Le CAB prend 5 points face aux canaris de Carcassonne et les envoie dans les étoiles. On est maintenant qualifié pour les phases finales et ça c'est le principal en attendant la suite.
C’est à 18h30 qu’on est arrivé au stadium. Déjà beaucoup de supporters étaient là. Il flottait dans ce Stadium un mélange de tristesse et d’excitation d’avant match. On va au Café des Monédières, comme d’habitude, pour la traditionnelle bière d’avant-match et de suite on sent qu’il manque quelque chose. Les supporters sont là, les stands aussi. Qu’est-ce qu’il y a de moins que d’habitude ? Et d’un coup, nos yeux se fixent sur le coin droit du café : pas de Fan-Zone Kid Andros. On ne le verra plus venir prendre des photos avec des enfants jouant avec quelques joueurs. On discute entre supporters devant notre bière, tout le monde voit 5 points ce soir. Non pas parce que l’équipe de Carcassonne est presque en totalité constituée de JIFF, mais parce que ce soir on doit gagner ! Gagner avec 5 points !
On regagne nos places en tribunes et l’ambiance est festive, les joueurs sont rentrés se changer et une musique Hard-Rock enflamme le Stadium. Ca y est, ils sont là. Les joueurs entrent sur la pelouse d'Amédée Domenech et la musique s’arrête. Le moment qu’on redoute et qu’on attend est arrivé. Les joueurs se sont regroupés et on entend une voix prendre la parole.
Simon Gillham nous parle de celui dont la photo est apparue sur l’écran géant et qui nous a quitté brutalement en début de semaine. Sa voix est pleine d’émotion, lui qui sait, pourtant, parler en public et il demande pour François, « Graff » pour les intimes, une minute d’applaudissements. Des frissons nous parcourent tout le corps, la gorge est serrée. On le regarde tout en applaudissant, on regarde son sourire et sa gentillesse.
Le coup d’envoi est donné. Pourtant, on est toujours dans l’émotion. Ce soir on doit gagner, pour le CAB et pour François. Pas facile pour nos joueurs de se mettre directement dans le jeu, mais comme on dit « The show must go on ». Là, alors que le match bat son plein, on pense à Edith Piaf, qui a fait son tour de chant, alors qu’on venait juste de lui annoncer la mort de Marcel Cerdan, l’amour de sa vie. Oui, The show must go on et on va les avoir ces 5 points. Même si c’est Carcassonne qui marque en premier par une pénalité à la 13ème, on sait que nous allons gagner !
Maintenant, il est temps les gars, il faut y aller. C’est Otar Giorgadze qui sonne la révolte à la 20ème minute. Ca y est, c’est parti, on le sait. Bizarre comme sensation. Jamais on a été aussi certain que ce match, on allait le gagner et par la grande porte. Et voilà, essai de Victor Lebas, nos yeux regardent le ciel, et de un ! Transformation réussie pour Thomas Laranjeira (7-3, 24’). Et ce n’est pas fini. Après, Axel Muller marque le 2ème essai, transformation entre les perches (12-3, 28’). Là encore, nos yeux regardent le ciel.
Les audois essaient de mettre un peu d’intensité, mais les brivistes savent ce qu’ils ont à faire et c’est Victor Lebas qui double avec un 3ème essai transformé (19-3, 37’). On l’a notre bonus offensif. Ce n’est pas de la joie, c’est de la satisfaction. Ce soir, les joueurs ne veulent pas décevoir leur public mais veulent aussi rendre un hommage à leur ami.
C’est la pause. On entend « Il ne faut pas qu’ils fassent comme contre Mont-de-Marsan ». Non, cette fois c’est différent. Pas parce qu'il y a des JIFF donc des jeunes en face mais parce que c’est le soir.
Le match reprend à peine que Stuart Olding fait parler de lui. En résistant à deux défenseurs audois, il va aplatir derrière la ligne. Bien sûr comme pour les autres essais, on applaudit, on chante le CAB pourtant nos yeux regardent encore le ciel pour ce 4ème essai (26-3, 41’).
Les audois essaient de résister du mieux qu’ils peuvent mais encore une fois, sur une percée spectaculaire de Franck Romanet, Seva Galala récupère le ballon et va inscrire le 5ème essai briviste de la soirée, transformé par Laranjeira (33-3, 50’). Là c’est un mélange de joie, de bonheur, avec 5 essais, on les a nos 5 points, c’est sûr ! A peine le temps de savourer cet essai qu’une grande satisfaction entre sur la pelouse : Alban Ramette va jouer son 1er match en équipe pro. C’est beau, c’est le rugby, c’est le CAB !
Pourtant, pour ceux qui disaient que les JIFF de Carcassonne c’était facile, ils ont bien failli avaler leur langue quand Raynaud marque le 1er essai audois, transformé par Anon (33-10, 53’). On est à l’abri avec des essais d’avance et c’est avec sérénité qu’on prend cet essai, qui faut bien le dire, montre bien qu'il y a du répondant chez Carcassonne. Changement à Brive, le banc commence à entrer et suite à une pénaltouche, trouvée par Stuart Olding, Otar Giorgadze, le puissant géorgien inscrit le 6ème essai, à la conclusion d’un ballon porté. On se lève, la joie est totalement revenue, elle était simplement cachée derrière cette tristesse. Olding transforme puisque Thomas Laranjeira est sorti (40-10, 63’). Mais nos yeux regardent toujours ce ciel. Ce ciel noir, dont on ne voit pas les étoiles à cause de l’éclairage du Stadium.
Félix Le Bourhis qui avait déclaré : « On va faire notre métier, on ne compte pas décevoir les gens qui viennent nous voir au stade et on compte faire un bon match pour le souvenir, pour pas que ce soit une semaine hyper noire encore plus » va faire ce qu’il avait dit en réalisant un doublé, le premier avec un contre et le deuxième, suite à une interception et qui va, solitaire, déposer le ballon entre les perches, doucement…. Comme pour dire, « Celui-là, il est pour toi ! » Les deux essais ayant été transformés, le score s’envole et nous aussi (54-10, 75’).
Mais les audois vont terminer ce match avec un joli jeu de passes que termine Lorenzon en marquant le 2ème essai audois, transformé par Anon (54-17, 78’).
Les 2 dernières minutes passent très vite et c’est la sirène. Celle-ci nous résonne dans tout le corps. Oui, on l’a notre bonus offensif, on la garde notre 2ème place et on t’a fait honneur ce soir, François.
Du stadium, on a l’impression pendant le tour d’honneur des joueurs, qu’ils nous saluent nous et qu’ils ont aussi les yeux dans le ciel.
5 points, comme si 5 étoiles s’étaient envolées dans le ciel.