Si près et si loin à la fois. Au score comme au classement. Brive est passé tout près d'une victoire historique sur le terrain du Stade Toulousain mais il repart avec un bonus défensif mérité et très bien accueilli. Entre un état d'esprit irréprochable et des jeunes qui montent, le CAB est taillé pour l'avenir. A condition de gommer quelques fausses notes dans l'équipe.
25e journée soit à trois journées de la fin. Quelle était la probabilité en début de saison que Toulouse et Brive ne soient séparés que de trois points et que les deux équipes soient à la lutte pour la sixième place ? Sûrement très faible. Mais au moment de débuter la partie, on se retrouvait bien dans cette situation. Mais 80 minutes plus tard, Toulouse a fait respecter son rang, non sans mal, face à des brivistes qui ne lâchent rien et réussissent le meilleur parcours pour un promu.
Les points positifs
Déjà que sur cette saison, on a du mal à trouver de nouveaux adjectifs, qu'est ce que ça va être la saison prochaine si ça continue comme ça ? Cette équipe ne lâche rien, déjoue tous les pronostics et n'a peur de rien ni de personne. Mis à part le Racing, tout le Top 6 est tombé à Amédée-Domenech cette saison. A l'extérieur, le CAB a fait plus que vendre chèrement sa peau à Toulouse, Clermont, Montpellier et autre Stade Français. Même affaiblie par une cascade de blessures et de faits contraires (infériorités numériques, manque de munitions ...), cette équipe s'accroche, se sort les tripes pour défendre la position du copain d'à côté. Et surtout, les joueurs brivistes n'hésitent pas à jouer quand l'équipe d'en face pense aussi à jouer. Les grosses équipes ne ferment pas le jeu et donc offrent des possibilités aux équipes adverses. Si vous savez où et quand les prendre, cela va créer un match ouvert et peut être spectaculaire (Montpellier, Clermont). Le CAB a peut être des lacunes offensives et défensives mais cette équipe a aussi des qualités offensives, défensives et surtout morales. Sur ce dernier point, il n'y a pas d'entrainement spécifique : tu l'as ou tu ne l'as pas. C'est aussi simple que ça. Brive peut se vanter de l'avoir. Espérons que cet esprit ne soit pas transféré à l'intersaison.
La conquête et notamment la touche a encore fait une grosse partie samedi. En mêlée, tout n'a pas été parfait mais cela n'a pas été catastrophique non plus. Dans ce rugby moderne, la mêlée n'est plus un secteur où tout est parfait. Après le Munster, Brive est donc venu hanter les esprits toulousains. Le duo Bregvadze - Tolofua n'a pas trouvé les clefs pour enfermer le contre briviste au vestiaire tandis que le duo briviste Ribes - Acosta a vécu une soirée "tranquille". Encore une fois, l'alignement briviste a démontré une fois de plus qu'il était parmi les meilleurs du Top 14. On pourra seulement regretter les mauvais choix d'annonces sur les dernières touches. D'autres lancers auraient pu amener un essai. Ou pas mais ça, on ne le saura jamais.
La touche briviste, ici à la mise en place, a fait merveille samedi soir contre Toulouse
Avec tous ses blessés, Brive n'a pas vraiment le choix que de faire appel à sa jeune garde, vue notamment pendant l'Amlin Challenge Cup. N'en déplaise à Guy Novès, ces jeunes ont qualifié le club en quart de finale de Challenge, il était normal de les récompenser en leur faisant jouer ce match à Bath. Si de l'avis même de Didier Casadéï, tous les joueurs n'ont pas marqué de points positifs, les jeunes appelés dans le groupe toulousain ont réalisé une bonne partie. On ne va pas mettre Thomas Laranjeira dans ce groupe-là même si à son âge il pourrait y être. Le jeune ouvreur/centre a participé à déjà 17 rencontres en Top 14 pour 8 titularisations (et même 9 si compte sa rentrée en jeu contre Clermont dès la 5e minute). Un jeune déjà expérimenté. Pour Damien Lavergne, Louis Acosta et Baptiste Delage, l'expérience est moindre mais le talent est tout aussi grand. Leurs prestations ont été bonnes, Baptiste a même sacrifié son cuir chevelu (avec pas moins de 6 agrafes !!!) et ne demandent qu'à être confirmées. Il reste deux matchs à disputer et il est fort à parier que ces trois joueurs soient de nouveau de la partie dans ces matchs sans pression pour le CAB.
L'objectif principal au début de la saison était le maintien et accessoirement un Top 10. Ces objectifs sont atteints pour le CAB et de belles manières. Et dire que pas grand monde ne croyait au maintien du club briviste en Top 14 en début de saison. Je sens que le pronostic initial va ressortir d'ici quelques semaines juste comme ça. Mais bon, c'est le jeu : parfois tu gagnes, parfois tu perds. A quelques matchs de la fin, qu'est ce que Brive peut aller chercher ? Pourquoi pas cette 7e place synonyme de barrage européen contre le 7e du championnat anglais (actuellement cela se joue entre Exeter - vainqueur de la Coupe cette saison -, Gloucester et les Wasps) en match aller/retour ? Avec un effectif qui arrive en bout de saison et fatigué, est ce que cela est nécessaire ? Oui car :
- cela permet à ce groupe de gagner en expérience pour les saisons à venir
- l'équipe anglaise doit être dans le même état physique que Brive
- il faut bien se donner un objectif pour cette fin de saison (c'est quand même mieux de jouer pour l'Europe que pour le maintien !)
