Top 14 : Résumé du match CA Brive - Rugby Club Toulonnais

Un match couperet pour les deux équipes. Toulon devait retrouver le chemin du succès après deux défaites consécutives qui l'ont fait glisser non loin de la porte de sortie du Top 6. Brive devait confirmer son succès contre Montpellier et peut être profiter des autres rencontres de la journée pour faire un mini-break dans la course au maintien. Qui va sortir de ce choc déséquilibré sur le papier mais peut être moins sur le terrain. La réponse dans ce résumé.

 

Deuxième match d'affilée à domicile en Top 14 pour le CAB qui ne doit pas se louper. Pour éviter cela, c'est l'équipe type qui est alignée. A quelque chose près, Toulon emploie la même tactique (si ce n'est les absences de Masoe, Habana, Bastareaud et de Sheridan juste avant la rencontre). Un temps annoncé en danger, le match a bien lieu mais sur une pelouse difficile. Le public a répondu présent et ne va pas le regretter.

Première période : le rêve pour le CAB, le cauchemar pour le RCT

Il n'y a pas que le public d'Amédée-Domenech qui est chaud bouillant au moment du coup sifflet, les joueurs le sont aussi. Qu'importe les CV adverses, les brivistes attaquent la rencontre pied au plancher et prennent de suite leurs adversaires à la gorge. Swanepoel allume la première banderille dans les 22 mètres toulonnais mais perd le ballon au contact de Delon Armitage. Ce n'est que partie remise mais cette fois-ci, les "gros" vont se charger du boulot. A l'ancienne. La touche est récupérée premier sauteur et le maul avance, avance inexorablement jusqu'à une faute de Botha. Germain ne tremble pas et ouvre le score à 30 mètres à gauche des poteaux (3-0, 6'). Toulon tente de réagir avec ses 3/4 mais la défense briviste veille au grain et cantonne le jeu rouge et noir au près. La tension est palpable et chaque phase statique est synonyme d'accrochages, intimidations. A ce jeu-là, Bakkies Botha est un maître mais les brivistes ne reculent pas, ne baissent pas les yeux. Pire encore, le 2e ligne sud-africain doit céder sa place rapidement, on craint une fracture de l'avant-bras. Après Sheridan (forfait de dernière minute) et donc Botha, ça commence à être trop pour le pack varois qui souffre face à son homologue. Brive remet la pression dans le camp toulonnais et récupère une pénalité dans la bataille au sol. Germain ne tremble pas (6-0, 15'). Réaction immédiate de Toulon. Suite à une touche maîtrisée, l'attaque se lance et Mermoz déchire le rideau défensif du CAB qui se met à la faute. Wilkinson, en métronome, réduit l'écart au score (6-3, 18'). On rentre dans la deuxième partie de la première période et les avants cabistes vont offrir un récital à leur public. En défense, en attaque, en conquête, le 8 de devant corrézien va passer à la moulinette le pack toulonnais. Les champions d'Europe se mettent régulièrement à la faute et à force, la sanction tombe : carton jaune pour Castrogiovanni (33'). Mais avec toutes ces pénalités récupérées, il faut bien en faire quelque chose me diriez vous. Les gros font le travail de sape et le buteur fait le reste. Par trois fois (21', 27', 33'), Gaëtan Germain poursuit lui-aussi son récital et fait gonfler le score à 15-3. Toulon est asphyxié et ne trouve aucune solution pour parer le plan de jeu briviste. C'est à ce moment-là que le Stadium se transforme en fournaise : suite à une pénaltouche dans les 22 mètres toulonnais, le ballon est capté et gardé au chaud par les brivistes qui avancent encore et toujours. Ribes va au sol mais est relevé par ses coéquipiers qui l'envoient à l'essai, confirmé à la vidéo (38'). Le stade est debout et peine à croire ce qu'il voit en ce moment : son CAB mène à la mi-temps face à un Toulon méconnaissable 20 à 3 !!!

