Top 14 Aviron Bayonnais - CA Brive : l'analyse de cette défaite bonifiée

Contre Toulon, c'était un très bon match. A Bayonne, cela a été plus compliqué que ce soit pour Brive mais aussi pour Bayonne. Les défenses avaient décidé de rien laisser passer. Il a manqué un peu de folie pour emballer ce match et le décrisper. Brive a tenté mais il lui a manqué quelques outils pour réaliser le casse de sa saison. Retour sur cette rencontre avec cette analyse.

Une touche pas loin d'être en perdition totale, un match fermé à double-tour par les défenses, Brive a lutté pour rester dans la partie mais c'est Bayonne, sans être brillant mais en ayant plus d'occasions, qui remporte ce match important pour le maintien. Le CAB était venu pour mieux mais repart malgré tout avec le bonus défensif.

Les points positifs

Dans un match compliqué, cadenassé, privé de munitions et chez un concurrent direct au maintien qui était dans l'obligation de gagner, la défense et l'état d'esprit du CAB ont fait merveille samedi soir. Vu les conditions météo des dernières semaines sur la côte atlantique, ce n'est sûrement pas le bon terme à utiliser mais la défense briviste s'est dressée comme une digue face aux vagues bleues et blanches qui ont déferlé pendant 80 minutes. Les bayonnais ont de temps en temps franchi la ligne de défense mais l'état d'esprit de guerrier a permis au CAB de rattraper ces coups. Les cinq dernières minutes ont été particulièrement difficiles avec Bayonne qui a tout fait pour enfoncer la mêlée corrézienne et priver du même coup le CAB d'un bonus défensif important. Brive a défendu vaillamment, peut être un peu à la limite mais c'est finalement l'attaque de l'Aviron qui a commis la faute. Avec une défense et un état d'esprit comme celui de samedi, Brive peut traverser de nombreux temps faibles, de nombreuses mers hostiles sans subir d'importants dégâts. Mais pour atteindre l'objectif final, il faudra plus que ça pour y arriver.

Ce n'est peut être pas ce qui était prévu au début mais les joueurs brivistes se sont donnés les moyens de réaliser un gros coup dans la course au maintien. En première période, Brive a évolué à un niveau bien en-deçà de ses performances récentes mais n'a pas cédé le moindre pouce de terrain au score, il se permettait même le luxe d'égaliser à la sirène. La deuxième période fût mieux attaquée et là encore, Brive recolla immédiatement à la prise de contrôle bayonnaise. A 10 minutes de la fin, tout était en place pour une dernière banderille. Comme à Newcastle il y a quelques semaines. Nous connaissons malheureusement la suite.

Dans un mois très chargé, les entraineurs brivistes avaient décidé de faire tourner le XV de départ en laissant à la maison Ribes, Barnard, Koyamaibole et Laranjeira et en mettant Shvelidze, Swanepoel et Radikedike sur le banc. Si certains s'en sont sortis avec les honneurs comme Hauman (dans une position de numéro 8) impérial dans le jeu aérien, Sola dans son utilisation des ballons (en alternant passes et jeu au pied), Mafi par sa qualité de relanceur, d'autres ont eu plus de mal à s'exprimer. Nous allons exclure de cette liste Andrew Ma'ilei, sonné après à peine dix minutes de jeu suite à un contact avec Rokocoko. Asieshvili a eu du mal face à la montagne Tialata mais la montagne a tremblé également. Saïd Hirèche a été confiné dans un rôle quasi exclusif de défenseur, lui qui n'est pas maladroit balle en main. Globalement, les habituelles doublures ont effectué un bon match, certes un peu dans l'ombre et dans des tâches obscures, mais c'est dans ces moments-là qu'on se forge une mentalité à toute épreuve.

C'est le moment où on sort les calculettes. En sortant les barbelés en fin de match, Brive a fait plus que conserver un bonus défensif : il a gardé le goal-average particulier avec Bayonne. En cas d'égalité, Brive restera devant Bayonne car sur l'ensemble des deux rencontres, le CAB gagne 23 à 19. Cela vaut aussi avec Bordeaux et le cas de Perpignan est avantageux (ayant gagné avec le bonus offensif, Brive a de la marge avant d'aller en Catalogne). Au niveau de classement, Brive possède 2 points d'avance sur Perpignan et Bayonne, 6 sur Oyonnax qui a un match en plus à disputer. Si Biarritz avait la bonne idée de l'emporter le 15 mars, certains en Corrèze ne s'en plaindrait pas. Même si rien n'est fait (loin de là), le CAB a les cartes en mains pour se maintenir. Il reste huit matchs, 4 à domicile et 4 à l'extérieur, pour aller chercher ce maintien, objectif prioritaire du club.

