Amlin Cup - Challenge européen Bath Rugby - CA Brive : Bilan de cette Amlin Challenge Cup

Comme à chaque édition, Brive ne veut pas annoncer qu'il joue ce Challenge Européen. Mais comme à chaque fois, il atteint les phases finales en éliminant un club anglais en poule. Pourtant cette année, le deuxième club anglais qui se dressait devant l'équipe briviste n'était pas du même calibre que le CAB. Bath met fin au rêve européen de Brive mais la jeune classe briviste peut retenir de bons enseignements de cette compétition.

Cette défaite, synonyme d'élimination, à Bath met un point final à la campagne européenne du CAB version 2013/2014 commencée à l'automne en Italie à Calvisano. Ce n'est pas le même standing mais ce qui fait le charme de cette Amlin Challenge Cup. Brive peut ressortir de cette compétition une expérience positive mais également des points à travailler pour le futur.

Les points positifs

Parti sans objectifs établis dans ce tournoi (si ce n'est donner du temps à jeu à tout le monde), le CAB a réalisé une belle compétition en se qualifiant pour les phases finales. Des 8 qualifiés, il était le deuxième non-anglais (avec le Stade Français) à être présent en quarts pour contrer l'armada anglaise. Pour se qualifier, il a fallu aller chercher cette première place sur le terrain de Newcastle et au bout d'un effort défensif durant toute la partie, la jeune garde du CAB n'avait plus qu'à valider le ticket la semaine suivante contre Calvisano. A quelques secondes, à quelques points près, le quart de finale aurait pu se disputer en Corrèze mais les dieux du rugby en ont décidé autrement.

Ce Challenge sert traditionnellement à donner du temps à tout le monde que ce soit les Espoirs ou les joueurs en manque de temps de jeu en Top 14. En plus de leur offrir des minutes, ces matchs apportent un gain d'expérience pour de nombreux joueurs. Une expérience bénéfique pour le futur sur plusieurs points. Mal préparés à Calvisano, Brive a su revenir avec un match nul. Pris dans une bataille des rucks intense contre Bucarest, le CAB a accroché deux victoires importantes pour la suite de la compétition. Privés de ballons et sous la pression du résultat, les brivistes ont fait preuve de solidarité et d'envie pour aller arracher la victoire à Newcastle et se placer ainsi idéalement pour le gain de la poule la semaine suivante. Joué un quart de finale à l'extérieur n'est pas simple qui plus est contre une des meilleures équipes d'Angleterre qui vous prend au sérieux en envoyant une grosse équipe (pas l'équipe type mais presque). Malgré le score, l'expérience acquise durant ce match et cette compétition au sens large a été bénéfique pour tout le monde.

D'une équipe sans expérience de vie commune au début de la compétition, nous sommes arrivés à une belle équipe qui savait jouer ensemble, intelligemment. Même s'ils se côtoyaient en équipe Espoirs, les lancements de jeu ne sont pas les mêmes et l'opposition adverses est plus expérimentée. Mais au fil des parties, la cohésion grandissait et nous sommes arrivés à ce résultat : une qualification pour les quarts. La seule chose qu'on peut regretter est l'espace-temps entre la fin de la phase régulière et cette phase finale. Les rouages ont eu le temps de se rouiller et la fatigue de la saison a fait le reste.

Comme chaque année, le CAB se sert de cette compétition pour lancer ses Espoirs et ses joueurs pro en manque de temps de jeu en Top 14. On pourrait citer comme exemple Luafutu, Poirot ... Cette année, le Challenge a permis à certains joueurs de se relancer et à d'autres de se montrer. Absent lors des deux premiers blocs européens, Louis Acosta a montré sur les 3 matchs restants qu'il pouvait être mieux qu'une doublure (étant nommé homme du match contre Calvisano). Son compère en première ligne, Damien Lavergne, peut également espérer gratter quelques minutes en Top 14 après un bon challenge. Pour leurs premières apparitions dans le groupe pro, Victor Lebas et Yusuf Tuncer se sont montrés. Kieran Murphy et Fabien Laurent ont apporté leurs qualités de puissance, de technique et leur expérience à cette équipe. Derrière, des joueurs comme Baptiste Delage ont pu s'épanouir et Anderson Neisen a pu se montrer mais le plus bel exemple de réussite est celui de Thomas Laranjeira. En perte de confiance en fin de saison dernière, le Challenge l'a remis dans le droit de chemin de la confiance. Il termine meilleur buteur du club et montre désormais à chacune de ses sorties en équipe première qu'il faut compter avec lui pour cette saison et surtout pour les suivantes.

