Top 14 USAP Perpignan - CA Brive : Brive manque la cible à l'extérieur

Sur ce coup-là, nous n'avons pas besoin de le dire, les joueurs s'en sont chargés : c'est un si ce n'est le plus mauvais match de la saison pour le CA Brive. Arrivé avec des ambitions, Brive repart la tête basse et doit toujours regarder derrière lui pour le maintien. Qu'est qui a fonctionné ? Pas grand chose. Qu'est qui n'a pas fonctionné ? Beaucoup de choses. On fait le point dans cette analyse.

Bilan plutôt négatif sur cette rencontre entre Perpignan et Brive. Les brivistes étaient venus avec des ambitions mais repartent avec beaucoup de questions. Le maintien est proche mais pas encore acquis.

Les points positifs

Sans être flamboyant, le CAB a été réaliste en première période. Malgré quelques éclairs catalans, la défense tient le choc et joue haut ce qui déstabilise Perpignan. Les catalans sont obligés de jouer la plupart du temps dans leur camp et ont de grandes difficultés à se dégager. Quand ils y arrivent, ils récupèrent des pénalités que ne convertit pas Sébastien Descons (1/4 à la pause). Brive a du mal à faire payer au prix fort cette domination territoriale mais parvient malgré tout à virer en tête à la mi-temps malgré un Germain "moyen" (2/4 au pied). Brive mène 6 à 3 face à un Perpignan qui joue la peur au ventre et ça se voit. Mais ça c'était avant la deuxième mi-temps ...

Brive avait annoncé la couleur (peut être un peu trop) : il visait la victoire. Malheureusement, il n'y a qu'un point à l'arrivée et on va s'en contenter. Les résultats de samedi n'allaient pas forcément dans le sens du CAB : victoire de Bordeaux, victoire donc de Perpignan, victoire de Biarritz et bonus défensif pour Oyonnax (qui a failli gagner au Stade Français). Sauf que dimanche, il y avait un match qui intéressait fortement les équipes du bas de tableau : Bayonne - Toulon. Au bout de 80 minutes, Toulon a réussi à l'emporter à Jean-Dauger où l'Aviron ne prend qu'un maigre bonus défensif. A une semaine du derby basque (sur la pelouse de Biarritz), Bayonne se met en position très délicate en vu du maintien. Toutes les autres équipes font donc la bonne opération de la journée. Au niveau du goal-average particulier, Brive rajoute une nouvelle équipe à son tableau de chasse en la personne de Perpignan. C'est toujours bon à prendre à six journées de la fin du championnat.

Ça commence à se décanter à six journées de la fin du Top 14

Les points négatifs

A la pause, ça allait encore et Brive était dans son match et devant au score. Mais au retour des vestiaires, Perpignan a haussé le ton et a mis un engagement physique de tous les instants. Recentrant les débats au plus près des points de rencontre, l'USAP a fait parler la puissance et l'explosivité de ses avants. Brive n'a pas su répondre à ce défi et a petit à petit lâché le fil du match. Arnaud Méla a avoué qu'il y avait eu une petite décompression après les matchs contre Bayonne et le Stade Français. Elle a été fatale face à l'orgueil de perpignanais obligés de gagner pour s'extirper de cette course au maintien.

Avec cette décompression et cette bataille perdue dans l'engagement, Brive a trop subi durant le second acte et l'a payé non seulement au tableau d'affichage mais aussi au niveau de l'infirmerie. En attendant l'évolution des différentes blessures, le CAB est revenu de Catalogne en boitant bas. Plus de peur que de mal pour Thomas Sanchou après un choc avec David Marty. L'ancien castrais, sans être aussi flamboyant que contre le Stade Français, continue sur sa lancée et a fait une grosse performance défensive. En deuxième mi-temps, c'est tombé dru : Da Ros, Koyamaibole, Péjoine, Sola et Radikedike ont dû rendre les armes. Le talonneur briviste a cédé sa place à la mi-temps suite à un coup à la jambe. Koyamaibole l'a rejoint quelques minutes plus tard. Le puissant 3e ligne souffre d'une contracture au mollet. Sur la même action en fin de match, Péjoine et Radikedike se sont blessés. Le demi de mêlée a été remplacé plus par précaution alors que l'ailier fidjien du CAB était KO. L'ouvreur briviste a subi pour sa part une torsion au genou. Sans compter les corps endoloris des autres participants au match. Cela va être une grosse semaine pour le staff médical du CAB pour remettre tout le monde en état pour la réception de Grenoble.

