Docteur Jekyll et Mr Hyde, tel pourrait être résumé la rencontre de samedi entre Montpellier et Brive. Deux visages, deux scénarios. Il y a à boire et à manger des deux côtés et donc les entraineurs ont de quoi travailler dans les jours et semaines à venir. Quels ont été les points positifs brivistes ? Les points à travailler ? Nous allons essayer d'apporter une réponse constructive dans cette analyse.
Les deux équipes n'arrivaient pas avec la même confiance et le même état d'esprit sur ce match. Montpellier devait enfin lancer sa saison en empochant au minimum une victoire mais l'objectif était la victoire bonifiée. Du côté de Brive, le job avait été fait la semaine dernière contre Bordeaux et les joueurs venaient dans l'Hérault pour faire un coup. Montpellier l'emporta contre Brive finalement 33 à 24 après avoir mené 33 à 3 à l'heure de jeu. Montpellier empoche les 4 points de la victoire mais le vainqueur moral n'est peut être pas celui que l'on croit.
Les points positifs
Comme depuis le début de saison, l'état d'esprit est excellent dans le groupe briviste. Annoncé relégué avant même le début de la saison, les joueurs montrent à chacune de leurs sorties qu'ils ne sont pas en Top 14 pour rien et ne vont rien lâcher jusqu'à la fin. Chaque équipe ne devra pas les sous-estimer sinon l'addition pourrait être salée pour eux. A l'image de ce dernier quart d'heure, Brive est une équipe fière et guerrière qui ne mourra que les armes à la main.
La défense, elle aussi, a été au rendez-vous au stade Yves du Manoir. Malgré 3 essais encaissés (dont un essai de pénalité et un non valable), elle a colmaté quasiment toutes les brèches qu'ouvraient les montpelliérains comme par exemple ce sauvetage à trois sur Trinh-Duc qui filait à l'essai. Dans une première période à sens unique où Brive était privé de ballons et asphyxié, le CAB s'est appuyé sur sa défense de fer pour résister aux vagues bleues et ça a bien marché car à la mi-temps Montpellier, malgré de nombreuses occasions, ne menait que 12 à 3. La suite a été plus difficile mais la défense a maintenu l'équipe à flot tant qu'elle le pouvait.
Avec ce scénario, on peut affirmer que la préparation physique a été bien réalisé et que les joueurs l'ont pleinement assimilé. Alors que Montpellier n'avait plus de jus pour faire le dernier quart d'heure, Brive a lâché les chevaux et a inscrit trois essais qui ont mis un doute monumental dans la tête des montpelliérains. Un 21-0 qui aurait pu être encore plus conséquent avec quelques minutes en plus tant le MHR ressemblait à un fantôme. Espérons seulement que ce n'est pas le pic de forme des brivistes et que cette fraîcheur physique soit présente jusqu'au mois de mai.
Avec un effectif chamboulé, les automatismes étaient certes moins présents mais les joueurs ont montré que l'effectif était complet. Thomas Sanchou a réalisé une première apparition sous le maillot briviste plus que correcte, Briatte confirme match après match qu'il faudra être costaud pour le sortir du groupe, Laranjeira, dans une position de premier centre, a constamment cherché à franchir la ligne d'avantage et a tenu le choc défensivement, Ferrères amène une envie et une expérience au poste d'arrière non négligeable. Les habituels titulaires (Le Dévédec, Koyamaibole, Sola, Germain) ont apporté du sang neuf et une nouvelle énergie qui coïncide avec le gros temps fort briviste en fin de match.
Les points négatifs
Pour la première fois de la saison, la mêlée a vécu un calvaire samedi contre une des meilleures du championnat. Pas aidé par les nouvelles directives arbitrales (on va en reparler), la mêlée n'a pas pu servir de piste de décollage à l'attaque briviste. Après deux sorties où les brivistes sont sortis vainqueurs de leurs affrontements contre le Racing et Bordeaux, Brive est tombé sur un os. On va invoquer la thèse de l'accident, du jour sans.
Même si la défense a été mise à rude épreuve et a tenu le choc, la défense au large a souffert et a laissé beaucoup trop d'espaces. Comme contre La Rochelle, c'est un point faible de la défense briviste. Radikedike et Namy se sont trop souvent retrouvés seuls contre plusieurs attaquants adverses et même si les brèches ont été colmaté, beaucoup de forces ont été laissé dans cette bataille et en deuxième période, ces forces manquaient dans les jambes des ailiers brivistes.
