Top 14 Pau - Brive : analyse du match

Cette saison, Brive est transformé à l'extérieur. A Pau, Brive s'est montré à la fois joueur et fragile en conquête. Le suspense était entier mais au final, les 4 points de la victoire repartent en Corrèze. Un autre pas fait en direction du maintien. Rien n'est encore fait mais le chemin emprunté est le bon.

 

Les points positifs

La victoire à l'extérieur. Est ce l'effet "huis-clos" ou une prise de conscience ? En tout cas, par rapport aux années précédentes, Brive est méconnaissable à l'extérieur. Déjà victorieux à Agen et Castres, le CAB s'offre le scalp de Pau, autre concurrent direct au maintien. Auparavant, ce type de matchs, Brive ne savait pas les jouer, s'offrant souvent le luxe de relancer des équipes mal en point. Cette année, Brive arrive des certitudes et joue son jeu. A Pau, il y a eu du jeu, de l'envie, des intentions et cela pendant 80 minutes, non pas 40 comme à Castres. Si les deux saisons en Pro D2 avaient été productives à l'extérieur, en Top 14, on n'avait plus vu ça depuis 12 ans et la saison 2008/2009. Cette saison là, après un début poussif, les brivistes récoltent 3 victoires à l'extérieur ainsi que 3 matchs nuls, le dernier à Bourgoin qui envoit Andy Goode et ses coéquipiers à la 6e place et en H Cup. Brive sait désormais comment faire pour gagner à l'extérieur dans des stades vides. Il faudra en faire de même la saison prochaine dans des stades garnis (on va croiser les doigts pour revoir du public à partir de la saison prochaine).

Le jeu. Brive était préparé à un gros affrontement devant. Mais il avait aussi un autre atout dans sa manche : le jeu. Même en tant que visiteur, le CAB n'a pas fermé le jeu et a imposé son rythme dès le coup d'envoi avec une première séquence d'environ 2 minutes. Et cela a continué par la suite avec des joueurs trouvant les espaces et faisant mal à la défense paloise. Setareki Bituniyata a été inarrêtable pendant 80 minutes, que ce soit à la suite d'un renvoi ou dans le jeu. L'ailier a retrouvé ses sensations du début de saison. Le reste de l'équipe n'a pas été en reste et a su mettre de la vitesse sur chaque prise de balle. Depuis plusieurs matchs (et plusieurs victoires), Saïd Hirèche souligne cet aspect : Brive fait du jeu. Alors certes, il ne marque pas beaucoup d'essais (22 en 15 matchs) mais les intentions sont là. Lors des deux débuts de période, Brive a étouffé Pau qui a eu du mal à trouver les solutions, les ajustements pour stopper les offensives brivistes. Jeremy Davidson a toujours prôné vouloir mettre en place un jeu de mouvement. La confiance et les résultats étant là, ce jeu se met en place. Intéressant pour la suite.

Bituniyata est devenu le cauchemar de la défense paloise depuis dimanche

 

Le maintien. Jouer en dernier est un avantage et un désavantage : vous connaissez le résultat de vos adversaires. Bayonne et Castres ont lourdement chuté à l'extérieur tandis que Montpellier s'est incliné pour une 5e fois à domicile. Pau et Brive savaient que le vainqueur se donnerait une belle bouffée d'oxygène dans ce championnat du maintien. Si Pau venait de s'imposer à Bayonne, la dynamique était pour Brive : 4 victoires lors des 5 derniers matchs et surtout un bilan de 4 victoires sur 5 confrontations directes face au quatuor en lutte pour éviter la 13e place (Pau, Castres, Bayonne, Montpellier). Brive rajoute une victoire supplémentaire dans ses deux bilans et met à nouveau un coup sur la tête de ses adversaires. Avec un match de plus, le CAB compte 9 points d'avance sur Montpellier, barragiste. Brive reste malgré tout sous pression mais pour les 3 prochains matchs (Toulon, à Bayonne, Bordeaux) jusqu'à fin février, il sait où il va et laisse le trop plein de pression à ses adversaires. Si cela se passe bien face à Toulon, c'est un Brive en position de force qui voyagera à Bayonne. En force mais malgré tout prudent et concentré face à un concurrent direct qui aura besoin de points.

 

Les points négatifs

La conquête. Au match aller, cela avait été compliqué. Il y avait de fortes chances que cela le soit également au match retour. Cette saison, Pau s'appuie sur une conquête très forte et notamment sa mêlée. Brive a souffert dans ce secteur et notamment en fin de première période où les palois ont fait l'effort pour repasser devant juste avant la pause. Les mêlées et les fautes se sont enchainées, allant même jusqu'au carton jaune pour Luka Japaridze. Sur les mauls, cela a été aussi compliqué, le CAB a plié et a rompu à une reprise sur l'essai de Quentin Lespiaucq à l'heure de jeu. Autre secteur de la conquête qui est passé à côté : la touche. Matt Philip et son alignement avait parfaitement décortiqué la tactique briviste, en ciblant régulièrement Said Hirèche. Quand ce n'était pas Philip au contre, c'était Antoine Erbani. Avec 7 ballons perdus, Brive n'a pu installer son jeu et sa domination sur la rencontre. L'entrée de Lucas Paulos a permis d'ajouter un sauteur supplémentaire mais pas de résoudre à long terme les problèmes dans ce secteur.

Volée, pas droite : la touche briviste n'a pas pu permettre de confirmer la domination dans le jeu

 

Les fins de période. Brive a eu du mal à terminer les deux périodes. Si depuis le début de saison, on voit régulièrement des essais encaissés dans le premier quart d'heure, on en voit aussi beaucoup lors des derniers instants. Brive a creusé deux fois l'écart au score (+13 en première période, +9 en seconde) mais à chaque fois, Pau est revenu. Certes, les palois ont haussé leur niveau de jeu (tout en bénéficiant des nombreuses approximations adverses) mais on sent aussi que Brive arrivait dans le rouge. Brive souffre plus en fin de première période qu'en fin de match. Le CAB est parvenu à arracher la victoire à Castres et face à Montpellier dans ces dernières minutes. A Pau, l'écart a été agrandi et après, il a fallu le défendre jusqu'au bout. Espérons que lors des prochains matchs, les fins de période soient mieux vérouillées.

 

En conclusion

Chaque match face à des concurrents directs est une balle de match en soit. Soit vous relancez l'adversaire soit vous le plongez dans ses doutes. Brive a produit et marqué puis Brive a souffert. Mais Brive n'a pas craqué pour s'imposer pour une 3e fois à l'extérieur cette saison. Si en octobre/novembre, l'équipe avait plongé entre défaites, blessures et absences, cette fois, le groupe est plus solide que jamais malgré une infirmerie toujours aussi garnie. Cela tire sur les organismes de certains mais à la suite d'une victoire, on récupère toujours plus facilement. Pour Toulon, on garde les intentions de jeu et on corrige la conquête, n'est ce pas ?

 

Images : Canal+