Les duels entre Bayonne et Brive sont toujours des matchs âpres, physiques au score serré. Cette partie de la 5e journée du Top 14 n'a pas dérogé à la règle. L'Aviron garde sa suprématie sur le CAB à Jean-Dauger et confirme son bonus défensif ramené du Stade Français. Pour Brive, c'est l'heure des interrogations et de la remise en cause avant la réception de Toulon vendredi soir.
Photos : site officiel Aviron Bayonnais
Biarritz est peut être descendu en Pro D2 mais Bayonne est toujours là. Les déplacements dans le Pays Basque ne réussissent pas vraiment au CAB historiquement. Cela s'est confirmé samedi avec une défaite 23-6. Et pourtant, il y avait moyen de faire quelque chose. Mais Brive manque de constance dans ses performances en ce début de Top 14 et ses vieux démons rôdent encore et encore.
Les points positifs
La première mi-temps ne s'est pas passée comme prévu pour le CAB. Et pourtant. 10-0, 3 cartons jaunes et une infériorité de quelques minutes pour commencer la seconde période. Cela aurait pu être pire, cela aurait pu être mieux. Gaëtan Germain a manqué deux tentatives et Luafutu un essai soit un potentiel de 11 ou 13 points. Théoriquement, cela aurait pu faire 13-10 pour Brive à la mi-temps. Dans la pratique, une pénalité de Germain aurait changé la chronologie du match et donc le match. Sans être extraordinaire, le CAB est resté dans le match. Germain va permettre à son club de revenir à - 7 à deux reprises en seconde période. Tout était encore jouable, en place pour un "petit hold-up".
Il n'y a pas beaucoup de choses positives à retenir de cette rencontre mais on sent que certains joueurs commencent à monter en pression au fil des matchs. Après sa saison quasi blanche à Bordeaux, Poutasi Luafutu retrouve petit à petit son niveau de la Pro D2. En l'absence de Koyamaibole, sur le banc, il se retrouvait dans le rôle de perforateur, comme au bon vieux temps. Il a rempli son rôle tant en attaque qu'en défense. Que son essai aurait fait du bien à tout le monde. Mets de la colle la prochaine fois, Poutasi ! Arrivé en fin de préparation, Peet Marais fait plus que de faire son trou. Il s'impose en deuxième ligne. 5 matchs et 4 titularisations pour le sud-africain qui impose sa puissance et sa science du plaquage dans le Top 14. 11 plaquages contre La Rochelle (meilleur plaqueur), 10 contre Toulouse (meilleur plaqueur) et 9 contre Bayonne (2e) : la machine à plaquer sud-africaine ne renie pas à la tâche et s'impose d'abord en défense. L'attaque viendra à point quand la langue de Molière et les combinaisons seront parfaitement assimilées. Parmi les "anciens", on peut noter les bonnes performances de Petrus Hauman, Arnaud Mignardi et Guillaume Namy. Enfin, comme d'habitude.
Ici en duel face à Maestri, Peet Marais est en train de se faire un prénom en ce début de Top 14
Les points négatifs
Après le rebond la semaine dernière contre Toulouse, la conquête a de nouveau rechuté ce samedi à Bayonne. Les brivistes étaient au courant de la puissance de la mêlée bayonnaise. Cela n'a pas suffi. La mêlée corrézienne a subi et a fini par craquer avec un nouveau carton jaune récolté sur cette phase de jeu. Mais le plus inquiétant reste la touche. Où est passé cet alignement si conquérant de la saison dernière ? Certes, Julien Le Dévédec est parti mais ce n'est qu'un seul joueur. Il faut en faire le deuil et continuer à avancer. Brive a perdu la moitié de ses lancers samedi (42 % exactement) soit par mauvaise synchronisation lanceur-sauteur soit par la bonne lecture adverse. Le CAB a donc perdu beaucoup de munitions qui se sont transformées en occasions supplémentaires pour l'attaque basque. Une réaction d'orgueil est attendue mais non pas épisodiquement mais sur la durée.
L'alignement briviste est en difficulté cette saison mais rien n'est encore perdu
Nous continuons avec les maux récurrents du CAB en ce début de saison. Après la conquête, l'indiscipline. 4 nouveaux cartons jaunes qui portent le total à 11 en 5 matchs seulement. Cela fait un peu plus de 2 par match. Il est difficile de remporter la victoire avec déjà 2 infériorités numériques à gérer mais 4, c'est mission impossible. Et pourtant, le nombre de pénalités concédées n'est pas faramineux : 12 contre 10 (selon Opta). Mais dans ces 12, il y a trois fautes grossières : un piétinement (Pinet) et deux plaquages hauts sur O'Connor (Ma'ilei, Waqaniburotu). Depuis la saison dernière, l'ailier de poche bayonnais provoque beaucoup de fautes pour plaquage haut. Tout le Top 14 et ses défenseurs sont au courant. Mais ça marche encore. D'ailleurs, le troisième ligne fidjien du CAB peut s'estimer heureux de n'avoir pris qu'un jaune car celui-ci était un orange bien foncé. Dernier point : attention au nombre de cartons individuels. Kevin Buys, avec deux, est déjà sous la menace d'un match de suspension automatique au prochain avertissement.
L'attaque briviste a du mal à trouver de la constance en ce début de saison. Seulement 6 essais en 5 matchs mais surtout aucun lors des 3 défaites. Hasard ou coïncidence ? Et pourtant, ce n'est pas faute d'essayer. Les attaquants se créent les occasions mais sans parvenir à franchir la ligne, comme samedi où Luafutu échappe le ballon sur la ligne d'essai. Cette attaque a aussi une fâcheuse tendance à rendre trop rapidement le ballon au pied. Toulouse et Bayonne ont de très bons relanceurs et gestionnaires qui se sont régalés de ces offrandes, renvoyant systématiquement le jeu dans le camp briviste. En possession du ballon, Brive n'évolue pas en confiance. Cela se ressent. Seuls des exploits personnels permettent à Brive d'avancer sur le terrain mais sur les premiers matchs cela manquait de soutien. D'un point de vue collectif, la défense exploite ce manque de confiance en avançant et en repoussant l'attaque corrézienne. Si Brive retrouve sa confiance, il a les armes pour marquer des essais. Encore faut-il retrouver cette confiance perdue.
En conclusion
Le CAB a rechuté après sa performance contre Toulouse. Bayonne a de nouveau exposé les faiblesses actuelles du club corrézien : indiscipline, conquête et attaque. Brive est loin de son niveau de la saison passée mais il reste du temps avant de tirer la sonnette d'alarme. Une bonne série relancerait comme il se doit le club corrézien. Et si la série commençait dès vendredi contre Toulon, ça vous dit ?
Article rédigé par Rémi Brazon