Après la grosse performance réalisée contre Perpignan, il ne fallait pas retomber dans des travers passés pour le CA Brive. Des points devaient être ramenés de l'Isère. Avec un scénario des plus rocambolesques, Brive est allé obtenir un match nul plus que précieux, synonyme de victoire pour beaucoup. Avant la réception de Castres, champion de France en titre, que pouvons nous retenir de ce match ? La réponse est dans cette analyse.
Avec un effectif remanié, entre blessures et suspension, le CAB se déplaçait dans un stade où il est toujours difficile d'aller glaner des points. Brive a fait fort en allant faire match nul contre Grenoble 12-12 en ayant joué une heure en infériorité numérique. La façon employée pour aller chercher ce résultat montre que les joueurs brivistes ont passé un cap et peuvent peut être aller chercher un objectif qui paraissait impossible en début de saison : le Top 10.
Les points positifs de cette rencontre
Depuis le début de saison et même en comptant la fin de saison dernière, la force de ce groupe briviste est son état d'esprit. Mais ce samedi, nous sommes passés à un niveau supérieur. Réduits à 14 pendant une heure suite au carton rouge reçu par Sanchou, les joueurs ont plus que jamais fait un, tout en dominant des grenoblois surpris par cette combativité exacerbée dans le jeu et les intentions. Les joueurs le savent : tant que cet état d'esprit sera en eux, rien (ou quasiment) ne leur arrivera et ils pourront faire face à toutes les tempêtes futures qui s'annoncent. Le fighting spirit n'est pas que celte, il est briviste et gaillard.
Encore un match sans essai encaissé (le 3e en tout et le deuxième d'affilée). Énorme performance défensive de la troupe de Nicolas Godignon. Même si les grenoblois ont très mal négocié plusieurs surnombres, les cabistes ont plus que résisté face aux assauts des coéquipiers de Julien Caminati. Pendant leurs temps forts en seconde période, la défense faisait même reculer l'attaque du FCG tout en évoluant à un de moins. Tout comme l'état d'esprit, la défense est un des points forts de l'équipe et il faudra s'appuyer là-dessus dans les semaines à venir. Actuellement, la défense du CAB pointe à une honorable 9e place au classement tout en ayant encaissé 62 points à Toulon et 9 essais !!!.
Par moment privée de munitions, l'équipe a pu compter sur une conquête, certes chahutée par moment (notamment en mêlée en 1ere mi-temps), mais qui a su rectifier le tir. Que ce soit en touche, en mêlée ou dans les rucks, Brive a récupéré quelques ballons par ci, quelques pénalités par là (tout en étant un peu roublard !!!) qui ont fait du bien et ont permis d'occuper le camp grenoblois. Ensuite, vous poussez à la faute vos adversaires, vous réussissez vos pénalités et voilà comment vous obtenez un match nul à l'extérieur.
Au niveau individuel, le 8 de devant a réalisé un match monstrueux. Perdant leur cornac au quart d'heure de jeu et touché par deux exclusions temporaires (Leupolu et Asieshvili), les gros ont fait parler leur puissance, leur détermination et leur agressivité positive. Les Ribes, Caisso, Hirèche et autres Méla, Uanivi (et puis zut tous les treize, remplaçants compris !!!) s'en sont donnés à cœur joie pour plaquer à tour de bras, gratter le maximum de ballons, avancer au plaquage et casser le plaquage adverse en attaque. A ce petit jeu là, Sisa Koyamaibole s'est encore une fois distingué en permettant à son équipe d'avancer à chaque prise de balle. Comme un symbole, c'est lui qui sort en touche pour finir le match et tomber dans les bras de ses coéquipiers et entraineurs sur le bord de touche. En fin de contrat à la fin de la saison, il serait temps de lui proposer une prolongation de contrat, messieurs les dirigeants du CA Brive, non ?
Après les gros, parlons des gazelles. Même si cela a été un gros combat devant, les 3/4 n'ont pas donné leur part au chien. Plaquant, défendant et attaquant, ils ont été partout. Preuve en est, Grenoble a plus plaqué que Brive durant le match (124 contre 84) tout en faisant un nombre de passes équivalent (118-101). Swanepoel semble de mieux en mieux se plaire au poste de 10 et met sa ligne en mode marche avant sur chaque prise de balle. Mignardi, dit le bison, a fait parler sa défense et son expérience et les deux ailiers Namy et Mafi ont fait parler leurs jambes pour amener quelques frissons dans le dos des supporters grenoblois. Pour sa deuxième titularisation, et sans non plus avoir une tonne de munitions, Alfie Mafi s'est montré sûr en défense (délivrant quelques bouchons bien sentis) et transperçant en attaque. En deux courses en 2e mi-temps, il a amené le jeu dans les 22 adverses. Sa deuxième aurait pu se transformer en essai sans un retour in-extremis de la défense iséroise à quelques mètres de l'en-but mais cela débouchera sur la pénalité de l'égalisation de Gaëtan Germain. L'australien est en train de monter en puissance, de bonne augure pour la suite pour le CAB, des cauchemars en perspective pour les adversaires ?
