Pro D2 Brive - Biarritz : analyse du match

Ce huitième de finale face à Biarritz a été gagné mais que de stress tout au long de la rencontre. Du stress, de l'émotion, de la passion, de la peur et son brin de chance. Une chance qui sourit aux audacieux. Les audacieux n'ont pas dominé la saison mais sont au rendez-vous de la phase finale. A partir de maintenant, une nouvelle saison commence.

C'était un vendredi chargé, à l'image du week-end de Pentecôte, entre la qualification pour la phase finale et l'hommage rendu à Saïd Hirèche. Cela s'est un peu mélangé, surpassant un peu ce que les joueurs peuvent supporter. Mais cela a offert un scénario assez fou et dans une dernière journée, c'est tout ce qu'on demande !

Les points positifs

La qualification. Brive a été mal embarqué toute la saison avec beaucoup d'irrégularité et de résultats en dents de scie. Et puis, un peu venu de nulle part, Brive se remobilise et parvient à pousser à la faute Mont de Marsan et Nevers qui perdent de gros points à domicile et surtout ne parviennent pas à les récupérer à l'extérieur. Et voilà que Brive va gagner à Vannes et se retrouve en pôle position lors de cette dernière journée. Le CAB sait ce qu'il doit faire pour décrocher le dernier billet pour la phase finale. Ce billet n'a pas été facile à obtenir mais il est là et la saison se poursuit. L'objectif du club est de revenir au plus vite en Top 14 et pour cela, il faut intégrer la phase finale. C'est une première étape qui a été réalisée vendredi. Désormais, il faut passer tour après tour et se rapprocher toujours un peu plus d'un retour en première division.

Les avants. A Vannes, les 3/4 ont été performants et ont parfaitement complété la performance des avants notamment dans les phases de conquête. Vendredi, les avants sont allés chercher cette victoire bonifiée. Ce n'était pas du jeu spectaculaire, plutôt du jeu à l'ancienne mais un jeu qui a fonctionné. Le jeu dans l'axe et en puissance a permis d'avancer et de gagner les duels dans la défense biarrote avec notamment un Ross Moriarty qui a posé de gros problèmes à chacune de ses prises de balle. Sur les 4 essais marqués, 3 sont l'oeuvre des avants. Lucas Da Silva a été à la conclusion d'un maul qui a terminé dans l'en-but. En deuxième période, les avants du banc se sont mis en lumière avec Taniela Sadrugu qui joue rapidement une pénalité à la main à 5 mètres pour marquer en force. Asier Usarraga a amené son sens du combat et du sacrifice. Benjamin Boudou a été solide en touche et marque l'essai décisif. Cette saison, Brive est assez dépendant de la performance de ses avants et la deuxième unité n'en est pas à sa première tentative pour obtenir une victoire bonifiée en fin de match (comme face à Rouen par exemple).

Les points négatifs

Trompés de combat ? Est ce l'enjeu de la rencontre ou est-ce le contexte avec la dernière à domicile de Saïd Hirèche ? Ou est ce un peu des deux ? Alors que le public a rempli le Stadium et avait mis les petits plats dans les grands, on a jamais senti une équipe maitre de son sujet. On a plutôt vu une équipe tendue et stressée. Arnaud Méla voulait voir ses joueurs réaliser une grosse entame pour amener le public avec eux. En début de match, le public était plus focalisé sur l'hommage à Saïd Hirèche qu'autre chose. Sur le terrain, les accrochages ont été nombreux, preuve de la nervosité ambiante entre une équipe de Brive jouant pour la phase finale et une équipe de Biarritz jouant pour le maintien en Pro D2. Brive a eu du mal à faire le break dans la rencontre et a bien failli se faire surprendre juste avant l'heure de jeu. Lors des dernières minutes, on sent une équipe qui n'arrive pas à trouver la solution et un banc (joueurs + staff) ayant plus l'esprit à Nevers qu'à Brive. Au final, c'est passé mais désormais, il va falloir mieux maitriser ses émotions et ses nerfs car le niveau de pression va augmenter match après match surtout qu'en plus, cela va se jouer à l'extérieur. Donc sans le soutien des supporters brivistes (même s'ils vont se déplacer en nombre à Béziers).

Les 3/4. Si les avants ont fait un gros match, les arrières sont un peu passés à côté. La charnière a été moins performante qu'à Vannes et la paire de centres n'a pas pu s'exprimer correctement. Avec une équipe de Biarritz qui a proposé un bon volume de jeu et pas mal de mouvement, la défense briviste a laissé trop de liberté aux attaquants basques. Les 3/4 ont été loin d'être impériaux en défense avec de nombreux plaquages manqués (4 pour Johnson, 3 pour Olding, 2 pour Bonneval et Krone). Et pour ne rien arranger, les blessures sont venues toucher la ligne avec Mathis Ferté évacué sur civière au bout d'un quart d'heure de jeu et Stuart Olding touché à la main sur l'essai biarrot. Deux joueurs très importants pour l'équipe et donc incertains pour le déplacement à Béziers. Que cela soit pour la phase finale et pour la saison prochaine, Brive va devoir trouver de la traction arrière car il sera impossible d'être performant avec seulement une traction avant.

En conclusion

La marge d'erreur était fine si ce n'est inexistante. Brive n'avait qu'un point d'avance sur ses poursuivants donc finalement rien. Le meilleur scénario était de l'emporter avec le bonus offensif. Cela a été fait et cela a provoqué une immense joie pour l'obtention du dernier billet de la phase finale. Mais que cela a été difficile pendant plus de 80 minutes. Si le score se termine à 34-10, le ressenti est finalement inférieur au 24 points d'écart. Brive ne se détache vraiment que dans les 20 dernières minutes mais sans avoir été brillant dans le jeu. Les avants ont fait un travail de sape qui a fini par être récompensé. Place désormais au barrage du côté de Béziers avec une grosse pression mais aussi avec une partie de la pression évacuée : celle de rendre un bel hommage à Saïd Hirèche. Ca, c'est fait, désormais, passons à autre chose et cherchons à prolonger la saison le plus possible.

Images : Rugby+