Pro D2 Brive - Grenoble : analyse du match

Brive passait un test de passage face à Grenoble. Brive l'emporte en se rassurant sur son jeu et sa capacité à produire. Mais il doit encore gommer pas mal d'erreurs et surtout évacuer ce stress qu'il s'est fabriqué tout seul. La Pro D2 est un marathon, pas un 100 mètres.

Dans les trois matchs regardés par la direction (au grand complet vendredi soir), Grenoble représentait le col hors catégorie de cette étape aux trois sommets. Les brivistes ont su prendre la tête et décrocher la victoire au sommet. Mais les dernières rampes n'ont pas été faciles à grimper, les adversaires étant toujours au contact. L'essentiel est fait malgré tout.

Les points positifs

La victoire par le jeu. Depuis le début de la saison, Brive n'était pas en crise de résultats. Certes, il manque bien quelques points pour que cela soit un très bon début de saison mais l'entame est loin d'être catastrophique. Disons que c'est plus une crise de jeu. Depuis trois matchs, Brive peine à produire quelque chose de cohérent dans le jeu. Le match de Grenoble était attendu surtout après la piètre sortie face à Dax. Forcément, face à Grenoble, la production a été meilleure, bon après, difficile de faire pire que face à Dax. Brive s'est retrouvé en attaque, dans le jeu, avec pas moins de 6 essais, 3 dans chaque période, avec de très beaux mouvements, parfaitement conclus en bout de ligne. En un match, Brive a fait ce qu'il a fait lors des trois derniers matchs. L'équipe voulait reconquérir le public. Sur une soirée, elle l'a fait mais il faudra continuer lors des prochains matchs, à domicile comme à l'extérieur.

Le contre en touche. Grenoble avait des ambitions en venant à Brive. Compte tenu du statut de Grenoble et la dynamique actuelle de Brive, rien de plus normal. Le FCG est resté dans le match et a posé pas mal de problèmes au CAB. Mais il y a eu un gros caillou dans la chaussure grenobloise : la touche. Le contre briviste a rayonné sur la partie. Esteban Abadie avait été le phare la saison dernière. Retief Marais a poursuivi son chantier cette saison, en étant rejoint par Sasha Gué. Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre. Depuis le début de la saison, c'était plus Gué qui a brillé. Face à Grenoble, Marais a été un cauchemar en chair et en os pour les talonneurs grenoblois avec 4 vols sur les 8 au total. Autant de munitions supprimées à l'attaque du FCG, notamment quand cela se situe dans les 22 brivistes. Posséder ce contre en touche et cette double menace va aider le CAB tout au long de la saison.

Des changements payants. Pour ce match face à Grenoble, Brive avait procédé à plusieurs changements, entre le remplacement de joueurs blessés et des retours de blessures. Mais il y a eu des choix forts comme celui de mettre Stuart Olding à l'ouverture. Jackson Garden-Bachop n'a pas un profil très offensif et peine à convaincre le public briviste. Olding fait parler son expérience et sa connaissance du rugby français et européen. Le nord-irlandais a parfaitement alterné entre jeu au pied, passe et attaque de ligne. Il a été décisif sur plusieurs essais comme son attaque de ligne pour fixer la défense sur le 2e essai ou son jeu au pied déposé pour l'essai de Bonneval. Il a aussi parfaitement suppléé Thomas Laranjeira dans le rôle de buteur après la pause. On peut également souligner le changement de capitaine avec Sitaleki Timani à la place de Ross Moriarty. Plus besoin de traducteur pour pouvoir échanger avec l'arbitre, ce qui fait plus professionnel sur le terrain.

Les points négatifs

Des erreurs coûteuses. Brive s'est imposé mais n'a jamais pu détacher Grenoble au score. Grenoble a su exploiter la moindre erreur briviste pour rester au contact, passer devant au score ou mettre une grosse pression en fin de match. En première période, derrière chaque essai briviste, il y a eu la réaction grenobloise. Le FCG mettait la pression dès le renvoi et le récupérait très souvent. En deuxième période, Grenoble a bien exploité le carton jaune de Timani avec un essai et revenir à 5 points. Dans le dernier quart d'heure, Grenoble fait preuve d'un gros manque de réalisme et ne parvient pas à marquer à l'image des courses de Dridi ou de l'action vendangée par Ezcurra. Mis à part le match contre Béziers, Brive n'est pas propre à domicile et laisse trop d'occasions aux adversaires qui y croient. Pour le moment, les visiteurs repartent seulement avec des regrets mais il va falloir corriger cela car le jour va arriver où les visiteurs repartiront avec la victoire.

Un stress palpable. Vous pouvez empiler les essais et les belles actions offensives et finalement jouer avec un stress pas possible jusqu'à la fin. Malgré 3 essais à 1 à la pause, Brive n'a qu'un point d'avance. Malgré 5 essais à 1 à la 50e, il n'y a que 12 points d'avance. Malgré 6 essais à 2, Brive ne s'impose que de 12 points. On a senti une équipe qui évolue sans beaucoup de confiance, assez nerveuse. Et ce stress se transmet aussi aux tribunes qui ne devaient pas très bien respirer pendant le temps fort grenoblois en 2e période. Le match a été marqué par de nombreux accrochages et pour s'accrocher, il faut être deux. Grenoble était frustré mais Brive était aussi stressé de voir un score serré et un match qui allait peut être lui échapper. Brive s'est mis tout seul dans cette situation. Brive s'est créé sa crise interne tout seul après Valence. Oui, la défaite n'était pas belle mais quand on y regarde de plus près, le promu a juste imposé son tarif maison (4 matchs, 4 victoires, 3 bonus offensifs, 30 points d'écart en moyenne). Quand on voit des joueurs expérimentés comme Ross Moriarty ou Saïd Hirèche relativement tendus sur les points d'affrontements, forcément, cela ne transmet pas de la sérénité. Brive doit retrouver de la sérénité et du calme dans les semaines à venir. Jouer avec du stress n'est jamais un bon signe sur la santé d'un groupe.

En conclusion

Offensivement, cette équipe a pris du plaisir avec 6 essais marqués dont 5 pour les 3/4. Les ballons ont bien circulé jusqu'aux ailes. Stuart Olding a été un parfait chef d'orchestre bien aidé par son second Sam Johnson. Brive n'a pas été aussi dépendant de son paquet d'avants comme en début de saison mais peut toujours compter sur un contre en touche très performant. Malgré tout, trop d'erreurs ont contribué à laisser Grenoble dans le match, qui est passé tout près de reprendre les devants à dix minutes du terme. Le CAB doit gagner en calme et maitrise pour la suite de la saison. Si l'équipe veut jouer quelque chose au printemps, il le faudra sinon cela ne sera pas suffisant.

Images : Canal+Sport