Top 14 analyse CA Brive - Toulon : le CAB doit trouver des solutions à ses problèmes

Brive et Toulon voulaient se rassurer vendredi soir mais la règle était connue de tous : un seul des belligérants allait regagner de la confiance perdue la semaine précédente. Le RCT a mis un gros coup derrière la tête de brivistes qui ont lutté avec leurs armes mais qui ont lâché inexorablement au fil de la rencontre. Est-ce juste un accident de parcours ou le mal est-il plus profond ? Tentatives d'explications.

Depuis le match de la saison dernière, Toulon était revanchard et voulait l'affront de ce dernier match en Corrèze. Brive voulait se servir de ce match pour enclencher quelque chose de positif et s'éloigner de la zone rouge. Mais la tempête s'est abattue sur Amédée-Domenech et elle a emporté tout ce qui était noir et blanc.

Les points positifs

Si la saison en Pro D2 a permis à l'équipe de trouver son public, ce lien joueurs / supporters a montré sa plus belle facette vendredi soir. L'état d'esprit qui se dégage du groupe a évolué tout comme le public briviste. La Pro D2 a rendu humble, "humain" tout le monde : le CAB n'a pas sa place à vie en Top 14. Après, il est vrai que quand ça gagne régulièrement, c'est plus facile d'encourager, de s'extasier. Mais vendredi contre Toulon, c'est le contraire qui s'est passé. Le RCT a fait parler toute sa puissance en l'emportant 53-13. Mais alors que le match était plié, le public aurait pu sifflé son équipe et partir avant la fin. Et bien non, il a encouragé jusqu'à la fin, par des chants, des applaudissements. Même scénario pour le tour d'honneur des joueurs brivistes. Cela ne console pas mais cela permet de soulager un peu un esprit un peu lourd et cela envoie un message clair : nous, supporters noirs et blancs, nous ne vous abandonnerons pas, même en pleine tempête.

Peu de rayons de soleil dans ce ciel noir de tempête mais quelques trouées de lumière. En difficulté depuis le début de saison car plus ciblé par les défenses adverses, Sisa Koyamaibole a retrouvé son abattage de la saison dernière. Dès les premières minutes, ses charges ont été dévastatrices. Le CAB a pu avancer derrière son fidjien et s'installer dans le camp toulonnais. S'il ne cassait pas les plaquages adverses et ne progressait pas de plusieurs mètres avec le ballon, il mobilisait plusieurs défenseurs qui ne se retrouvaient pas alors dans la ligne de défense. Un très bon match récompensé par un essai tout en rage et volonté. Pour la suite de la saison, Brive aura besoin d'un Sisa de ce calibre-là pour sortir la tête de l'eau. Il aura également besoin d'un très bon Guillaume Namy. Et pourtant le match contre Toulon ne lui a pas offert des tonnes d'occasions pour s'exprimer. Mais avec ce qu'il a eu, il a très bien fait. Confronté à une concurrence accrue avec l'émergence d'Alfie Mafi (actuellement blessé) et l'arrivée de Benito Masilevu, le catalan prouve qu'il a toujours sa place dans le XV de départ. Vif et déstabilisant en attaque, solide en défense et fiable dans le jeu aérien, il peut désormais couvrir plus que son poste d'ailier : il peut également jouer à l'arrière. Sa seule faiblesse est son passé de blessures. Ça se calme depuis quelques temps, espérons que ça continue !

Sisa Koyamaibole a retrouvé ses charges dévastatrices contre Toulon vendredi soir

Les points négatifs

Difficile d'évaluer précisément les points négatifs d'une défaite aussi lourde car c'est comme avec les dominos : dès que le premier tombe, les autres vont suivre le mouvement. Revenons sur quelques points qui ont précipité la chute briviste vendredi soir.

D'un point de vue comptable, ce 53-13 est la plus grosse défaite du CAB à domicile. Récemment, contre Toulouse (le 4/04/2009 : 42-10), contre Perpignan (le 27/05/2006 : 42-14) et contre Biarritz (le 5/12/2000 : 43-18), les visiteurs avaient franchi le pallier des 40 points inscrits. Lors du match de gala contre Auckland, le 22 février 1997, le score s'était arrêté à 47 à 11. Jamais en championnat, Brive n'avait encaissé plus de 50 points à domicile. En terme d'écart, il faut remonter au 6 février 1927 et un match contre Pau pour voir un écart aussi important : 34-0. Le record absolu reste ce Toulouse - Brive du 25 mars 2005 avec un 71-3 encaissé. A l'extérieur, Brive a subi plusieurs gros scores "mémorables" mais à domicile, cela reste rare malgré tout. Dans l'histoire centenaire du club, Brive a plus souvent été du bon que du mauvais côté de la fessée.

La discipline est toujours un problème récurrent à Brive. Contre Toulouse, cela avait été mieux mais la rechute est arrivé rapidement, trop rapidement pour déclarer le patient soigné. Et pourtant, le nombre de pénalité est en faveur des brivistes (7 contre 10) mais il a fallu d'un moment d'égarement pour faire basculer la rencontre. 25e minute, Brive bataille dans un ruck pour sortir la balle, Sébastien Taofifenua tente de ralentir la sortie, la défense briviste le repousse et c'est parti pour une explication entre Taofifenua et Marais. Pendant ce temps-là, Armitage a relancé, Toulon a attaqué et Toulon a marqué. L'essai est accepté après vidéo et Peet Marais est expulsé. L'expulsion est peut être sévère mais quand vous êtes le bonnet d'âne du Top 14 en terme de discipline, il faut se tenir à carreau le plus longtemps possible afin de ne plus attirer le regard du professeur. C'est encore manqué. Pour l'action de Marais, à vous de juger si le rouge est mérité ou pas :

Cela fait trois matchs que ça dure et ça commence à se voir un peu. Le jeu d'occupation du CAB pénalise fortement l'équipe. Contre Toulouse, le trio Huget - Poitrenaud - Fickou se sont régalés. A Bayonne, le duo Stewart - Spedding n'a eu de cesse de faire reculer le CAB dans son camp. Vendredi, le trio Mitchell - O'Connor - Armitage ont fait parler leurs jambes de jeu pour transpercer et apporter le surnombre sur les extérieurs d'une défense rapidement débordée. En plus de se délecter de ces munitions offertes, les toulonnais ont décelé une faille dans le dispositif défensif briviste : la couverture du rideau défensif. A coups de jeu au pied subtil derrière cette ligne, les toulonnais ont désorganisé, franchi et mis à mal la défense du CAB. Bien étudié à la vidéo, Toulon a tenté et réussi ce plan de jeu qui lui a permis de marquer des essais. La semaine prochaine, Brive affronte une équipe avec de gros relanceurs. Attention à ne pas répéter les erreurs du passé.

En conclusion

Premier lors de la première journée, dernier lors de la sixième journée : le décor a rapidement changé pour le CAB. Presque impérial la saison dernière à domicile (1 défaite et 1 nul), Brive vient déjà de lâcher deux rencontres à Amédée-Domenech. L'équipe est touchée mentalement par ce lourd revers alors qu'arrive Bordeaux dès samedi prochain. Vainqueurs à La Rochelle, les bordelais vont tenter d'enfoncer le CAB un peu plus dans le doute et la crise. Mais Brive doit réagir et ne pas effacer tout le travail mis en place et réussi depuis deux ans.

Article rédigé par Rémi Brazon