Top 14 Brive : Le CAB fait trembler Toulouse qui remporte malgré tout la victoire

Avec l'avalanche que subit actuellement le CAB depuis la réception de Clermont, on pouvait craindre le pire lors de ce déplacement à Toulouse. En quête des phases finales, le Stade cherchait à se changer les idées après la claque reçue en Irlande. Bordeaux et Paris ayant perdu, Toulouse savait ce qui lui rester à faire pour rentrer dans le Top 6. Mais attention à ne pas sous-estimer ces irréductibles brivistes, véritables bêtes noires des cadors de ce championnat. Prenez votre respiration car vous allez en avoir besoin !

Une semaine après une élimination européenne, Toulouse et Brive se retrouve en Top 14. Deux équipes remodelées mais qui ont belle allure. Malgré l'absence de plusieurs cadres (Picamoles, Dusautoir, Nyanga, McAllister ...), le Stade tentera d'assoir sa place dans le Top 6 du championnat. Brive peut jouer sans pression cette fin de saison et compte tenu d'une infirmerie pleine, le CAB arrive malgré tout une équipe-type renforcée avec deux Espoirs : Louis Acosta et Baptiste Delage.

Première période : Brive joue sa carte à fond mais se fait contrer

Après une minute de silence religieusement respectée en la mémoire de l'ancien maire de Toulouse, Dominique Baudis, récemment décédé, les deux équipes commençaient le match sans se poser de questions et ouvraient le jeu. Toulouse se montrait fébrile sur son premier lancer en touche et cela permettait au CAB de lancer la première attaque du match que la défense toulousaine contrôla. La réponse fût immédiate. Les 3/4 rouges et noirs ont des fourmis dans les jambes et mettent le feu dans la défense briviste qui se met à la faute. Lionel Beauxis ouvre le score pour le Stade Toulousain (3-0, 7'). Brive ne veut pas baisser les yeux et joue crânement sa chance. Les joueurs corréziens repartent à l'assaut du camp toulousain et c'est une action que n'auraient pas renié les toulousains : passes après contact, sur le pas, redoublées ... Malheureusement, des grains de sables viennent faire capoter l'avancée briviste. Profitant d'une indiscipline croissante de leurs adversaires, Toulouse revient dans le camp opposé et fait parler ses jambes. Yann David et Vincent Clerc sont de véritables poisons pour le CAB et Andrew Ma'ilei, en position de hors-jeu, monte en pointe pour stopper une attaque potentiellement très dangereuse. Sous les poteaux, Beauxis fructifie la domination toulousaine (6-0, 17'). Si, à l'approche de la fin de saison, certaines équipes évoluent avec une boule à l'estomac, ce n'est pas vraiment le cas de Brive. A l'aide de pénaltouches, le CAB vient régulièrement s'installer dans le camp du Stade et profite de sa supériorité en touche pour lancer son bulldozer Koyamaibole. Sur l'une d'entre elle, Brive récupère une pénalité que Gaëtan Germain tente et réussit (6-3, 23'). Le CAB est toujours dans le match, ce qui est déjà une demi-surprise. Les vagues toulousaines continuent de déferler sur la digue défensive de Brive mais elle résiste plutôt bien et n'hésite pas à lancer des contres. Sur un ballon récupéré petit côté, le trio Péjoine - Koyamaibole - Germain remonte la moitié du terrain, le jeu rebondit vite sur les extérieurs où il y a un surnombre à jouer mais Hugues Briatte n'assure pas sa passe vers Guillaume Namy. Brive manque une belle occasion et Toulouse peut respirer (30'). Mais la rencontre va basculer en quelques minutes. On attaque les cinq dernières minutes quand le pack briviste met à la faute son homologue en mêlée. Pénaltouche à suivre à une dizaine de mètres de l'en-but stadiste, juste devant la colonie briviste venue en nombre à Ernest-Wallon. L'attaque se lance mais la défense tient bien. Germain tente une passe impossible et se fait intercepter. Toulouse part alors en contre et profitant d'une défense corrézienne prise de vitesse dans le replacement, joue parfaitement le surnombre grand côté. Hosea Gear se retrouve alors avec un boulevard devant lui. L'ailier all-black n'en demande pas tant et crucifie le CAB sur ce contre à la sirène (13-3, 40').

Score à la pause : 13-3 pour Toulouse. Alors qu'on pouvait imaginer voir la réaction toulousaine, on a plutôt vu l'insouciance briviste dans cette première mi-temps. Le CAB regarde les yeux dans les yeux le Stade Toulousain. En cette fin de première période, c'est contre le cours du jeu et sur un ballon de récupération que Toulouse fait le break. Brive n'a peut être pas dit son dernier mot.

