Top 14 Brive - Racing 92 : analyse du match

Il y avait de la motivation et de l'envie avant cette rencontre. Mais ça, c'était avant. Rapidement, le public a compris que le Racing 92 n'était pas venu distribuer les cadeaux de Noël au CAB. Comme à l'école, les leçons sont dures à apprendre mais elles permettent de progresser. Aux brivistes de retirer du positif de cette défaite face à un grand Racing.

Les points positifs

Par séquence. Par séquences, Brive a posé des problèmes au Racing. Si le pack a souffert collectivement face à son homologue, les 3/4 ont réussi à trouver des brèches. Des joueurs comme Axel Muller, Joris Jurand, Nico Lee et Rory Scholes ont réussi à déchirer la défense du Racing 92 très souvent bien en place mais qui a laissé quelques brèches à l'image du premier essai. Jurand monte bien sur le coup d'envoi, Nico Lee parvient à mettre tout le monde dans l'avancée et Mesake Doge nous fait une course digne d'un ailier pour un très bel essai. En début de seconde période, il y a un beau débordement le long de la ligne de touche que Thomas Laranjeira ne peut conclure. Brive a lutté avec ses armes, a posé des problèmes, a réussi à inscrire deux essais au Racing (l'essai de Doge était le premier encaissé à l'extérieur par le Racing depuis le déplacement à Toulon) mais au bout du compte, c'était insuffisant face à ce Racing 92 là. Cela aurait pu passer dans d'autres circonstances mais pas ce samedi.

La présence de Superman n'a pas suffi au CAB pour battre le Racing 92

La lutte pour le maintien. Si certains voulaient se persuader qu'avec une victoire pour boucler 2019, il y avait moyen de viser autre chose que le maintien, au moins là, on est réglé, Brive va jouer le maintien, comme c'était prévu en début de saison. Même si cette défaite à domicile fait mal, elle n'est pas forcément catastrophique au vu des résultats des autres équipes engagées dans la course au maintien. Pau s'est incliné à domicile face à Bordeaux, sauvant le bonus défensif. C'était la seule équipe avec Brive à recevoir. Bayonne et Agen n'ont pas résisté à Lyon et La Rochelle. Castres est bien revenu à Clermont mais rentre bredouille. Finalement, la bonne opération est pour le Stade Français qui ramène un nul de Montpellier. Une piste à suivre pour le CAB.

Les points négatifs

Une différence de niveau. Brive et le Racing 92 n'ont pas évolué dans le même championnat samedi. L'un était un promu, l'autre était un participant à la Champions Cup. Si Brive a réalisé des exploits personnels pour avancer, le Racing s'est appuyé sur son collectif. Le plan de jeu a été respecté et les racingmen n'ont jamais douté. Dès qu'avait sonné la révolte briviste, elle était matée immédiatement et les racingmen accéléraient quand ils le voulaient, tout en faisant mal à chaque fois. Plus de puissance, plus de technique, plus de vitesse, plus de qualité. Même avec une semaine complète d'entrainement, cela n'aurait pas changé la donne. Avec le retour des internationaux, les cadors montent en régime, bien aidés par la Champions Cup. Brive a profité d'un calendrier généreux avec 3 grosses écuries reçues pendant la coupe du monde mais il en restait quelques une après dont le Racing 92. Rapidement, le public a compris que l'invincibilité à domicile ne tenait qu'à un fil et le fil s'est rompu dès la pause.

4 essais et 29 points en 1 période pour le Racing 92 : propre et efficace

Le jeu au pied. Face à ce genre d'équipes, il faut être précis dans toutes les phases de jeu. Avant de mettre leur jeu en place, elles vont s'appuyer sur la défense et le jeu au pied. A ce petit jeu-là, le Racing 92 a gagné l'occupation du terrain. Finn Russel, Teddy Iribaren et Brice Dulin ont parfaitement joué dans le dos de la défense briviste, tout en trouvant de très belles touches. Brive a eu du déchet avec du jeu au pied qui restait sur le terrain ou qui manquait de longueur. Pourtant, avec Thomas Laranjeira, Joris Jurand, Stuart Olding et d'autres, il y a ce qu'il faut dans l'effectif briviste pour avoir un bon jeu au pied. Mais l'exécution n'est pas optimale. C'est une phase de jeu qui peut vous enlever une bonne grosse épine dans le pied quand vous êtes moins bien dans une rencontre.

L'entame de match. Où sont passées les entames de match tonitruantes du début de saison ? En début de saison et spécialement à domicile, Brive attaquait les rencontres pied au plancher et prenait la tête au tableau d'affichage. Le break était rapidement fait et cela permettait de laisser venir l'adversaire pour mieux le contrer. Mais depuis le déplacement à Castres, c'est le contraire qui se produit. Le CAB manque ses entames et grosso modo ses premières périodes et se retrouvent alors à devoir courir après le score. Les avertissements se succèdent mais rien n'y fait : Brive ne retrouve plus la potion magique. Brive est moins bien depuis plusieurs semaines et les quelques résultats positifs (bonus à Castres, victoire miraculeuse contre Paris, nul à Bayonne) ne doivent pas faire oublier que le CAB peine à trouver un second souffle après le bon début de saison pendant la coupe du monde.

En conclusion

Compte tenu des duels des adversaires du CAB, une victoire face au Racing aurait permis de faire un break. Mais encore fallait-il tomber sur un Racing 92 à portée de fusil, pas sur un Racing 92 en mode "Champions Cup". Il n'y avait rien à faire face à la maestria d'un Finn Russell, la puissance d'un pack très complet et les jambes d'arrières auteurs de 3 essais. Le public briviste peut être dur mais lui aussi, comme son équipe, a pris un coup sur la tête dès le premier quart d'heure. Il faut reconnaitre quand l'adversaire est meilleur. C'était le cas samedi : le Racing 92 est bien meilleur que Brive et n'est pas pour rien la meilleure équipe à l'extérieur du Top 14.