L'indiscipline a coûté très chère au CAB. 4 cartons jaunes et un nombre très important de pénalités ont permis à Montpellier de prendre le score et de s'installer durablement dans le camp briviste. C'était trop pour pouvoir espérer faire un résultat à l'extérieur.
Sans le manque de réalisme de Thomas Laranjeira, le match aurait pu être tout autre. En manque de confiance dans les tirs au but depuis le match contre Carcassonne en janvier, le jeune buteur briviste est dans une mauvaise spirale et espérons que le déclic arrive le plus vite possible pour lui et pour l'équipe.
Maintenant, on s'attaque au gros morceau qui ne concerne pas forcément Brive mais comment passer à côté : l'arbitrage. Réuni en stage la semaine dernière (donc après deux journées ce qui est très logique !!!), les arbitres ont reçu de nouvelles directives concernant les nouvelles règles surtout en mêlée. Par exemple pour deux fautes successives, ce n'est plus deux bras cassés mais un bras cassé et une pénalité. Forcément les pénalités tombent plus vite et les cartons aussi. Montpelliérains et brivistes s'en sont rendus compte samedi : 6 cartons jaunes au total (4 pour Brive et 2 pour Montpellier) dont certains qu'on cherche encore (Pinet écope d'un jaune alors qu'il reçoit une manchette de Privat et 4 points de suture à la lèvre, Faamausili écope d'un jaune pour être rentré trop tôt en mêlée). L'arbitrage de Romain Poite, arbitre international si l'en est, n'a pas été bon et a manqué clairement de clairvoyance et de pédagogie. Le match aurait gagné en continuité sans être haché en permanence par les trop nombreux coups de sifflet. Que dire des énormes bourdes arbitrales de la fin de match ? La première est le troisième essai du MHR. Sur la dernière passe, Trinh-Duc sert Sicart qui va aplatir. Sauf qu'avant d'aplatir, Mr Poite siffle et arrête le jeu et signale un en-avant de passe. Son arbitre de touche le conforte dans sa décision mais pour en être sûr, il fait appel à la vidéo. L'en-avant est confirmé (Bertrand Guillemin et Aubin Hueber le confirment également) sauf que Mr Borreani n'est pas du même avis et valide l'essai !!! Qu'importe la position des mains, si le ballon va devant c'est en-avant point barre, c'est ce qu'on apprend dans toutes les écoles du rugby du monde entier. La deuxième est juste grotesque. Alors à 14, Jim Hamilton se blesse. Victime d'une entorse à la cheville, il ne peut plus poser le pied par terre (un soigneur le soulève par le short pour soulager son pied meurtri) et doit sortir sauf qu'il n'y a plus de changements disponibles et donc Montpellier doit terminer à 13. Et là miracle (ou supercherie en restant soft) Hamilton sort pour saignement et Privat le remplace !!!Comment le corps arbitral peut se faire avoir de la sorte ? Il n'y a pas besoin d'avoir fait 10 ans de médecine pour faire la différence entre une entorse et un saignement. Brive peut se sentir flouer par les décisions arbitrales et on en serait à moins. A 15 contre 13, Brive aurait pu en profiter pour aller arracher un bonus défensif miraculeux. On dit souvent que les décisions s'équilibrent sur la saison, on verra bien mais du côté de la Corrèze, on risque se rappeler pendant longtemps de l'arbitrage de Mr Romain Poite.
Conclusion
En résumé, l'esprit de combattant (fighting spirit) a fait merveille samedi soir et a permis à Brive de revenir de Montpellier avec des certitudes. Certes la défense au large a souffert, la mêlée a connu un jour sans mais que ce soient les remplaçants habituels ou les titulaires réguliers, l'équipe a tourné sans trop d'accrocs. Ils n'avaient rien à perdre et ils ont failli gagner gros en y croyant peut être un peu plus en première période. Mais le gros point noir de la partie restera l'arbitrage. Espérons que la cartonite aigüe se calme et ne contamine pas tous les terrains du Top 14 et qu'enfin la vidéo prenne les bonnes décisions et arrête de hacher le jeu toutes les cinq minutes.
Article rédigé par Rémi Brazon 
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