Top 14 CA Brive - Stade Français : notre analyse sur cette victoire bonifiée inespérée

La Pro D2 c'est bien mais cela ne vaut pas le Top 14. Les joueurs et le club dans son ensemble sont remontés en première division pour (re)vivre des instants comme ça. Bousculés en première mi-temps, les brivistes ont réagi pour finalement s'imposer en marquant trois essais qui leur offrent un bonus offensif inespéré. Retour sur cette victoire en se projetant sur le déplacement à Perpignan qui va valoir cher.

Celui qui avait parié sur ce résultat a dû gagner gros !!! Le Stade Français arrivait en confiance malgré la perte de sa place de leader au profit de Clermont. Mais suite à la défaite concédée au Michelin, le voyage au cœur du Massif Central allait se transformer en calvaire. Le CAB l'emporte 28 à 12 avec le bonus offensif s'il vous plaît et s'offre à nouveau un petit matelas pour le maintien avant de rendre à Perpignan. Le Stade Français, pour sa part tombe à la 3e place.

Les points positifs

Stratégie différente mais résultat identique. Bousculé en première mi-temps, Brive a su changer son fusil d'épaule à la pause pour accélérer une fois n'est pas coutume en seconde période. Occupant mieux au pied et s'installant durablement dans le camp parisien, les joueurs brivistes ont concrétisé leur domination par trois essais, synonyme de bonus offensif. Sorti de leur confort habituel, les joueurs brivistes ont su faire preuve d'adaptabilité pour s'imposer sur ce match à domicile. Une recette qui serait bon d'employer pour aller s'imposer à l'extérieur.

En difficulté lors des derniers matchs, la touche briviste a repris des couleurs et s'est repositionnée dans le haut du chapeau en Top 14. François Da Ros a rectifié le tir après une performance très difficile la semaine dernière à Bayonne. En gardant presque tous ses lancers et en chipant quelques uns sur lancer adverse, la touche a pu enfin redevenir la rampe de lancement que l'attaque attendait. Sans possession il y a une semaine, Brive a pu enfin montrer ce qu'il valait dans le jeu offensif et pas qu'en défense. Quand ils ont la balle, les brivistes ne sont pas les plus manchots du championnat. Le CAB le sait mieux que personne : quand sa conquête est en place, Brive n'a peur de personne et peut inquiéter n'importe quelle équipe.

La touche briviste vole à nouveau au-dessus de ses adversaires

En l'absence des habituels titulaires, les seconds couteaux brivistes (Da Ros, Sola, Sanchou) ont montré qu'ils n'étaient pas là que pour de la figuration et comptaient bien battre à nouveau les cartes. Deux matchs compliqués et puis revoilà François Da Ros. Appliqué en touche et toujours aussi précieux dans le jeu, le talonneur voit sa performance parisienne récompensée par un essai, le tout premier en pro. A confirmer à Perpignan et contre Grenoble avant de sûrement à nouveau batailler avec Guillaume Ribes pour la place de titulaire. Romain Sola n'a pas marqué samedi mais il a parfaitement animé le jeu avec son compère de la charnière Jean-Baptiste Péjoine. Enchainant une seconde titularisation (la 3e en 5 matchs) à l'ouverture, l'ancien albigeois a alterné jeu au pied et passes tout en fournissant un très bon travail défensif. Il ne faut pas oublier que cette charnière-là était la charnière de la saison dernière et donc les automatismes sont en place. Chose aussi importante, dans le jeu au pied, Romain est complémentaire de Gaëtan : gaucher et distance moyenne ; droitier et longue distance. Thomas Sanchou ne déçoit jamais, certes il commet quelques "boulettes" (cf ses plaquages cathédrale) mais son implication sur et en dehors du terrain n'est jamais à remettre en cause. Quand on fait appel à lui, il est bel et bien présent. Crédité d'une grosse performance aux quatre coins du terrain (attaque et défense), il s'est dépensé sans compter. Concentré jusqu'au bout, c'est lui qui va intercepter la passe de Steyn dans le temps additionnel. Malgré le retour de Bonneval et perclus de crampes, l'ancien castrais arrivera à sprinter sur 70 mètres pour offrir le bonus offensif à son équipe. On oublierai presque que c'est lui qui appelle Péjoine et qui sert Da Ros pour le premier essai ...

