Derrière les poteaux : Suspense #39
Publié le mercredi 9 mai 2018 à 06:00

Contre Bordeaux, Brive a dit adieu au Top 14. Une période d'incertitudes vient de commencer au CAB. Les joueurs et les supporters se posent des questions sur l'avenir. La seule chose dont on est sur est le nom du nouvel entraineur en chef. Pour le reste, c'est le flou intégral.

Le clap de fin est tombé sur le dernier clip de la saison régulière. Nous sommes en vacances, des vacances perturbées, troublées, avec en point de mire, une rentrée au niveau inférieur. Hier soir, sur ma boîte mail, j’ai reçu un message du service communication du CAB qui annonçait que Jeremy Davidson signait au club. Cela fait des jours que tout le monde le sait, il a été interviewé sur le sujet à l’issue de la rencontre CAB/UBB, et là, on vous envoie un mail comme si c’était un scoop « breaking news ! ». Encore une fois un grand moment de communication.

Evidemment, plus des arrivées, ce sont des départs que nombre d’entre nous attendent. Un président, un coach, ou deux, des trucs comme ça. Les joueurs attendent aussi de savoir avec qui ils vont devoir bosser pour décider ce qu’ils font. La direction fait semblant de ne pas voir que quasiment plus personne ne veut repartir sur le terrain d’entraînement avec la même ossature. Parce qu’il faut sauver le soldat Casadéi. Si, à première vue, on n’avait pas grand-chose à lui reprocher lors de la précédente descente en 2012, cette fois-ci les torts sont largement partagés, peut-être même plus qu’on le croit. La direction prend le risque énorme de voir partir des joueurs de premier plan parce qu’ils ne veulent pas recommencer avec l’intéressé. Dimanche dernier, nous avons eu une discussion intéressante avec Gérard B, membre du conseil d’administration, qui est intervenu sur Bréniges FM lors de l’émission Cabdeb dans laquelle j’étais invité. Celui-ci tenait à préciser que Didier Casadéi était un bon coach. Nous n’en doutons pas une seule seconde. Seulement parfois, le temps faisant son office, l’usure des années aidant, les compétences s’érodent sous le travail de sape de la terrible routine. Aujourd’hui l’homme n’apporte plus rien au club, il doit se renouveler, retrouver la créativité, et cela ne peut se faire qu’ailleurs. Depuis deux saisons nous ne faisons plus peur à personne devant. Et n’oublions pas l’adage anglais « no scrum no win », pas de mêlée pas de victoire. L’inefficacité est accentuée par des méthodes de copinage qui s’avèrent très nocives pour le club. À certains postes, quand on fait jouer les copains plutôt que les meilleurs on court à la catastrophe. Et cela ne rend service à personne. Le coach qui s’enferme dans un cercle vicieux, le club qui perd des matchs, les joueurs favorisés qui régressent car en manque de concurrence, les joueurs lésés qui se découragent car ils savent, sauf blessure, qu’ils ne joueront pas. Et ceux qui sont contactés par le club pour venir à Brive réfléchissent car ils connaissent la situation et se demandent s’ils ne prennent pas un gros risque en débarquant en Corrèze.

Le club détient la chance et la possibilité de mettre un grand coup de balai, de faire le deuil de ces mauvaises pratiques en même temps que du Top14. Malheureusement il semble que nos espoirs soient promis à la déception. Pas grand-chose ne semble devoir changer prochainement. Un nouveau directeur général va être nommé, dans l’espoir de faire oublier que Simon G est toujours là, bien accroché. Jeremy Davidson est un technicien très compétent et un homme capable, il a fait de grandes choses à Aurillac avec de minuscules moyens. Mais il est annoncé un peu comme l’arbre qui cache le désert, et surtout qui fait un peu oublier que le coach des avants est toujours en place.

Donc après les éternelles belles paroles de notre inénarrable président « nous devons reconstruire, il faut repartir sur autre chose », la réalité nous rattrape. La différence entre les paroles et les actes. La maison CAB s’est écroulée et on nous propose de reconstruire avec le même architecte et le contremaître qui avait coulé les fondations (les avants, la mêlée). Que croyez-vous qu’il va se passer ? En fait de reconstruction nous semblons partis pour une simple petite rénovation, un léger coup de peinture ici, un peu de vernis là, on change les rideaux et le papier peint et vogue la galère. C’est assez incroyable que les leçons n’aient pas été retenues. On continue d’ignorer les supporters, et on leur fait croire que tout va bien se passer avec la nouvelle équipe d’entraîneurs (qui est aux deux-tiers la même). Le nouveau manager est un excellent coach, mais il ne pourra pas faire de miracle. Sauf si on lui laisse carte blanche et qu’il peut choisir son staff. Avec lui comme manager et des coachs adjoints différents, je ne réfléchis pas deux secondes, je reprends mes abonnements. Mais malheureusement je crois que cela ne va pas arriver. Davidson peut faire de grandes choses, mais il met les deux pieds dans un panier de crabes, et j’ai peur pour lui. Déjà des divergences de vues entre lui et le coach des avants pointent le bout de leur nez, au sujet de certains joueurs que l’un veut conserver et que l’autre ne veut plus. C’est à ce genre de problèmes que l’on s’expose quand on impose un staff à un manager.

Mais peut-être que la semaine, telle une rivière tumultueuse et indocile, nous apportera des nouvelles et du nouveau. Un ancien candidat à la présidentielle avait fait campagne sur le thème « le changement c’est maintenant » ; au CAB le changement n’a pas l’air pour demain. De toute façon les promesses n’engagent que ceux qui les croient.

Je nourris de grandes inquiétudes pour mon club, pour votre club. Je crains un scénario catastrophe, un début de saison pourri par des désaccords, une saison préparatoire compliquée, un manager empêché de travailler comme il le veut, des Iznogoud qui œuvrent en arrière-plan pour le faire trébucher, un manager fusible destiné à protéger ceux qui l’ont nommé. Jeremy Davidson est un homme de caractère en recherche d’un nouveau challenge. J’ai des amis dans le Cantal, des connaissances à Aurillac, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est toujours très regretté là-bas. Nous avons déniché l’homme de la situation, mais le contexte et l’entourage ne sont pas favorables. La semaine qui a débuté sera décisive, les joueurs, les supporters attendent avant de prendre de grandes et graves décisions. Une chape de plomb menace, et pourtant le coin de ciel bleu n’est pas si loin…

 

Sébastien Vidal, Chroniqueur
A lire aussi sur allezbriverugby
Classement Pro D2 Pts
1 Vannes 87
2 Provence Rugby 86
 
7 Nevers 69
8 Brive 67
9 Colomiers 64
 
13 Aurillac 56
14 Biarritz 53
 
Classement Top 14 complet
Résultats Journée 28
Agen 26 30 Biarritz
Grenoble 34 19 Béziers
Vannes 52 14 Rouen
Nevers 15 16 Soyaux-Angoulême
Brive 45 13 Aurillac
Provence Rugby 43 8 Valence Romans
Colomiers 24 20 Montauban
Mont de Marsan 13 18 Dax
Résultats Top 14