Top 14 Brive - Montpellier : analyse du match

C'était le très gros morceau de ce bloc et il en a fallu d'un rien pour que Brive réussisse son examen de passage. Il s'en est fallu d'un rien (ou d'un poteau) pour que Montpellier rende la monnaie de sa pièce d'il y a un an au CAB. Au final, un match nul mais pas si nul que ça.

Les points positifs

Les bons côtés du match nul. Voyons le verre à moitié plein dans cette histoire. Dans ce bloc de 3 matchs à la maison, Montpellier est clairement le plus gros poisson. Le MHR est 2e au classement et restait sur une série de 8 victoires consécutives en championnat en plus d'être la meilleure équipe à l'extérieur. Accrocher la victoire face au MHR surtout s'il jouait lors des dernières semaines révélait presque du miracle mais le CAB a bougé cette équipe qui était venue avec ses stars (Haouas, Mercer, Reinach, Garbisi, Serfontein, Rattez, Bouthier ...) et est passé tout proche d'une victoire. Vu l'investissement mis dans la rencontre, il fallait rentrer avec des points. Brive décroche deux points quand dans le même temps, Perpignan (à Toulon) et Biarritz (au Stade Français) rentrent bredouille de leurs déplacements. Dans l'optique du maintien, cela fait toujours deux points de plus sur les concurrents directs. Si on ne connait pas l'objectif sur ce bloc, décrocher deux victoires paraissait jouable. Si victoire il y a face à Toulon, cela fera 10 points au compteur. Le match nul face à Montpellier et le bilan total seront alors des bons résultats en ce mois de février. Idéal pour attaquer le sprint final en Top 14.

Bonne prestation collective. Malgré l'écart au classement, Brive a fait jeu égal avec Montpellier. Les brivistes ont regardé les yeux dans les yeux les montpelliérains. Défensivement, rien de bien surprenant car les deux équipes sont les équipes qui plaquent le plus dans le championnat et elles l'ont démontré samedi avec 122 plaquages pour Brive et 130 pour Montpellier. Offensivement, Brive a mis en difficulté la défense de Montpellier par un jeu de mouvement. Si les mètres parcourus sont identiques, le CAB a fait plus de passes et de courses que le MHR. Et cela a failli faire mouche en seconde période. Si la seconde période était le moment faible de Brive, cela commence à être mieux depuis quelques temps, notamment à domicile. Les brivistes ont eu le ballon et l'occupation en seconde période. La conquête a été solide notamment la touche. Après la bonne performance collective face à Clermont, Brive en ajoute une seconde face à Montpellier. Si on espère la passe de 3, on espère également que cela se verra également à l'extérieur.

Joris Jurand. Quel changement de scénario en l'espace d'une saison pour Joris Jurand ! Il y a un an, Joris Jurand avait vécu un calvaire face à Montpellier qui avait identifié son point faible : le jeu aérien. Sauf que depuis plusieurs semaines, on note le passage d'un cap pour le briviste. Il est désormais beaucoup plus propre dans ce domaine, parvenant à mieux se placer au moment d'attaquer le ballon et à conserver la munition par la suite. Compte tenu de sa faculté à prendre de la vitesse quand il a les pieds au sol, l'arrière arrive à mettre son équipe dans l'avancée. Sur cette rencontre, Jurand est le joueur qui a effectué le plus de courses (12) et a parcouru le plus de mètres (78). Derrière Setareki Bituniyata (6), c'est le joueur qui a le plus cassé de plaquages (4). Définitivement, cette saison est un passage de cap pour l'ancien joueur de Montpellier qui gomme son point de faible sur le jeu aérien tout en conservant son pouvoir de relance. Il commence à devenir l'option numéro 1 au poste d'arrière.

Les points négatifs

Les mauvais côtés du match nul. Après avoir vu le verre à moitié plein, voyons le verre à moitié vide. Avec les défaites de Perpignan et Biarritz mais aussi celle de Clermont, Brive aurait pu (dû ?) faire la grosse opération du week-end. Si désormais, Biarritz commence à accumuler du retard, Brive ne s'est pas encore mis à l'abri de Perpignan. Ces deux points auraient fait du bien. Le CAB n'a pas été vraiment mis en difficulté durant la rencontre mais en première période, la discipline a fait mal avec de nombreuses pénalités en mêlée. Ces pénalités ont gardé Montpellier dans le match. En seconde période, c'est le manque de réalisme qui laisse le MHR dans la rencontre. Les brivistes auraient dû revenir avec des points de ce temps fort à l'entrée du dernier quart d'heure. Car avec à minima 8 points d'avance, ça change tout. Prendre un essai sur la sirène est frustrant au vu de l'engagement mis dans ce match. Pour la 2e fois de la saison, Montpellier est bloqué sous les 20 points. Brive a plus que contrarié cette équipe mais cela n'a pas suffi pour l'emporter.

Le jeu au pied d'Enzo Hervé. Si Joris Jurand est en train de passer un cap, Enzo Hervé ne parvient pas à tirer son équipe vers le haut. Si la défense n'est pas son truc (pourquoi chercher systématiquement à prendre les joueurs sur le haut du corps ?), son autre point faible est le jeu au pied. L'apport d'un spécialiste à temps plein dans le staff ne serait pas du luxe car ce jeu au pied a couté cher samedi mais comme dans d'autres matchs cette saison. En première période, la seconde pénalité réussie par Paolo Garbisi vient d'une pénaltouche non trouvée. Mais ce qui a le plus énervé le public samedi, c'est cette utilisation du jeu au pied dès que se présente une situation de surnombre ou d'avantage. Mais pourquoi ? Samedi, c'était flagrant que le jeu à la main a fait mal à la défense de Montpellier. Sur l'action qui se termine par un en-avant dans l'en-but, pourquoi tenter la transversale ? Il y a un 6 contre 3 à jouer ! A ses côtés, Hervé a Ratuva, Thompson-Stringer et Japaridze, certes des avants mais des joueurs qui ont une bonne technique et qui n'ont que 2 défenseurs face à eux. Depuis le début de la saison, Hervé abuse de ce jeu au pied sans que cela ne débouche sur quelque chose. Ce n'est pas dans l'ADN de cette équipe. Après la découverte, l'explosion et la confirmation, Hervé doit désormais gommer certains aspects de son jeu. Cela ne sera que bénéfique pour lui et pour le CAB.

En conclusion

C'est une question qui va rester sans réponse pendant un petit moment : 2 points perdus ou gagnés ? Quand on fera les comptes en fin de saison, on verra bien à ce moment là. Face à Montpellier, Brive a pourtant fait un gros match, en défense mais aussi en attaque. Il a manqué cette discipline ici, cette précision là mais après si Brive est dans le championnat du maintien, ce n'est pas pour rien non plus. Ce temps fort non concrétisé est l'exemple parfait de l'aspect du jeu où Brive doit rapidement passer un cap : il faut tuer le match quand tu en as la possibilité. Face à une équipe du calibre du MHR, si tu ne le fais pas, tu vas te faire punir. Brive doit se nourrir de ça pour désormais grandir rapidement et vaincre Toulon.