François Da Ros, Thomas Sanchou et Guillaume Namy : les trois marqueurs d'essais de ce match 

Toujours aussi impérial à domicile (ce qui change par rapport aux années précédentes en Top 14), Brive s'acheminait vers une victoire à quatre points contre le Stade Français, 2e au classement au début de la journée. Ce qui était déjà un résultat plus que satisfaisant mais voilà qu'un joueur d'1m70 en a décidé autrement et offre un point supplémentaire au CAB. Cela offre une 9e place au classement et surtout 7 points d'avance sur Perpignan (futur adversaire) et Bayonne et 11 sur Oyonnax. Le souci avec l'USO c'est que le club de l'Ain a deux matchs de retard et pourrait le cas échéant revenir à 3 points de Brive mais nous n'en sommes pas là. Avec 45 points au compteur, il manque grosso-modo une dizaine de points pour aller chercher ce maintien en Top 14. 3 victoires et cela devrait être réglé, et si on commençait dès ce week-end ?

Les points négatifs

Une fois n'est pas coutume, le CAB a eu du mal à rentrer dans sa première mi-temps. Bien contré par une équipe du Stade Français qui n'était pas là pour faire du tourisme, Brive a joué avec le feu et aurait pu se retrouver dans une situation très compliquée. Avec 6 points marqués, les joueurs parisiens ont gâché quelques grosses occasions (surtout une avec une mauvaise passe de Steyn vers Ioane) qui auraient pu changer drastiquement la physionomie du match. La seule fois où Brive a tiré de l'arrière en championnat à domicile, c'était contre Biarritz et tous les supporters brivistes savent comment cela s'est terminé.

C'est bizarre mais même quelques mois après cette douloureuse défaite, on en parle toujours. Comme si cela devait servir d'exemple à ne reproduire. Sortant de deux excellentes performances (bonus défensif à Clermont et victoire contre Toulouse), Brive avait connu une fâcheuse décompression avant Biarritz. Mauvaise préparation, mauvaise entame ... et pour finir mauvais résultat. Bayonne pourrait être également à ranger dans le même carton. Après deux victoires à domicile contre Montpellier et Toulon, Brive a échoué à Bayonne dans sa quête du succès à l'extérieur. Un petit peu plus de détermination et d'envie de victoire aurait suffi pour ramener 4 points au lieu d'un. Perpignan est dans la même situation que l'Aviron au moment de recevoir le CAB et peut être même pire. Est ce que les brivistes vont retomber dans leurs travers ? Nous verrons bien samedi mais l'entrainement de mardi allume quelques feux oranges.

Sur cette fin de saison, quelle est la réelle ambition du CAB ? Juste assurer le maintien ou viser mieux que ça ? C'est vrai qu'historiquement, Brive aime mieux évoluer caché qu'à découvert. Mais au vu du classement, ça peut se tenter et cela serait le hold-up du siècle. L'appétit vient en mangeant comme la saison dernière : les joueurs sentaient qu'il y avait quelque chose de beau à réaliser alors que les dirigeants préféraient tenter la remontée la saison suivante. La vérité se joue sur le terrain mais même si Brive n'est pas loin (4 points du 6e et 7 sur le 3e), le problème reste le même pour les joueurs corréziens : il faut gagner à l'extérieur !!!

Dur de passer à côté mais nous allons faire comme il y a deux semaines : la pelouse est dans un coma artificiel. Malgré trois semaines de repos, elle n'a pas supporté les pluies des derniers jours et un nouveau matchs à domicile. Il va vraiment falloir se poser les questions et vite car ce n'est plus possible de jouer dans des conditions comme celles-là. Le risque de blessure est accentuée (et même renforcé avec le sable présent dans la pelouse) et on ne parle même pas de la fatigue. Dans tous les sports de plein-air, avant de construire votre équipe, vous devez disposer d'une pelouse parfaite et ce en toute saison (pas juste quand il fait beau). On terminera la saison comme ça mais pitiez pour la saison prochaine : faites que la pelouse devienne un billard et absorbe à nouveau l'eau.

Une harde de sangliers ? Non juste deux équipes qui ont joué au rugby !!!

En conclusion

Avec une victoire méritée mais inespérée pour le bonus offensif, le CAB se rapproche un peu plus du maintien. Du maintien, il en sera grandement question samedi avec cette rencontre entre Perpignan et Brive. Les catalans ont plus que jamais le couteau sous la gorge et ne peuvent espérer autre chose qu'une victoire que les brivistes seraient bien inspirés d'aller chercher. Mais attention, la décompression guette au coin du bois comme est venu le rappeler l'entrainement de mardi. Brive arrivera-t-il à vaincre ses démons et aller chercher cette récompense qui le fuit depuis deux ans (victoire à Lyon en février 2012) ? Perpignan imitera-t-il Bayonne en faisant tomber le CAB à l'extérieur après une grosse performance à domicile ? Pour les deux clubs, le résultat de cette partie changera grandement la suite et fin de leurs saisons respectives.

Article rédigé par Rémi Brazon