Nous avions déjà eu un match référence à domicile contre Perpignan mais là, c'est le niveau au-dessus. D'une part, Brive affrontait le champion de France en titre Castres. D'autre part, la manière dont le CAB a joué samedi soir était proche du splendide. L'équipe, le public, tout a été réuni pour réaliser un cocktail enivrant. Beaucoup de choses positives, quelques grains de sable : voici notre analyse de la victoire de Brive contre Castres sur le score de 34-0.
Les deux équipes s’avançaient pour ce match avec des infirmeries chargées et l'arrivée de la Coupe d'Europe dans une semaine (la HCup pour le CO et le Challenge européen pour le CAB). Brive est allé empocher plus qu'un succès de prestige et est en train de suivre les traces qu'a laissé Grenoble la saison dernière : partir fort, assurer le maintien le plus tôt possible et se faire plaisir ensuite. Les quatre prochains matchs jusqu'à la fin de la phase aller en diront plus sur les ambitions que pourraient avoir ces brivistes qui font plaisir à voir jouer.
Les points forts de ce match
Que dire de ce match ? Comme nous l'avons dit dans le résumé du match, Perpignan avait tenu tête à Brive pendant un gros quart d'heure avant de céder et de craquer. Samedi, Brive a attaqué la partie avec un état d'esprit conquérant et une confiance peut être sublimée par les pépins physiques d'Alexandre Barozzi et d'Olivier Caisso. Les joueurs ont attaqué, défendu comme des lions, désorganisant totalement des castrais sonnés dès les premières minutes. Après le KO infligé en début de seconde période, Brive a su gérer son avance intelligemment, sans se mettre en danger tout en se montrant dangereux en attaque. Une performance XXL avec un plan de jeu respecté à la règle et une gestion digne des plus grandes équipes ou en tout cas d'équipes en confiance et sûres de leur jeu. Midi Olympique compare cette performance corrézienne au chef d’œuvre néo-zélandais en Afrique du Sud ce samedi. Peut être exagéré mais ça fait du bien à l'égo d'être comparé à l'équipe n°1 du rugby mondial depuis tant d'années.
C'est dur de dissocier les deux tant Brive a avancé dans ces deux secteurs-là. En attaque, Brive a constamment mis sur le reculoir la défense castraise. Au près, au large, avec les avants, avec les arrières, sur la conquête, aucun secteur n'a échappé aux brivistes. 127 passes contre 107 (et heureusement que la seconde période équilibre les choses : en 1ere période Brive 80 - 31 Castres, en 2e période Brive 47 - 76 Castres), 12 franchissements à 0 !!! 4 essais à 0 tout est dit dans ces chiffres : Brive a mangé son adversaire d'une façon rarement vu depuis de longues saisons (même la saison dernière contre des "petits", ça se passait beaucoup plus difficilement que ça).
En défense, c'est la muraille de Chine. 3 matchs consécutifs sans encaisser d'essais, 28 points seulement encaissés à Amédée Domenech en 4 matchs. La défense cabiste n'a laissé aucuns espaces aux attaquants castrais pour s'exprimer. Ils auraient pu jouer des heures durant sans pour autant trouver la faille. Pris par l'agressivité et la solidarité briviste dans les zones de combat (rucks, mauls, mêlées) ou sur les plaquages, Castres reculait sans cesse au contact et quand vous avez du mal à avancer à l'impact, cela sera difficile de l'emporter qui plus est à l'extérieur et contre une équipe qui ne lâche rien.
Brive a réalisé un match quasi parfait sans pour autant être au complet. Brive a un groupe complet et complémentaire et cela se confirme matchs après matchs. Shvelidze pas là, pas grave Coetzee (pilier droit à la base pouvant jouer à gauche) et Asieshvili (qui progresse à chacune de ses sorties en Top 14) sont là. Waqaniburotu en tribune (avec Briatte de retour sur le banc), Hirèche et Murphy font le boulot parfaitement et montrent que ce sont pas que des remplaçants. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres mais mis à part quelques exceptions, les joueurs peuvent s'interchanger sans que la production collective ne chute en qualité et en quantité.