Les points négatifs de cette rencontre
Le point noir de ce match, et vous l'aurez compris, est l'indiscipline. 2 cartons jaunes et surtout un carton rouge ont plombé le match des brivistes. Quand vous rajoutez les 2 cartons grenoblois, vous plombez définitivement un match. Karlen Asieshvili (et son adversaire Edwards) paye les nombreuses fautes en mêlées de la première mi-temps. Tamato Leupolu se fait à nouveau sanctionné pour un plaquage haut, c'est déjà la troisième fois pour ce type de gestes (Aurillac en amical, Toulon et donc Grenoble). Attention que cela ne devienne pas une -mauvaise- habitude. Reste l'expulsion de Thomas Sanchou. Bien évidemment, certains crient au scandale (surtout en voyant le traitement de faveur de Morgan Parra dimanche qui ne s'en sort qu'avec un jaune après avoir "arrosé copieusement" Gibouin mais pas sûr qu'il passe au travers des mailles du filet de la commission) mais la faute est là et la sanction est juste. Comme le relate Midi Olympique, Thomas Sanchou et Alexandre Ruiz se sont entretenus après la rencontre et ça s'est passé plus que cordialement, l'arbitre soulignant l'exemplarité du joueur briviste :
Je suis désolé mais je ne pouvais pas faire autrement que sortir le rouge. À la vision des images, avec le bras qui retourne le joueur, je n’ai pas le choix mais je n’ai mis que cela dans le rapport. Je n’en ai pas rajouté.
Espérons que la commission de discipline soit clémente et suive les directives de son arbitre.
Certes le match nul est un très gros résultat mais à force de passer près de la victoire à l'extérieur, il ne faudrait peut être pas le regretter à la fin. Le Racing, Montpellier, le Stade Français et maintenant Grenoble, Brive est passé tout près de ramener une victoire hors de ses bases lors de ses déplacements. Nous ne sommes pas loin à chaque fois mais dans un championnat toujours plus serré, une victoire à l'extérieur peut vous faire basculer dans un autre monde. Depuis le début de saison, seulement 7 victoires et deux nuls sont comptabilisés à l'extérieur, c'est dire. Mais peut être que la victoire briviste hors de la Corrèze est programmée pour le prochain déplacement à ... Clermont, qui sait ?
Koya par ci Koya par là, le fidjien n'a peut être jamais été aussi fort dans sa carrière (peut être lors de son passage à Sale et encore). Dans l'équipe type de chaque journée quasiment, il est l'homme fort du club, celui qui ouvre le passage dans les défenses adverses. Mais nous pouvons nous poser la question suivante : n'y a-t-il pas de Koyamaibole-dépendance au CAB ? Est qu'il y a un plan B en cas d'absence du colosse fidjien ? Ça mérite d'être posé car à un moment donné (comme le dirait Moscato dans "Le Fils à Jo" ou Canal +), il faudra bien le faire souffler et quand ça arrivera qui va endosser le rôle de perforateur ? Un week-end ça passe mais s'il se blesse, on fait comment ? Attention aussi à cette fameuse commission de discipline qui pourrait le convoquer suite à un geste limite dans un regroupement au début du match. Waqaniburotu suspendu 4 semaines, Sanchou suspendu (peut être au tour de 3 semaines ???), il ne faudrait pas que Sisa écope d'une suspension similaire (et vu son casier, il n'y aura peut être pas de jugement de clémence pour le fidjien) sinon le bon début de saison pourrait connaître un stop irrémédiable au vue du calendrier (à Clermont, Toulouse et Biarritz, à Oyonnax).
Que faut-il en retenir pour la réception de Castres ?
10e, 17 points, 1 point d'avance sur le premier relégable et 4 de retard sur le 6e. Quand on vous dit que c'est serré, ça l'est. Brive réalise un très bon début de championnat, au delà des pronostics d'avant-saison et peut être même au delà des siens. Mais tant que la roue tourne dans le bon sens, autant en profiter et récolter le maximum de points possibles. Comme l'a dit Julien Le Dévédec, ce qui est pris n'est plus à prendre. Une victoire contre le champion de France en titre castrais samedi et c'est l'assurance d'avoir deux semaines européennes reposantes avant le derby du Massif Central. Cela sera compliqué contre Castres mais contre qui cela ne l'est pas ? 4 victoires à domicile (avec 2 bonus) en 4 matchs à Pierre Antoine mais 4 défaites en autant de matchs loin du Tarn (avec 2 bonus défensifs). Le CO a deux visages lors de cette saison, espérons que ça continue samedi. Brive devra jouer sur ses forces collectives (conquête, défense, caractère) et individuelles (Koyamaibole, Swanepoel ...) pour vaincre les hommes d'Antonie Claassen qui effectuera son grand retour dans son Stadium qu'il a tant aimé et qu'il lui a toujours rendu.
Pour ceux qui n'auraient pas vu le résumé vidéo du match, voici l'extrait de Jour de Rugby
Article rédigé par Rémi Brazon 
Vannes
Provence Rugby
Nevers
Brive
Colomiers
Aurillac
Biarritz
