Derrière les poteaux : entre pages et crampons #12
Publié le mardi 8 novembre 2016 à 05:00

Brive était au centre de l'actualité ce samedi. L'actualité sportive tout d'abord avec la réception de Bayonne qui fait suite à la défaite contre Clermont. Le CA Brive doit repartir de l'avant. Mais l'actualité littéraire était également présente avec la traditionnelle foire du livre. Entre les livres ou le ballon, pour certains il a fallu faire un choix. Ou pas comme Sébastien Vidal qui partage son temps entre ses deux passions.

Le CA Brive s'apprête à disputer une mêlée importante à quelques mètres de l'en-but de l'Aviron Bayonnais

C’était un samedi pas comme les autres. Un samedi unique, un jour qui ne revient se poser sur la Corrèze qu’une seule fois par an. Le samedi de la foire du livre de Brive. Et cette manifestation de dimension nationale (tout simplement la première en chiffre d’affaire et la seconde en affluence derrière celle de Paris) se télescopait avec une rencontre de Top 14 ; en d’autres termes, samedi dernier, Brive brillait par les deux choses pour lesquelles la cité Gaillarde est reconnue dans toute la France, la littérature et le rugby.

Tandis que les auteurs et écrivains au bord de la crampe du poignet rivalisaient de dédicaces inspirées, l’un d’entre eux, l’immense Jean Teulé (auteur des fameux romans Le montespan, Charly 9, Darling, Mangez-le si vous voulez etc …) décochait un coup de pied pour donner le coup d’envoi du match CAB/Bayonne. Ce grand échalas qui aurait pu faire un bon deuxième ligne avec son double mètre, s’effaça ensuite avec la discrétion qui sied à un romancier talentueux qui s’improvise ouvreur d’un soir.

De la plume au rugby il n’y a qu’un pas et il faut bien reconnaître que nos amis bayonnais sont de drôles d’oiseaux. Malgré un début de rencontre phagocyté par des zèbres régénérés, malgré un essai magnifique accouché par la ligne de trois-quarts briviste ; un essai justement refusé pour un en-avant de passe, ces satanés visiteurs nous collaient aux basques (oui je sais, c’était facile, mais je n’ai pas pu m’en empêcher). Et puis soudain, comme un rebondissement dans un excellent polar, nous joueurs se mettent à déjouer et à échapper tout un tas de ballons. Même le capitaine Crochet aurait mieux saisi ces ballons qui constituaient presque tous des occasions d’essai. A l’heure des citrons le suspense restait entier, comme au milieu d’un bon thriller. Le postérieur posé sur mon siège glacé, j’en venais à me demander si nos valeureux zèbres allaient nous concocter une fin épique digne des meilleurs romans de Franck Thilliez ou du corrézien Anthony Signol. Allions-nous serrer les fesses ou serrer les rangs ? Puis je me rassurais en me disant que les sardines aussi, étaient serrées, entre l’huile et les aromates …

Autour, dans la tribune Sud, les visages sont mitigés mais pas vraiment inquiets. Il est vrai que notre banc offre un beau potentiel et que l’Aviron ne peut pas en dire autant. Pendant que nous dissertons sur la suite du match, j’imaginais l’amiral Godignon en train d’haranguer ses troupes, de les sermonner aussi certainement. Et puis j’entendais presque Arnaud Méla, bien plus effrayant pour les adversaires que l’ennemi intime de Peter Pan, en bon capitaine, en train de préparer l’abordage pour envoyer par le fond l’aviron (oui, désolé, je n’ai encore pas pu m’en empêcher).

Pendant que le CAB fourbissait ses armes dans le secret du vestiaire, les Trois cafés gourmands, un groupe du coin comme on dit, enflammaient la mi-temps et le stadium/zébrium avec leur chanson phare qui pourrait faire un bien bel hymne cabiste.

Au retour, quand les joueurs foulent à nouveau la pelouse sacrée, nous recevons la confirmation de nos espoirs. Les zèbres ont reçu une bonne dose d’adresse en cathéter, les ballons tiennent bien dans les mains et ça file sur les ailes. Mais pas question de lire dans notre jeu comme dans un livre ouvert, un coup du jeu d’avants, un coup de l’occupation, un coup du jeu d’arrière, décidément ce CAB possède deux visages, une mi-temps terne, une mi-temps enjouée. Une valse en deux temps. Finalement, à l’issue d’une belle combinaison Guillaume Namy dédicace son retour en marquant un bel essai qui sonne le glas des espoirs des visiteurs. Le roman qui s’écrit sur le pré est une histoire qui va bien finir pour les corréziens, d’aucuns espèrent qu’il devienne un Best-seller. Et en ce week-end de foire du livre, notre arrière Gaétan Germain, excellent, ne pouvait que se montrer impeccable en couverture.

Avec ce démarrage à retardement, le CAB appliqué pendant quarante minutes écrit son histoire du jour avec panache mais sans bonus. Pour ne pas faire de jaloux celui-ci est aussi refusé aux bayonnais qui repartent bredouilles. Des mots pour les lecteurs sous la halle Georges Brassens, des maux au stadium pour Bayonne.

Le CAB reprend des couleurs et digère le passage des jaunards, c’est de nouveau l’heure des bières et le temps des fêtards. Concomitant à la foire du livre, voici venu le temps de la foire de l’ivre.

 

 

Article rédigé par Sébastien Vidal.

Sébastien Vidal est un écrivain corrézien, amateur de rugby et du CA Brive. Il est l'auteur de Un ballon sur le cœur. Si vous ne l'avez pas dans votre bibliothèque, n'hésitez pas à vous le procurer (cliquez sur le lien)

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Rémi Brazon, Rédacteur
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Classement Pro D2 Pts
1 Vannes 78
2 Béziers 76
 
7 Nevers 64
8 Brive 62
9 Colomiers 60
 
13 Soyaux-Angoulême 50
14 Biarritz 49
 
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Résultats Journée 27
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Soyaux-Angoulême 22 12 Brive
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