Quand tout va bien dans un club, il faut en profiter pour s'occuper des contrats et ça commence bien du côté de Brive. Nicolas Godignon a prolongé son bail corrézien de 2 ans (+ 1 en option). Ses adjoints Casadéï et Carbonneau devraient rapidement suivre. Le cas des entraineurs étant réglé, place aux joueurs. Max Mamers a affirmé que 85 % de l'effectif est vérouillé jusqu'en 2016. Reste les 15 % restants. Les deux fidjiens de la 3e ligne, Waqaniburotu et Koyamaibole, sont pour nous les dossiers prioritaires. Vient ensuite le dossier Mignardi. D'après les informations qui circulent, le dossier Sisa est en bonne voie et Arnaud Mignardi se verrait bien rester en Corrèze. Il faudra régler les dossiers de prêt de Coetzee et Germain. Que veut faire le Racing de ces joueurs ? S'il y a moyen de les garder définitivement, veulent-ils rester en Corrèze ? En terme de transferts, tout peut aller vite dans un sens comme dans un autre. L'objectif majeur est d'assurer le maintien le plus rapidement possible comme ça, le staff et les joueurs auront de la visibilité sur le futur et auront plus de choix en terme de recrutement.
Comment terminer sans parler du public et de l'ambiance somptueuse au Stadium !!!11 200 spectateurs présents au stade, un scénario de match fou qui emporte avec lui les spectateurs présents dans les tribunes. Un public et une équipe unis depuis une fin de saison dernière sur les chapeaux de roues et sublimée par une finale d'accession à Bordeaux. En fin de match, les tribunes ont tremblé (comme le Virage Sud de Chaban Delmas au mois de mai) sous le "Qui ne saute pas n'est pas corrézien" mais que dire de cette ola interminable qui a embrasé le Stadium tout entier !!! Du jamais vu ici, sur le coup on se serait cru dans les plus gros chaudrons mondiaux de foot (Argentine, Mexique, Turquie, Grèce, Espagne, France, Allemagne). Un gros déplacement est prévu dans 3 semaines à Clermont et la réception de Toulouse devant les caméras de Canal + (pas de Rugby + à 18h30 mais sur C+ à 15h) s'annonce des plus bouillantes. On a hâte d'y être !!!
Les points faibles de ce match
Rien n'est parfait et heureusement, ça permet de se remettre au boulot et de continuer à travailler. Les quelques points faibles de ce match sont plutôt des avertissements à ne pas produire dans les échéances futures.
On en veut toujours plus même avec 4 essais marqués. Il y aurait pu en avoir plus si les surnombres avaient été mieux gérés. Au moins deux, trois ont été mal négociés mais dans une orgie offensive comme samedi, finalement, il n'y a pas de conséquence à les manquer.
Attention également aux coups de pied de dégagement sol-sol. Avec des terrains de plus en plus gras et humides, ces dégagements pourraient s'avérer mortels. Entre une glissade (finalement sans conséquence) et un dégagement contré, Brive s'est mis en danger tout seul. Samedi soir, de tout façon, tout a réussi aux brivistes y compris ça. Cela ne sera pas tout le temps le cas.
Brive est (était ?) considéré comme le "petit" du championnat avec Oyonnax. Mais avec 22 points en 9 matchs et une 8e place ex-æquo, il sera difficile de se cacher pour le promu corrézien. Les équipes vont de plus en plus se méfier surtout lors de leur déplacement au Stadium. Personne ne voudra se faire rosser comme Perpignan et Castres l'ont été. Les prochains matchs donneront un aperçu de ce changement de statut.
Brive évolue en confiance et s'améliore match après match. Arrive désormais le Challenge européen avec un déplacement à Calvisano et la réception de Newcastle. Ces deux matchs, avec sûrement une rotation importante de l'effectif, arrivent à un moment charnière de la saison. Certains joueurs vont pouvoir souffler (Buys, Koyamaibole) mais est ce que cela ne va pas couper l'élan corrézien ? Réponse dans trois semaines pour le déplacement à Clermont.
Que faut-il attendre du Challenge Européen ?
Le jouer ou ne pas le jouer ? Telle est la question. Ce n'est pas l'objectif prioritaire du club mais finalement comme à chaque fois, et comme à chaque fois, Brive joue le jeu et arrive à accrocher les phases finales en faisant tourner son effectif et en laissant du temps de jeu à de nombreux espoirs qui se montrent en équipe première. Brive arrive en confiance mais attention à ce que ce ne soit pas de la sur-confiance. Historiquement, les clubs français ont toujours du mal face aux clubs italiens et les déplacements dans la Botte se transforment en traquenard si on ne met pas les bons ingrédients dans la marmite. Brive devra se montrer, avant toute autre chose, sérieux et appliqué et cela se passera bien. Si le Challenge est joué sérieusement, l'affrontement contre Newcastle sera décisif mais nous n'en sommes pas encore là. Place au déplacement à Calvisano où, sans leur faire tort, une victoire bonifiée est plus que souhaitable.
>> Retrouvez notre second article de la journée sur Olivier Caisso et Alexandre Barozzi <<
Article rédigé par Rémi Brazon