L'annonce hier peu avant midi n'a laissé personne indifférent. Telle une déflagration, elle a été aussi brusque et soudaine qu'inattendue. La fusion entre le Racing et le Stade Français pour la saison prochaine ouvre un nouveau pan dans le rugby français et chacun a son avis sur la question. Surtout sur le volet sportif : quid de l'équité de cette fin de saison et l'avenir des joueurs, y compris les recrues des clubs en question.
Personne ne l'avait venu venir et ce lundi 13 mars est à marquer d'une pierre blanche. On a parlé de ça toute la journée et ce n'est pas fini (comme cet article au lendemain de l'annonce !). La fusion des deux clubs franciliens va impacter tous les clubs du Top 14. A Allezbriverugby, on s'occupe du CAB mais cette histoire nous préoccupe. Nous n'avons aucun parti pris (ni pro-Stade Français ni pro-Racing, juste pro-Brive !) mais nous aimerions soulever quelques points avec vous, chers supporters.
L'avenir des joueurs, le sort des recrues telles Teddy Iribaren
Cette fusion va laisser beaucoup de monde sur le carreau. Le discours des présidents se veut optimiste mais tous les joueurs (malheureusement) ne retrouveront pas de clubs. Si, comme au football, il y avait de vraies fenêtres de recrutement, les joueurs non conservés par le nouveau club pourraient retrouver plus facilement un club. Sauf qu'actuellement, les effectifs sont bouclés presque totalement. Il n'y aura pas de places pour tout le monde même si les clubs doivent depuis hier s'activer pour dénicher la bonne affaire. C'est un peu charognard mais l'occasion est trop belle pour ne pas en profiter. Mais si les joueurs actuels se posent beaucoup de questions, qu'en est-il des recrues ? Seront-elles conservées ? Adhèreront-elles au projet ? On peut se poser la question.
Nous ne sommes que le 14 mars et on a déjà des joueurs qui veulent se barrer des deux clubs. #Fusion pic.twitter.com/GESjWOxdpn
— Japon Rugby / 日本ラグビー (@Japonrugbynet) 14 mars 2017
Brive, à l'automne, a vu partir son demi de mêlée Teddy Iribaren du côté du Racing 92. La concurrence promettait d'être rude au poste de n°9, elle le sera encore plus avec les joueurs du Stade Français. Le staff (du Racing) devra faire des choix et des coupes dans l'effectif. Tout le monde ne sera pas conservé. Est ce que la possibilité de voir Teddy revenir à Brive existe ? Oui. Est ce que cela se fera ? Pas sûr. D'une part, le staff du Racing l'a recruté et il sera en charge de bâtir la nouvelle équipe donc Iribaren pourrait en faire partir. D'autre part, Brive a déjà recruté Samuel Marques et Florian Cazenave, le CAB est donc pourvu en demi de mêlée et pour réacueillir son demi de mêlée actuel, il devrait sacrifier une de ses deux recrues (ou prêter Lobzhanidze ou Delarue).
Iribaren avait signé avec le Racing, ira-t-il avec le club fusionné ?
La fin de la saison vraiment équitable ?
Les deux décideurs du projet tentent nous faire croire que c'est une fusion. Personne n'est dupe et tout le monde a bien compris que le Racing absorbait le Stade Français. D'ailleurs, actuellement, seuls les joueurs du Stade (actuels et passés) sont montés au créneau pour dénoncer cette fusion. En attendant les précisions de la LNR concernant les futures montées/descentes, la course au maintien est relancée avec Grenoble et Bayonne qui ont repris espoir. Le Stade Français (et ça peut se comprendre) n'aura pas vraiment le coeur à disputer toutes les rencontres à fond. Si Brive a déjà joué le Racing, le Stade Français, Grenoble et Bayonne, il se retrouvera impacté indirectement dans sa course au Top 8. Ses adversaires directs vont affronter les quatres équipes précédemment citées et les résultats risquent de ne pas être les mêmes si aucune fusion n'avait été annoncée. Nous allons souhaiter que le championnat reste le plus équitable possible mais cela parait compliqué. Difficile de jouer quand votre club va disparaitre et que vous ne vous reconnaissez pas dans la nouvelle entité.
Le rugby des grandes villes !
Il y a quelques années, certains consultants/spécialistes affirmaient à grand renfort de communication que le rugby moderne ne pourrait vivre que dans les grandes agglomérations. Il semble bien que le rugby de clocher, qui a fait la force du ruby français depuis plus d'un siècle, n'est pas mort et n'a pas dit son dernier mot. Le Top 14 (tout comme l'Aviva Championship, le championnat anglais) est un championnat qui s'est construit sur des rivalités ancestrales, des batailles de clocher. Les supporters se reconnaissent en ça et ils préféreront mourir avec leur club de toujours que supporter une province sans âme et sans histoire. Au football (le vieil ennemi de toujours, pourri par l'argent, blablabla !), une saison sans derby passionnés n'est pas une saison. Les clubs ont des histoires riches, faites de hauts et de bas, mais les supporters sont toujours là. A Lens, les supporters sont plus que tout attachés à leur club. Au basket, Limoges peut compter sur des supporters qui sont prêts à traverser toutes les tempêtes (y compris évoluer en Nationale 1).
Le rugby veut se créer une image qui n'est pas la sienne. Il veut s'inventer une histoire dans des lieux qu'il ne connait pas. L'histoire est au Racing et au Stade Français, pas dans l'entité commune. Les vrais supporters ne se reconnaitront pas dans cette équipe (malgré les comptes de Mr Lorenzetti). Le rugby est un sport de clocher, qu'on le veuille ou pas. Où est le rubgy à Marseille ? A Lille ? A Bordeaux, il n'est pas aussi flamboyant qu'espéré. A Toulouse, c'est la fin d'un cycle doré. A Lyon, il débute donc on va lui laisser le temps. Le plus marrant reste Paris. Comment est-il possible que dans une région comme l'Ile de France, deux clubs de rugby (détenus par des mécènes) ne peuvent pas vivre côte à côte ? Et après, on va s'étonner quand les "petits" clubs de province ont du mal à faire un gros budget ! Ils n'y arrivent pas mais s'appuient sur autre chose et ça marche (chiffres après 19 journées)
Idées reçues sur l'économie du Top14 :
— Aurélie Rougerien (@Aurel_Rougerien) 8 mars 2017
Les 4 plus grandes villes de France sont dans les 7 dernières du Top14 pic.twitter.com/XcqlDXsp5h
L'avenir nous dira qui avait raison. Est ce que la nouvelle entité dominera le Top 14 de façon durable ou peinera-t-elle à s'imposer ?
Actuellement, à Brive, nous aimerions bien avoir quelques millions en plus, quelques bons joueurs en plus mais nous allons laisser Simon Gillham construire l'avenir du CAB sereinement, sans une fusion à l'horizon, avec les supporters au coeur du projet.
Car un club ne pourra survivre qu'avec son histoire et ses supporters qui font le lien entre le passé, le présent et le futur.