Seconde période : le CAB fait trembler Ernest-Wallon jusqu'à la fin

Est ce que cet essai de Gear va libérer Toulouse en cette seconde période ? Pas forcément car les grains de sable sont nombreux dans l'attaque locale. Mais le Stade va bénéficier de l'indiscipline chronique de Brive pour tenter de faire le trou. Pour fautes répétées collectives, Sisa Koyamaibole écope d'un carton jaune (44'). En infériorité numérique, le CAB va encore plus faire front et attendre que la tempête se calme. Beauxis a bien une pénalité pour faire le break mais elle est manquée (48'). Les fautes se multiplient du côté du CAB mais Toulouse n'en profite pas à cause de nombreuses fautes de mains. Sur une nouvelle faute en mêlée, Doussain (qui a pris le relais de Beauxis, remplacé) creuse l'écart pour le Stade (16-3, 57'). Mais alors que Koyamaibole avait fait son retour depuis quelques minutes, c'est Arnaud Mignardi qui doit quitter temporairement ses équipiers pendant 10 minutes (58'). A croire que le CAB se fait une joie de jouer en infériorité numérique ! Sur la première infériorité, Brive n'a pas encaissé de points. Sur la deuxième, il va même en marquer. Le CAB va utiliser une recette qui marche et qui a fait mal à Toulouse la semaine dernière au Munster : la touche suivie d'un maul. Les brivistes parviennent à avancer sur une dizaine de mètres mais concèdent une mêlée sur laquelle Montès se fait pénaliser. Germain ne laisse pas passer l'occasion de recoller et convertit sa deuxième tentative de la soirée (16-6, 62'). Brive sent que le coup est jouable au moins pour le bonus si ce n'est plus. Toulouse n'a pas l'air dans un grand soir, autant en profiter. Le CAB se lance à corps perdu dans ses attaques et met à la faute Toulouse. Pour un plaquage à retardement, Yann David, l'un des meilleurs toulousains ce soir, écope d'un carton jaune (65') et les deux équipes sont à 14 pendant encore quelques minutes. Germain se faisant soigné, c'est Thomas Laranjeira qui se charge de la pénalité qui ramènerait Brive dans le bonus. Malheureusement ça va passe à côté des perches (66'). On se rend coup pour coup dans cette fin de match et Toulouse obtient une pénalité. Mais là aussi, Doussain ne trouve pas la mire (69'). Cependant, Laranjeira va avoir une deuxième occasion à la suite d'un très bon contest de Koyamaibole. Cette fois-ci, le jeune buteur briviste ne se manque et ramène son équipe à 7 points à moins de dix minutes de la fin du match (16-9, 72'). Ernest Wallon est crispé, ne chante plus et ne sait pas à quelle sauce il va être mangé. Les supporters brivistes, au contraire, se font de plus en plus entendre (les classiques : les Sardines, Ici c'est la Corrèze ...) et poussent comme jamais leurs joueurs. Toulouse tente de répliquer et calmer la révolte corrézienne mais la défense briviste tient bon et lance le contre et oblige Vincent Clerc à dégager en catastrophe dans ses 22 mètres. Jouant astucieusement une touche, Brive s'offre une occasion en or. Petit côté, Arnaud Méla trouve un relais avec Neveu qui décale Koyamaibole. Le puissant n°8 corrézien s'arrache pour inscrire cet essai en bout de ligne mais Vermaak se sacrifie avec un plaquage dans les jambes du fidjien qui sort en touche à quelques mètres de la ligne d'en-but. Mais Toulouse n'arrive pas à sortir de cette zone rouge et les deux équipes s'échangent les dernières possessions sur des petites fautes qui pourraient coûter cher à cet instant du match. Brive a la dernière munition mais ne choisit pas la bonne combinaison en touche et la défense toulousaine enferme le maul corrézien. Poitrenaud dégage en touche et permet à tout le monde de respirer. Sous des sifflets, Toulouse remporte cette victoire mais le vainqueur moral reste Brive ovationné lors de son tour d'honneur.

Score final : 16-9 pour le Stade Toulousain qui fait la bonne opération de la journée en haut de tableau. Profitant des défaites de Bordeaux et du Stade Français, Toulouse prend une petite avance dans le Top 6 qui pourrait s'avérer décisive. Mais cette victoire est loin d'être rassurante à quelques semaines des barrages. Le CAB n'avait rien à perdre et se déplacer sans pression au Stade. A quelques détails près, Brive n'était pas loin de réussir le casse du siècle mais repart avec un bonus défensif amplement mérité. Il reste un match à l'extérieur cette saison pour enfin gagner hors de la Corrèze.

En bref

Se déplacer à Toulouse juste après une élimination en H Cup n'est jamais facile et vous pouvez craindre le réveil du monstre. Mais apparemment, le monstre était toujours en phase de sommeil et cela a bien failli lui coûter la victoire. Brive n'a jamais fermé le jeu, a défendu comme il le pouvait, n'a pas pris de points pendant deux infériorités numériques et a su en marquer pendant des supériorités numériques. Le promu, car oui Brive reste un promu, pourra regretter cette action en fin de première mi-temps qui amène l'essai de Gear et ces actions dans les cinq mètres toulousains en fin de match. Le match nul n'aurait pas été injuste mais Brive repart avec un bon bonus défensif, comme il l'avait fait chez un autre ogre du championnat : l'ASM Clermont.

Article rédigé par Rémi Brazon