Les points négatifs
Plus qu'une chance pour voir le CAB gagner à l'extérieur cette saison sinon il faudra attendre la saison prochaine. Certes, Brive a gagné deux matchs hors de ses bases mais c'était en Amlin Challenge Cup (Bucarest et Newcastle). Mais en championnat, les brivistes ne sont pas arrivés à ramener les 4 points en Corrèze. Ce n'est pas faute d'essayer mais à force de tourner autour, il ne faudrait pas que ça se transforme en blocage mental dans le futur. Il ne manque pas grand chose souvent mais ce sont ces petits détails qui font la différence au moment de faire les classements finaux. Si Brive arrivait à mettre la même intensité à l'extérieur qu'à domicile, les supporters seraient déjà en train de réserver leurs places pour les phases finales. Le premier étage de la fusée était de maintenir le club et de le positionner dans le Top 10. Le deuxième étage est peut être de l'amener dans le Top 6. Qui sait ? En tout cas, tout un peuple est prêt à aller marcher sur la Lune.
Si en début de saison, c'était passé plutôt inaperçu, ce n'est plus vraiment le cas actuellement. Sur les derniers matchs, Brive souffre sur deux aspects du jeu : les turnovers et la discipline. Si importants dans les rencontres actuelles, les ballons de récupérations peuvent décider du sort des deux équipes. Bath, la semaine dernière, avait su parfaitement utilisé ses munitions pour définitivement assommer le CAB. Samedi soir, alors qu'on s'approchait de la mi-temps et que le CAB attaquait pour au minimum revenir à égalité à la pause, Toulouse intercepte une passe mal assurée de Germain et relance la machine. 90 mètres plus loin et après quelques temps de jeu, Hosea Gear marquait le seul essai du match et le Stade menait 13-3 à la mi-temps.
En ce qui concerne la discipline, Brive a du mal et se retrouve dans l’œil du cyclone. De nombreuses fautes, 2 cartons jaunes (même si Toulouse écopera également d'un carton) : après Castres et Clermont, ça continue pour la cartonite briviste. Le CAB est l'équipe la plus pénalisée du Top 14 ce qui pourrait s'expliquer par le fait que le club est promu mais il y a quand même beaucoup de joueurs qui connaissent le Top 14. Vu où nous en sommes dans la saison, il est trop tard pour changer les mauvaises habitudes. Espérons que ça soit fait pour la saison prochaine car l'excuse du promu ne marchera plus.
Équipe la plus pénalisée du Top 14, le CAB devra corriger cet aspect du jeu pour la saison prochaine
Comme nous l'avions dit après Clermont, ce derby du Massif Central a fait très mal à l'effectif du CAB. Da Ros, Barnard, Buys et Swanepoel ont vu leurs saisons se terminer. Malakaï Radikedike a été touché à la cuisse et est incertain pour les 2 derniers matchs. On pensait que c'était fini mais pas vraiment. En préparant Toulouse, Mafi et Lebas se sont blessés. L'ailier s'est blessé à la cuisse et le diagnostic est le même que Radikedike. Le jeune deuxième ligne, qui pouvait espérer gratter quelques minutes d'ici la fin de la saison, s'est fait une bonne entorse à la cheville et sa saison est terminée. Sur ce match toulousain, à vu d’œil, pas de blessés mais des bobos à soigner. Baptiste Delage a gagné des points de suture à la tête et Koyamaibole a une cheville douloureuse à soigner.
Avec plus que deux matchs à jouer, le CAB a laissé passer une occasion en or (qui se serait peut être transformé en cadeau empoisonné) de remonter au classement. Bordeaux défait à domicile par Toulon et le Stade Français à Bayonne, Brive avait les cartes en main pour se hisser à la 6e place. Il fallait juste battre Toulouse à Ernest-Wallon. Rien que ça ! Toulouse n'étant qu'à trois points devant, Brive aurait fait l'affaire du week-end. Quatre équipes auraient 59 points (en supposant que Toulouse prenne le bonus défensif) mais le CAB a le goal-average particulier avec chacune des équipes et serait retrouver à la sixième place. Deux victoires de plus (avec peut être un bonus offensif pour assurer le tout) et Brive retrouvait les phases finales et la H Cup. Mais bon, c'était juste une possibilité que la défaite à Toulouse a éliminé.
En conclusion
Sincèrement où s'arrêteront ces brivistes ? Alors qu'on pouvait craindre un score lourd en faveur du Stade Toulousain, le CAB a fait déjouer les pronostics en empochant un bonus défensif mérité qui aurait pu se transformer en match nul voire mieux. La sixième place du Top 14 s'éloigne mais Brive veut se donner un dernier objectif cette saison et aller chercher une 7e place qualificative pour un barrage contre le 7e du championnat anglais. Si les brivistes y arrivent (il faudra compter sur un sans faute corrézien allié à des erreurs de Bordeaux et du Stade Français), ils s'appuieront sur leurs points forts (état d'esprit, conquête, jeunes joueurs) et devront limiter l'impact de ses faiblesses (discipline, turnovers ...). Tout le monde se souvient de l'épopée de la saison dernière. Pourquoi ne pas remettre ça cette année ?
Article rédigé par Rémi Brazon