Après ce week-end, on connait les équipes qui seront en Top 14 et en Pro D2 la saison prochaine. Malheureusement, Brive évouluera en Pro D2. Cette descente fait mal et la plaie va demander du temps à se cicatriser. Mais cette descente est tout sauf du hasard. Certains aspects ont été rédhibitoires.
Les chiffres, on peut leur faire dire tout ce qu'on veut. Mais en y regardant de plus près, certaines caractéristiques ont été fatales au CAB cette saison. En améliorant ces aspects, Brive serait en Top 14 et avec un effectif bien différent. Malheureusement, la saison prochaine ne se passera pas avec les fastes du Top 14.
Les blessures
Cela a été le fil rouge de la saison. Rien n'a été épargné au CAB pendant toute la saison et les brivistes qui ne sont pas passés par la case infirmerie se comptent sur le doigt d'une main. La préparation n'avait pas commencé que l'infirmerie possédait déjà des joueurs blessés de la saison dernière. Mitch Lees ne reprendra jamais sa carrière tandis que Hayden Thompson-Stringer, Retief Marais et Saïd Hirèche en auront jusqu'au mois de novembre (sans que leurs absences soient compensées par des recrutements). A partir de la première journée, il ne se passe pas un match sans que les blessés affluent à l'infirmerie. A un moment, près de la moitié de l'effectif se situe à l'infirmerie, Brive va évoluer sur la majorité du premier bloc avec seulement 4 troisièmes lignes valides. Les blessures ont souvent été longues, plus longues qu'espérées sur de nombreux joueurs. A partir du moment où certains joueurs sont sortis de l'infirmerie et que le groupe retrouve un peu de profondeur, cela va un peu mieux au niveau des résultats. Mais voilà, à trop tirer sur la corde, elle lâche. Au moment de commencer, l'effectif manquait d'hommes alors si vous rajoutez un nombre de blessures important, votre effectif se retrouve en souffrance. On pourra se poser des questions sur le suivi médical, la préparation physique, la remise en forme ... Quand on compare le CAB aux autres équipes, on sent une équipe qui n'a jamais été prête à relever le défi du Top 14 sur la durée.
Le bilan à domicile
Avec un tel bilan, il est impossible de se maintenir et même Brive ne mérite pas de se maintenir. Brive a réalisé le pire bilan à domicile de son histoire avec seulement 4 victoires à domicile en 13 matchs. Si on compare le bilan comptable entre les deux dernières saisons, Brive a perdu 17 points. En 2021/2022, le bilan était correct mais sans plus (40 points, 8 victoires, 1 nul et 4 défaites). Un bon bilan s'obtient avec 10 victoires et lors de cette saison, huit équipes ont ce bilan ou un bilan supérieur. Une saison plus tard, elles sont dix à franchir ce cap. Par rapport à Pau qui a obtenu le même bilan que le Brive de la saison dernière, il y a 18 points de retard. Il ne sert à rien d'avoir fait des grandes études pour comprendre qu'avec un bilan normal de 9-10 victoires, le CAB est maintenu, sans même passer par la case barrage. Maintenant, il faut arriver à comprendre pourquoi Brive a joué ainsi à domicile et s'est montré si fragile dans son stade. Mis à part Toulouse et à la rigueur Lyon pour l'ouverture de la saison, toutes les autres équipes étaient prenables durant la saison et pas vraiment en confiance au moment de venir jouer à Brive. Le CAB fait partie des équipes avec le plus de points de bonus pris (7) mais surtout celle qui a pris uniquement des bonus défensifs. A la fois près de son adversaire pour prendre le bonus mais à la fois loin pour ne pas gagner le match. Où est passée l'équipe qui enchainait les saisons à 11 victoires à domicile ? Où est l'équipe qui imposait son tempo et son jeu à l'adversaire ? Brive ne retrouvera le Top 14 et ne se maintiendra en Top 14 qu'en étant de nouveau impérial à domicile.
Le jeu
Quand une bonne partie des équipes ont compris le changement des règles et le développement d'un jeu de mouvement, il semble que Brive soit resté figé dans le passé. Perpignan s'est sauvé en jouant et les matchs de barrages ont montré un jeu ouvert, avec du mouvement et du physique pour tenir ce rythme et cette intensité. En gros, tout ce qui fait défaut au CAB depuis plusieurs saisons. Brive peine à tenir un rythme élevé sur plusieurs temps de jeu, passe trop souvent au sol et à partir de là, la défense adverse prend le dessus. Quand on regarde à nouveau les chiffres des deux dernières saisons, Brive est dans les dernières places du classement de l'attaque, assez loin du train du Top 14 qui a réussi à s'adapter et qui montre la voie à suivre. En 2021/2022, dix équipes sont dans la catégorie "22 points de moyenne ou plus". Le Stade Français est juste derrière mais trois équipes n'ont pas marqué 500 points sur la saison : Perpignan, Brive et Biarritz. Le constat est encore pire au niveau des essais marqués. Brive est la pire équipe avec 44 essais. La tendance dans le championnat est 55 essais environ (8 équipes au dessus, 6 en dessous). La saison 2022/2023 n'a pas amélioré le paysage. Tout le monde a franchi la barre des 500 points marqués sauf ... Brive (440). Trois équipes seulement ont marqué moins de 22 points de moyenne (Brive, Perpignan et Castres). Avec 5 points de moyenne en moins par match, le CAB laisse donc passer de nombreuses victoires cette saison. Ces 5 points correspondent à un essai et là aussi, le constat fait mal. Brive (41) et Castres (43) ferment la porte avec trois autres équipes en dessous de la barre des 60 essais (Bordeaux à 53, Perpignan à 54 et Bayonne à 57). Brive ne peut se permettre de pratiquer un tel jeu pendant plusieurs saisons. Brive doit prendre au plus vite le virage moderne que demande le rugby et arrêter d'être figé dans le passé.
Conclusion
Brive est de retour en Pro D2, l'équipe est démantelée et perd ses meilleures éléments et le divorce semble consommé avec le public. Cette relégation doit servir d'électrochoc au club qui doit désormais vivre dans le présent et mettre de côté le passé. Cette équipe n'est pas préparée pour répondre aux exigences qu'impose le Top 14, en terme de physique, de vitesse, d'intensité et de jeu. Brive doit faire plusieurs pas en avant pour combler le retard pris car il ne faut pas se voiler la face : la Pro D2 proposera un défi tout aussi dur que le Top 14. Est ce que le staff est capable de mettre en place ces changements ? Est ce que ce qui reste du précédent effectif est capable de passer ce cap ? Est ce que les renforts seront capables de tirer vers le haut l'équipe ? On aura nos réponses durant la saison qui risque être une année de transition. Si cela ne marche pas, il ne faudra pas avoir peur de s'orienter vers des hommes au jeu, aux idées plus modernes.
Image : Rugby+