Le résultat d'un match peut être analyser de plusieurs façons. On peut le faire à chaud, tout de suite après le match ou prendre un peu de temps pour bien analyser la chose. Le succès de Brive à Perpignan possède plusieurs lectures et au bout du compte, les trois sont valables et doivent permettre à l'équipe de travailler sur chacun des points.
L'aspect comptable
Sur ce coup, qu'importe la qualité de la rencontre, l'engagement, la solidarité, ce qui compte c'est le résultat final, le nombre de points obtenus. Après sa défaite inaugurale face à Lyon avec tout de même un bonus défensif, Brive était quelque peu sous pression avant de se rendre à Perpignan. La saison dernière, cela s'est très mal passé en déplacement y compris à Perpignan (et mis à part au Stade Français). Mais le CAB a réussi un match engagé et a su tirer son épingle du jeu pour repartir avec la victoire d'Aimé Giral, une victoire qui fuyait les brivistes depuis 51 ans. Mais en plus de ramener 4 points, les brivistes ramènent également le bonus offensif (totalement inespéré !) et ne laissent aucun point à ce concurrent direct qu'est l'USAP. A moins de faire n'importe quoi au match retour, Brive est bien positionné pour avoir l'avantage des points terrain avec Perpignan en cas d'égalité à l'issue de la 26e journée. C'est presque anecdotique mais avec cette victoire bonifiée, Brive fait un bon au classement et se hisse à la 3e place, derrière Toulouse et La Rochelle. Victoire à l'extérieur, chez un concurrent direct, bonus offensif, aucun point pour l'adversaire : l'affaire comptable est parfaite.
Force défensive et réalisme offensif
Pour s'imposer à l'extérieur, il faut souvent appliquer la même recette : discipline, défense, conquête et efficacité. Brive a réuni de nombreux points pour obtenir cette victoire. Durant 80 minutes, les brivistes ont fait preuve d'un engagement total en défense, plaquant à tour de bras, parvenant à plier mais sans rompre. Perpignan a beaucoup tenté mais est tombé sur un mur avec des piques bien pointues. L'USAP n'a pas réussi à prendre le dessus réellement en mêlée fermée et a connu un cauchemar en touche. Des joueurs comme Esteban Abadie et Sasha Gué vont hanter l'esprit de Seilala Lam pendant quelques jours. Certains ont été au four et au moulin et ont contribué à la fois en attaque et en défense. On peut évoquer pêle-mêle Tevita Ratuva, Abraham Papali'i, Vasil Lobzhanidze, Stuart Olding ou bien Sammy Arnold. Ca s'est jeté dans les jambes des perpignanais à chaque offensive, ça parvient à jouer debout et à faire jouer autour en attaque. Avec peu de munitions, Brive réussit finalement à marquer 3 essais et pas des essais à zéro ou une passe. Sur le premier essai, l'équipe cherche à y aller en force avant finalement d'écarter et de trouver la faille avec les 3/4. Sur le 2e, les avants jouent debout et se font des passes sans se retrouver au sol. Sur le 3e, deux avants jouent debout et offrent l'essai au demi de mêlée. Dernier point positif : l'apport des jeunes. Compte tenu des absents (blessures, sélection), Brive doit puiser dans son effectif et 4 jeunes faisaient partie du voyage : Wesley Tapueluelu, Nathan Fraissenon, Renger Van Eerten et Sasha Gué. Tapueluelu a tenu le choc en mêlée et en défense (oubliez le duel très difficile face à Ben Tameifuna la saison dernière), Van Eerten a pratiquement disputé l'intégralité de la rencontre (remplaçant Lucas Paulos à la 5e minute), s'est offert un essai et a donné de sa personne en défense, Gué est le jeune qui monte et propose une palette très large en 3e ligne, Fraissenon disputait son premier match en pro et a fait preuve de puissance sur chaque intervention.
Un match à oublier
On ne va pas tourner autour du pot : ce match va se classer parmi les pires de la saison, Top 14 et Pro D2 confondus. Peu de rythme, beaucoup de déchets, des mauvais choix tactiques et techniques ... Bref, une purge. Cela rappelle un peu le match qu'avait gagné Brive à Agen il y a deux ans. Dans ce match à Perpignan, si nous avons évoqué les problèmes de touche de Perpignan, Brive a aussi connu une touche défaillante avec beaucoup de lancers pas droits. A cause de cela, le CAB a perdu beaucoup de munitions et s'est retrouvé sous pression rapidement derrière. En attaque, depuis 2 matchs, Brive se montre réaliste en marquant des essais sur le peu d'offensives produites. Cela ne va pas durer à ce rythme jusqu'à la fin de la saison et la plus mauvaise attaque du Top 14 la saison dernière va devoir trouver des solutions pour être plus productive durant un match, quitte à perdre en efficacité. Attention à la discipline et à ne pas retomber dans les travers passés. Perpignan a bénéficié de nombreuses pénalités mais s'est enfermé dans son choix tactique de la pénaltouche, ce qui a finalement sauvé le CAB. Le carton jaune de Tevita Ratuva, pour une faute inutile, a bien failli coûter cher à son équipe mais là encore, Perpignan n'en a pas profité. Attention aussi aux erreurs techniques comme ce renvoi sur la ligne d'en-but qui s'est presque transformé en essai pour Perpignan. Par manque de concentration et d'analyse, le travail effectué par l'équipe pendant 70 minutes a failli être réduit à néant.
En conclusion
En évitant de renommer ce match de la 2e journée "match de la peur", cela aurait pu libérer les deux équipes et ainsi offrir un meilleur spectacle. Tout est loin d'être parfait du côté du CAB mais l'engagement et la solidarité ont été parfaits pendant 80 minutes et Brive décroche un succès à Aimé Giral, le premier depuis 51 ans. Le contre en touche poursuit sur la lancée de la saison dernière, les jeunes ont montré de belles choses, les cadres ont répondu présents et même si le score est peu élevé (6-17), le CAB parvient à inscrire 3 essais, bien construits en prime, pour s'offrir le bonus offensif sur les terres d'un concurrent direct. Brive reprend du moral et de l'énergie avant de recevoir Montpellier et casser cette spirale négative à domicile.
Images : Rugby+