qu’ils affichaient tous, la leçon est retenue.
La Rochelle n’a pas été génial, mais très opportuniste. Ce n’est pas interdit. Deux essais un peu casquette et un autre qui fut une véritable leçon d’attaque. Environ dix fois plus rapide que nous autres, les zèbres sans rayures.
Sinon vous ne les avez pas trouvés un peu cuits nos gars ? Des déplacements offensifs à deux à l’heure, sans profondeur. Pas encore récupéré de la préparation d’avant saison ? Possible.
Bon, on ne va pas jeter le CAbébé avec l’eau du bain. Il existe des raisons d’espérer. Notre mêlée fait honneur, notre touche aussi. Le respect des règles, je l’ai déjà dit. Lapeyre, vraie alternative à Gaëtan Germain. Florian Cazenave de retour au haut niveau, en France. Ça a dû être un sacré moment pour lui. Bienvenue mec !
Allez, samedi prochain on bouffe du Gone, c’est dit. Faudra bien vérifier qui emporte le document sur lequel est inscrit le plan. Faudra peut-être aussi un plan B, au cas où.
Au fait les amis, ça fait du bien de vous retrouver. Allez le CAB.