Si la première mi-temps s'était plutôt bien déroulée à ce niveau-là, l'indiscipline a coûté très cher à Brive en deuxième période. Sébastien Descons a trouvé la mire après la pause et a fait payer l'addition. Les Jeux Olympiques viennent de se terminer et par la même occasion le tournoi de hockey sur glace. Dans ce sport, lors de rencontres serrées, la différence se fait au niveau des jeux de puissance (des supériorités numériques). Une semaine auparavant, Brive en avait profité lors de l'infériorité numérique du Stade Français. Cette fois-ci, les rôles sont inversés. Le carton jaune de Briatte fait passer le score de 6-3 pour Brive à 9-6 pour Perpignan. Dès lors, les mouches ont changé d'âne et Perpignan a la main sur le match. Définitivement. Brive est sorti de son match malgré un dernier baroud d'honneur à la sirène.

Le CAB est malade et les médecins sont sûrs d'eux : Brive a le syndrome de la victoire à l'extérieur. Et pourtant, les brivistes voulaient faire un coup à Perpignan et éviter de se retrouver dans une situation qu'ils commencent à connaître par cœur. Malheureusement, encore une fois, on se retrouve à la place du "con" à la fin du match. L'équipe prend un point mais échoue dans sa quête de cette victoire. Si les rediffusions des grands classiques du cinéma marchent toujours, ce film-ci passe trop souvent dans les cinémas brivistes et ce depuis plusieurs saisons. Durant les quatre dernières saisons en Top 14, en 49 matchs, Brive n'a ramené que 5 victoires et 3 nuls hors de ses bases. C'est peu. La dernière saison réussie à l'extérieur commence à dater et nous ramène à l'époque anglaise du CAB, en 2008/2009, où Brive avait décroché 3 victoires et 3 nuls loin du Stadium. A la fin de la saison, le club corrézien avait décroché la 6e place, synonyme de HCup. Aujourd'hui, dans ce championnat verrouillé à domicile, le CAB a laissé trop d'occasions pour pouvoir espérer autre chose qu'un maintien et une place autour de la 9e-10e place.

Plusieurs fois cette saison, ce même constat a été fait et actuellement, il semble que le CAB n'a pas de réponses pour solutionner ce problème. Il y a deux semaines, Bayonne avait mis en lumière le déficit de puissance et d'explosivité du CAB. Perpignan a appuyé là où ça fait mal. Taumalolo, Guirado, Taofifenua, Mafi s'en sont donnés à coeur joie pour enfoncer constamment la ligne de défense de Brive. En première ligne, en deuxième ligne, en troisième ligne (quand Koyamaibole n'est pas là), dans la ligne de 3/4 et en sortie de banc, la puissance est une espèce en voie de disparition. Il faut vite repeupler cette espèce sous peine de créer un déséquilibre dans la chaîne animale. Pour cette saison, il est difficile d'intervenir donc il faudra serrer les dents et terminer avec cet handicap. Par contre, tout est ouvert pour la saison prochaine et il va falloir combler le trou qui existe avec certaines équipes pour éviter de faire le même constat. Intelligence et ingéniosité sont au programme pour la cellule recrutement du CAB pour dénicher les oiseaux rares.

Depuis plusieurs semaines, le CAB arrive à développer un peu de jeu offensif sur des terrains disons-le difficiles. Ce samedi, les conditions étaient idéales pour retrouver le jeu du début de saison. Du soleil, pas de vent, une température agréable et un terrain en bon état. Tout était réuni pour que l'attaque briviste se développe. Sauf que ce projet est resté dans les cartons ou plutôt dans la soute du bus. Malgré des conditions idéales, les brivistes ont paru empruntés et peu inspirés offensivement. Il y aura des jours meilleurs mais ce n'était pas pour samedi.

En conclusion

Si certains pensaient à autre chose qu'au maintien, ils ont eu droit à une réponse cinglante samedi soir : Brive n'aime pas endosser le costume de favori et évolue bien mieux dans l'ombre des projecteurs. Il manquait bien trop de choses au CAB pour s'imposer en Catalogne (endroit où il n'a encore jamais gagné) et valider quasi définitivement son maintien. Avec une indiscipline prononcée, un manque récurrent de puissance et un relâchement après les dernières batailles, les brivistes échouent encore une fois tout près de ce Graal. Ils reviennent avec un point amère mais qui a le mérite de leur montrer le travail qui reste à accomplir pour jouer un rôle dans le haut de tableau.

Article rédigé par Rémi Brazon