Samedi, il fallait avoir les nerfs solides pour assister à la rencontre entre Brive et le Stade Français. Le CAB jouait sa peau en Top 14 et est passé par toutes les émotions avant que le volcan n'explose finalement. Le coup de sifflet final a officialisé le maintien du CAB qui s'est battu jusqu'au bout. Une délivrance pour tout le monde.
La donne était simple au départ de la rencontre : une victoire bonifiée et le maintien est dans la poche. Mais en face, le Stade Français pouvait valider sa place directement en demi-finale et on a déjà vu des équipes s'effondrer sous la pression du résultat. Sauf que les brivistes vont se servir de cette pression pour se sublimer.
Les points positifs
Le maintien. La pression était grande sur les épaules du CAB ce samedi. L'avenir du club était en jeu et la marge d'erreur était infime. Mais pour obtenir son maintien, Brive a choisi la voie la plus directe, la plus "facile" à savoir une victoire bonifiée. Dans ce cas de figure, les brivistes ne dépendaient ni du résultat de Bayonne ni de celui de Grenoble. Tout s'est décanté en seconde période au moment où Brive était relégable. Inconsciemment ou pas, c'est quand les résultats étaient défavorables que Brive s'est envolé vers son objectif : le maintien. En se donnant une sécurité supplémentaire (le 4e essai signé Riaan Swanepoel), le CAB et son public ont pu vivre une fin de match un peu plus tranquille et moins stressante pour savourer ce maintien obtenu de haute lutte après 26 journées.
Le public. Les joueurs avaient demandé son soutien pour les pousser et les aider à battre le Stade Français. Le public briviste a parfaitement joué son rôle et bien plus encore. Tout a commencé avec les centaines de messages sur les réseaux sociaux (#TousGaillards) qui ont été affiché dans le vestiaire. Puis il y a eu cette haie d'honneur qui a donné des frissons à tous les participants. Durant la rencontre, les 13 612 spectateurs (plus grosse affluence de la saison) ont donné de la voix, ont stressé et ont exulté. Pour eux aussi, le coup de sifflet final a été une libération, une chance de pouvoir à nouveau lutter dans ce Top 14 toujours aussi dense. La saison prochaine, il sera encore mis à contribution mais les joueurs ont vu que même quand c'est difficile, le 16e homme est et sera toujours là. Avec peut être une haie d'honneur qui serait permanente ?
Les frissons sont au rendez-vous avec cette haie d'honneur
Les hommes clés. Le maintien est une œuvre collective mais pour arriver à l'obtenir, il faut avoir des moteurs dans sa boite à outil. A Brive, un quatuor se détache et sont les fers de lance de cette équipe. Devant, Sisa Koyamaibole et Saïd Hirèche, dans des registres différents, mettent l'équipe dans l'avancée. Toujours dans l'avancée, le puissant fidjien n'a eu de cesse de créer des brèches dans la défense parisienne (45 mètres parcourus, 1 franchissement, 3 défenseurs battus et 3 passes après contact) et son essai a mis Brive dans le droit chemin. Hirèche a fait du Hirèche : une défense remarquable (7/8 au plaquage), une présence accrue dans les zones de combat et une belle rampe de lancement en touche en l'absence de Petrus Hauman (meilleur preneur en touche briviste avec 5 prises). Derrière, s'il a été un peu moins précis qu'à l'habitude (3/5), Germain a tenté de percer la défense parisienne. C'est lui qui réussit un petit festival pour envoyer Radikedike en terre promise pour offrir le bonus offensif tant désiré. Arnaud Mignardi est le 4e mousquetaire. Son retour un peu inespéré à Toulouse a apporté un souffle nouveau dans l'équipe. Son esprit de combattant et une énergie décuplée après plusieurs mois d'absence ont stabilisé une ligne de 3/4 changeante match après match. "Bison" ne marque pas beaucoup mais quand il marque, ses essais valent cher. Un leader tant sur le terrain qu'en dehors.
Les points négatifs
Le manque de concrétisation. Cette séquence aurait pu coûter cher au CAB. Dans un temps fort après l'essai de Koyamaibole, le CAB campe dans les 22 parisiens et veut faire craquer le Stade Français avant la mi-temps pour se mettre sur la voie royale du bonus offensif. Tout semble aller pour le mieux avec le carton jaune adressé à Pascal Papé. Tout le monde se dit que Brive va profiter de cet avantage numérique pour enfoncer Paris ... Sauf que non. Le CAB choisit la mêlée et se fait pénaliser. Sachant que la mêlée est devenue dans le rugby moderne une roulette russe, la touche et un maul (comme sur le premier essai) aurait été une meilleure solution. Malgré cela, les brivistes vont revenir à la charge mais sans marquer. Un temps fort non concrétisé qui aurait pu amené du doute dans les têtes brivistes sans l'essai rapide de Mignardi après le repos.
Le départ des joueurs. Comme chaque année, les clubs voient partir certains joueurs pour faire la place à d'autres. C'est un peu le bémol des festivités d'après match du côté de Brive. Aucun hommage n'a été rendu aux joueurs quittant le club à l'issue de cette saison. Même si tous les départs ne sont pas encore actés, on savait déjà que Pat Barnard, Simon Pinet, Olivier Caisso, Russlan Boukerou, Kieran Murphy, Fabien Laurent, Damien Neveu, Riaan Swanepoel et Thomas Sanchou vont quitter le club. Mis à part Sanchou, que Saïd Hirèche a porté sur ses épaules pour un dernier tour de piste, aucun joueur n'a reçu les salutations du public. On ne demandait pas le même hommage qu'a rendu Liverpool à Steven Gerrard, son joueur et capitaine emblématique, mais un petit quelque chose n'aurait pas été de trop.
Thomas Sanchou a reçu un vibrant hommage lors du tour d'honneur
En conclusion
Le CAB voulait se maintenir et il l'a fait de belle manière. Il avait demandé le soutien du public et il l'a obtenu. Que ce soit dans les tribunes ou sur le terrain, les brivistes se sont mis à la hauteur de l'évènement. Tout l’éventail des émotions a été passé en revue, le CAB a été maintenu puis relégable ... mais finalement grâce à une grosse seconde période, Brive a assuré son maintien et une 10e place au classement. Si tout n'a pas été parfait cette saison, le Top 14 sera malgré tout au rendez-vous à Amédée-Domenech la saison prochaine.
Article rédigé par Rémi Brazon