Guillaume Ribes a été la figure de proue du navire de guerre briviste appelé le 8 de devant

Seconde période : Toulon tente mais n'y arrive pas

Au retour des vestiaires, il y a quelques changements : au niveau de la météo où la pluie a fait son apparition (pas pour longtemps en vrai) et surtout au niveau de l'attitude. Après sûrement une soufflante maison de Bernard "Commandant Cousteau" Laporte, les joueurs du RCT montrent un autre visage qu'en première période. Ils tentent de revenir au score et ont l'occasion de le faire avec une pénalité gagnée dans le jeu au sol. Mais quand rien ne va ... Wilkinson est court sur sa tentative des 40 mètres et le score reste à 20-3 (45'). Et les maux sont toujours les mêmes : concassés en conquête (mis à part en touche où le CAB va connaître quelques soucis dans le deuxième acte), les toulonnais sont pénalisés et perdent leurs nerfs. Burden, le talonneur du RCT, "arrose" gaiement Riaan Swanepoel sur un ruck et est sanctionné d'un carton jaune (52'). Derrière, la mêlée briviste fait à nouveau l'effort et récupère une énième pénalité. Germain repart du bon pied après son échec sur l'essai et accroit le score (23-3, 57'). L'heure de jeu est atteinte et les équipes amènent du sang neuf pour apporter un plus. Mais ce sang neuf est stérile et les minutes s'écoulent. Les héros corréziens, à l'image de Ribes, Koyamaibole et Radikedike, sortent sous les vivas de la foule qui commence à sentir l'odeur de la victoire toute proche et elle aussi, va participer à la fête.

Face à cette défense en ligne et agressive, Michalak et les toulonnais n'ont pu développer leur jeu comme ils le souhaitaient

Pendant que le duo de centres Sanchou - Mignardi découpe tout ce qui passe dans leur zone (y compris Mermoz), le Stadium s'enflamme et tout y passe : Ici, Ici c'est la Corrèze; Qui ne saute n'est pas corrézien; Et ils sont où les toulonnais; et la désormais mythique ola pour six tours de stade. Vexés, touchés dans leur amour propre et leur orgueil, Toulon tente de sauver ce qui reste d'honneur. Suite au carton jaune de Sanchou pour un plaquage dangereux (72'), Toulon prive de ballons un CAB en mode défense et attaque à tout-va. Cette réaction va être récompensée avec un essai de Wulf en bout de ligne, transformé par Wilkinson (23-10, 76'). Toulon tente tout pour décrocher un bonus défensif miraculeux mais même à 15 contre 13 (en plus de Sanchou, Waqaniburotu sort blessé et ne peut plus être remplacé faute de remplaçants disponibles), rien n'aura fonctionné pour le club de la Rade qui termine son match par un en-avant à quelques mètres de l'en-but corrézien. Score final : 23-10 pour le CAB, emmené par un pack monstrueux qui a tout emporté sur son passage.

En bref

Autant la seconde période a baissé en qualité et en rythme, autant la première fût de loin la meilleure réalisée par Brive depuis bien longtemps. Le plan de jeu était simple mais dans ces conditions-là (ballon glissant, pelouse grasse), il a été redoutable d'efficacité. Le monstre à 16 pattes briviste a écrasé son adversaire qui a pris l'eau de partout et ne savait pas comment colmater les brèches. La 1ere ligne (Shvelidze - Ribes - Barnard) a fait un boulot monstrueux que Gaëtan Germain a concrétisé de la plus belle des manières (6/7 au pied soit 18 points au total). Toulon n'a pas existé malgré son équipe de stars internationales. Le RCT repart dans le Var avec des blessés (Sheridan et Botha), des gros maux de têtes, une troisième défaite d'affilée et une sortie du Top 6. Brive, avec cette victoire, remonte à la 9e place et possède 6 points d'avance sur le premier relégable Oyonnax (qui a vu son match à Biarritz reporté) et n'est qu'à trois points de sa victime du jour.

 

  

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Article rédigé par Rémi Brazon