Le classement est serré à tous les niveaux, aussi bien en haut qu'en bas

Les points négatifs

Quel contraste avec le match de Toulon. Les matchs se suivent mais ne se ressemblent pas. Impériaux en conquête il y a deux semaines, les brivistes ont coulé dans ce secteur. La touche a perdu de nombreux ballons, privant ainsi l'attaque de munitions très intéressantes par moment. La mêlée a été soumise à rude épreuve et a bien failli craquer en fin de match. La bataille des rucks a été rude et la 3e ligne Hirèche - Waqaniburotu - Hauman a eu du mal à soutenir la comparaison face à Chishlom - Puricelli - Haare. L'adversaire était de qualité et il faut le reconnaître mais Brive ne pourra pas se manquer deux fois de suite dans ce secteur qui est un de ses points forts. Le combat risque d'être rude à nouveau contre le Stade Français samedi soir surtout si le Stade a le droit d'aligner tous ses internationaux.

Le CAB s'est privé de nombreuses munitions en balbutiant sa touche contre Bayonne

Le constat avait déjà été fait à plusieurs reprises cette saison mais cette équipe manque clairement de puissance et ce, sur plusieurs lignes. La différence se voit clairement quand Sisa Koyamaibole n'est pas là. Les solutions sur le banc manquent quand il s'agit de trouver une solution de rechange au bulldozer fidjien. Jusqu'à l'heure de jeu, Brive est arrivé à maîtriser la densité bayonnaise mais quand le duo Lanta - Deylaud a décidé de faire entrer son duo de frigos américains Boutaty - Fonua, la donne a changé. Le rapport de force a complètement changé et basculé en faveur des basques qui n'ont eu de cesse de s'appuyer sur cette force pour d'abord récupérer la pénalité de la gagne et ensuite tenter de mettre l'essai décisif. Heureusement pour Brive, la charnière bayonnaise avait une autre idée mais pas la meilleure. Pour la saison qui arrive (en espérant qu'elle se déroule en Top 14), ce manque de puissance devra être comblé d'une manière ou d'une autre (transferts ou tactique différente).

Encore une fois, la victoire à l'extérieur se refuse au CAB. Mais qu'elle ferait du bien au classement car d'une part, elle effacerait la défaite à domicile contre Biarritz et d'autre part, elle offrirait un matelas de points un peu plus confortable que maintenant. Brive a du mal à transposer son jeu et son efficacité à domicile dans les autres stades du Top 14. Malheureusement, ceci est un mal ancien : le CAB a toujours eu du mal à s'imposer à l'extérieur en Top 14. Dans une saison où les victoires à l'extérieur se font rares, la solidité à domicile devient le maître mot. Avec un écart de points qui fait le yo-yo, Brive se retrouve systématiquement dans l'obligation de gagner au Stadium pour pouvoir accrocher le maintien. Attention à ne pas craquer une seconde fois car à ce moment-là, les occasions manquées de victoires à l'extérieur (Racing, Grenoble, Bordeaux, Bayonne) risquent de hanter les esprits corréziens pendant longtemps.

En conclusion

Le CAB est une nouvelle fois passé près d'un formidable exploit à l'extérieur mais Bayonne, concurrent direct pour le maintien en Top 14, s'est montré un peu plus solide pour l'emporter sur ses terres. Brive repart tout de même avec un bonus défensif mérité et surtout garde l'avantage en cas d'égalité au soir de la 26e et dernière journée sur son adversaire du jour. Un moindre mal au vu de la prestation compliquée de la conquête briviste, pourtant l'une des meilleures du championnat, qui a vécu un terrible jour "sans". L'attaque a essayé de se nourrir avec ce qu'elle pouvait mais s'est heurtée à la puissante et dense défense basque. La lutte va être compliquée jusqu'à la fin mais on l'a vu depuis le début, rien n'effraie les terribles guerriers corréziens.

Article rédigé par Rémi Brazon