Capitaine des Espoirs, Victor Lebas a profité de ses apparitions européennes pour emmagasiner de l'expérience à haut niveau

Les points négatifs

Certes, Brive a terminé premier de poule et par la même occasion s'est qualifié pour les phases finales mais il y a un hic. Le CAB était le moins bon premier et a donc hérité du plus gros des morceaux : Bath. Au niveau points, il manque, pour un meilleur classement, les points perdus à Calvisano et au moins un bonus offensif contre Bucarest. Au niveau jeu, Brive a terminé ce Challenge en marquant seulement 12 essais. En 7 matchs, c'est très peu quand on regarde les bilans des autres qualifiés qui ont aisément franchi la barre des 20 essais. Les brivistes n'ont perdu qu'un match (pour 5 victoires et 1 nul), ont affiché une belle défense mais cela ressemble à un bilan mi-figue mi-raisin : au niveau comptable c'est bien mais au niveau stats on peut définitivement mieux faire.

Rien que sur le papier, l'écart entre Bath et Brive était grand. Quand Bath alignait un groupe de 23 joueurs dont une douzaine de titulaires réguliers, Brive décidait de faire confiance à son équipe "européenne". De cette équipe, environ huit joueurs jouent régulièrement en Top 14 cette saison. Le CAB n'a pas su se sortir de l'emprise initiale des anglais qui ont de suite pris le contrôle du score et imposé leur tempo. On ne sait jamais ce qui peut se passer en sport et au rugby mais une victoire corrézienne aurait été la grosse côte de l'année. Perdre est une chose mais prendre 40 points en est une autre surtout quand vous êtes une jeune équipe en manque d'expérience. Le score aurait pu (dû ?) être moins lourd mais c'est comme ça. Parfois ce sont ces expériences-ci qui vous font le plus progresser.

Thomas Laranjeira - Gavin Henson : le choc des générations

Que ce soit à Bath ou dans les autres matchs du Challenge, Brive a essayé de développer un jeu aéré, offensif. Mais entre le manque d'automatismes (au début), le manque de puissance et les pertes de balles, le réalisme n'a pas vraiment été au bout des actions. L'envie n'est pas à remettre en cause mais plutôt la réalisation. Soit les joueurs essayaient de faire trop bien (la passe de trop par exemple) soit ils se précipitaient. Lors du dernier match contre Calvisano, le bonus offensif est empoché mais combien d'essais ont été laissés en route ? Beaucoup trop. Lors de ce match à Bath, après l'orage initial, Brive a réagi en proposant de belles séquences mais ces séquences se sont invariablement arrêtées sur le mur défensif anglais qui, dès le ballon récupéré, décochait ses flèches vers le camp briviste. Une tactique que les All Blacks manient à la perfection. Avec sa jeunesse, Brive a des défauts et des qualités mais a surtout du temps pour transformer ces défauts en qualités.

En conclusion

7 matchs : 5 victoires, 1 nul et 1 défaite. Voici le bilan comptable du CAB en Amlin Challenge Cup cette saison. Une première place dans la poule de Newcastle, Bucarest et Calvisano et un quart de finale à disputer sur le terrain du quatrième du championnat anglais et meilleure équipe de la compétition : Bath. Pas mal pour une équipe sans ambitions et formée avec un mélange d'Espoirs et de joueurs qui jouent peu en Top 14. La campagne a été belle, a apporté son long de satisfactions (parcours, expérience, Laranjeira ...) et de déceptions (essais, élimination, quart à domicile ...). Comme l'a dit Didier Casadéï, certains points lui ont plu, d'autres beaucoup moins (certains joueurs n'ont pas apporté assez). Mais au final, comme d'habitude, Brive joue le jeu dans cette compétition et atteint au moins les quarts de finale. Qu'en sera-t-il l'année prochaine ? Attendons déjà de voir à quoi va ressembler la prochaine Coupe d'Europe.

Article rédigé par Rémi Brazon