Top 14 analyse Biarritz Olympique - CA Brive : réussir une belle sortie désormais

Cette malédiction ne s'arrêtera donc jamais. Chose positive, elle sera mise entre parenthèses la saison prochaine a minima. Brive et ses supporters s'étaient mis à rêver de cette 7e place peut être qualificative pour la H Cup. A quelques minutes près, le CAB aurait préparé la réception d'Oyonnax en faisant tout pour accrocher cette place. Mais finalement, cette dernière réception sera juste l'occasion d'une grande fête entre joueurs et supporters brivistes. Que s'est-il passé dans cette partie contre le BO pour arriver à une nouvelle défaite à Aguiléra ? On tente d'apporter quelques pistes dans cette analyse.

Sans pression, Brive se déplaçait dans le Pays Basque pour y affronter un Biarritz qui s'apprêtait à fêter le départ de ses glorieux anciens. Les brivistes voulaient l'emporter pour effacer la défaite de l'aller mais aussi s'approcher de cette 7e place. Mais alors qu'à cinq minutes de la fin, Brive est devant, Yann Lesgourgues plante un essai assassin dans le dos des brivistes qui partiront frustrés et déçus.

Les points positifs

Si la première mi-temps n'avait pas été bonne du tout, la seconde fût bien meilleure. Le discours des entraineurs a sûrement été bénéfique. Les brivistes attaquent pied au plancher et acculent les biarrots dans leur camp. Multipliant les attaques, aussi au large qu'au centre, le CAB tente de trouver des failles dans une défense bien organisée de Biarritz. Malgré les charges de son trio fidjien Waqaniburotu - Koyamaibole - Galala, la défense plie mais ne rompt pas. Même si certaines offensives manquent de liant, sont un peu désorganisées, Brive va enfin trouver la faille. Sur un ruck, Seva Galala nous l'a fait "à la Vosloo" : départ dans l'axe du regroupement et essai au milieu des poteaux. Brive passe devant mais va se retrouver derrière au score à moins de cinq minutes de la fin. Malgré ce coup du sort, Brive va se lancer dans une dernière attaque pour arracher cette première victoire à l'extérieur de la saison en Top 14. Sanchou n'est pas passé bien loin mais a été repris à quelques centimètres de la ligne. L'action se terminera par une mauvaise transmission entre Méla et Mignardi. Si Brive avait joué 80 minutes comme cela, le match aurait basculé dans un autre camp. Mais on le sait bien, un match dure 80 minutes et non 40.

Sisa Koyamaibole et ses coéquipiers ont multiplié les attaques pour percer la défense de Biarritz

Si la deuxième mi-temps a été bien meilleure, l'apport du banc de touche n'y est peut être pas étranger. Mais vu les remplaçants, c'est tout sauf une surprise : Ribes, Le Dévédec, Hirèche, Péjoine, Sola et Mignardi sont des joueurs importants de l'effectif. Ce gain d'expérience couplé à un réveil des titulaires du match a rendu possible la victoire possible corrézienne en terre basque. Dommage que Romain Sola se soit blessé à l'épaule une dizaine de minutes après son entrée sur la pelouse. A la suite de cette blessure, l'effectif a été chamboulé : Sanchou en 9, Péjoine en 10, Ma'ilei et Mignardi au centre. Malgré ce dispositif inédit, Brive n'a pas perdu le fil de la rencontre et s'est donné toutes les chances d'empocher les 4 points. Malheureusement, cela n'a pas suffi et l'absence d'un buteur physiquement apte a été le coup le plus dur subi par le CAB en fin de match.

Avant de débuter la rencontre, une information a été officialisée : Brive est mathématiquement maintenu. Au début de la saison, pas grand monde ne voyait le promu se maintenir. Plusieurs mois après, les avis ont bien changé. Avec des résultats importants obtenus contre le Top 6 (globalement à domicile), Brive s'est forgé une identité et a gagné le respect de ses adversaires. Avec cette saison plus que réussie, les joueurs corréziens ont pu compter sur leur 16e homme, à domicile mais aussi à l'extérieur. Dans le passé, cette idylle n'est pas arrivée souvent et elle va se conclure en beauté dans une dizaine de jours contre Oyonnax où le stade Amédée-Domenech ne sera pas loin d'afficher complet. Oyonnax au même niveau que Toulouse, Toulon et Clermont : c'est dire s'il y a quelque chose qui se passe entre joueurs et supporters. Malheureusement, la 7e place s'est définitivement envolée. Pas grave, le CAB retentera sa chance la saison prochaine pour confirmer ce retour dans l'élite du rugby français.

Les points négatifs

Qu'arrive-t-il à la mêlée ? Le match entre Biarritz et Brive en est le parfait exemple (ou le mauvais). S'il y a quelques années auparavant, la mêlée était le lieu d'un combat féroce mais bénéfique à l'attaque, ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est un secteur dévasté aujourd'hui et en phase de disparition. Les instances tentent toutes les solutions pour rendre cette phase à nouveau offensive mais rien n'y fait : c'est une dévoreuse de temps et d'énergie. A Biarritz, la grande majorité des mêlées ont été instables et donc pénalisées. A force de pénaliser les deux camps à tour de rôle, Mr Marchat a sévi en donnant un carton jaune à Gomez Kodela et Lavergne. Aucune des deux équipes n'a pu développer du jeu derrière sa mêlée samedi. Ce match n'aide pas à la cause de cette phase de jeu, décriée par les plus hautes instances du rugby. Attention à ce qu'un serpent de mer n'apparaisse pas au grand jour : la disparition de la mêlée fermée.

Il y a eu du jeu, des intentions mais que de ballons tombés ! En étant méchant, nous allons dire que cette première mi-temps était une purge. Biarrots et brivistes sont tombés dans un faux-rythme que seul le retour aux vestiaires a cassé. Auteur d'un bon match la semaine auparavant à Toulouse, le CAB n'a pas réussi à emballer la partie et s'est fait malmené par le BO. Mais alors que les deux équipes évoluaient sans pression (Biarritz relégué et Brive maintenu), les joueurs des deux camps n'ont pas réussi à se libérer sur ces 40 premières minutes.

C'est le point noir de cette saison et de cette fin de saison. Encore une fois, l'indiscipline a torpillé les espoirs de victoire. Pénalisé en mêlée (comme Biarritz), Brive a connu un trou noir qu'il ne comblera pas malgré une meilleure seconde période. A 3-3, Briatte accroche le bras d'Harinordoquy lors d'une touche. En plus de la pénalité, le troisième ligne briviste écope d'un carton jaune. Lors de cette infériorité numérique, le CAB va encaisser 6 points, soit l'écart final au tableau d'affichage. En seconde période, alors revenus à trois points (9-6), les brivistes vont offrir une pénalité sur l'une des rares présences du BO dans le camp briviste.

Harinordoquy accroché dans les airs : l'action qui fait basculer la première mi-temps et peut être le match

Brive aborde les dernières minutes en tête et en position de force. Mener à Biarritz n'a pas dû arriver bien souvent dans l'histoire récente briviste mais cette fois-ci, la victoire semble se dessinait mais en deux actions, tout cela a été réduit à néant. La première intervient après une mêlée. Le pack briviste récupère une pénalité à un peu plus 40 mètres des poteaux basques. C'est une pénalité qui peut se tenter, à condition d'avoir un buteur à 100% physiquement. Malheureusement, la cuisse de Gaëtan Germain s'est réveillée et l'a empêché de tenter ce but. Jean-Baptiste Péjoine trouve une très belle touche dans les 22 mais Biarritz va récupérer la possession et lancer le contre. La deuxième action vient quasiment dans la foulée. Biarritz lance une attaque depuis leur camp, remonte le terrain jusque dans les 22 mètres brivistes. En position de drop, Damien Traille décide finalement d'attaquer la ligne et de jouer un coup de pied rasant. Comme l'a avoué Thomas Sanchou, le centre et Baptiste Delage ne se comprennent pas. L'ailier briviste n'est pas assez prompt pour aplatir dans son en-but et c'est Lesgourgues qui en profite. Avec cet essai, le BO l'emporte et Brive pourra nourrir des regrets quant à ces deux actions qui ont fait basculer le money-time dans le mauvais camp.

En conclusion

Franchement, est ce que le CAB arrivera un jour à gagner à Biarritz ? Toutes les séries ont une fin mais certaines durent longtemps, très longtemps (voire même durent encore). Heureusement pour Brive, leur bête noire préférée ne sera pas là au moins la saison prochaine. Le CAB a plus été dans la réaction que dans l'action. Après avoir manqué sa première mi-temps, les joueurs ont réagi dans le bon sens pour se mettre en position de gagner. Mais un dernier baroud d'honneur des biarrots offrira la victoire aux locaux. Brive sait où il devra s'améliorer pour la saison prochaine s'il veut continuer à progresser car la stagnation peut être très dangereuse (Brive il y a deux ans, Bayonne, Perpignan et Biarritz cette année en sont témoins).

Article rédigé par Rémi Brazon