L'analyse de la saison 2023/2024 du CA Brive en Pro D2

Même quand on est champion, une saison n'est jamais parfaite et heureusement car cela permet d'avoir des points à corriger. Brive n'a pas été champion et a donc des choses à corriger. La saison a été chaotique et la phase finale offre une récompense à l'équipe. Mais cela montre aussi ce qu'il manque pour viser plus haut.

A Brive, on avait pris l'habitude de remonter en Top 14 dès la saison suivante. Mais cette fois, il faudra faire au moins une deuxième année en Pro D2. Le groupe s'est désormais ce qu'il doit faire pour être mieux placé même si le challenge sera différent avec d'autres équipes et des effectifs différents dans chaque club.

Les points positifs

Une 6e place encourageante. La préparation de la saison n'a pas été simple, le déroulement de la saison aussi mais au final, Brive a obtenu un ticket pour la phase finale. S'il est vrai que les pronostics donnaient Brive grand favori de la saison, disons qu'ils se sont enflammés et avaient surtout misé sur le fait que le CAB était l'équipe reléguée du Top 14, sans vraiment se soucier des très nombreux départs de l'intersaison. Avec de grosses pertes, sans oublier un changement d'entraineur en cours de saison, être dans le top 6 n'était pas gagné d'avance. Dans la deuxième partie de saison, Brive a couru après son retard et il a fallu réaliser une grosse fin de saison pour se mettre en position de qualifiable. Après la victoire à Vannes, il fallait terminer le boulot mais là encore, comme lors de la saison, cela a été une galère pour se qualifier. A la toute dernière seconde, le destin bascule en faveur du CAB. Ce n'est pas passé loin du côté de Béziers pour atteindre le dernier carré mais au final, cette place de barragiste est un point positif sur la saison, compte tenu des nombreux handicaps accumulés durant la saison.

Des bases maitrisées. On a senti cette tendance dès le match d'ouverture à Agen. Brive allait miser beaucoup sur ses avants et sa conquête. Quand le plan A a fonctionné, Brive était presque inarêtable. Dans le jeu, Brive a pu s'appuyer sur la puissance des avants, aussi bien les titulaires comme les remplaçants. Au niveau de la conquête, le CAB avait le meilleur combo touche/mêlée. La mêlée a été celle qui a obtenu le plus de pénalités et le contre en touche a été un enfer pour les alignements adverses. Esteban Abadie est parti mais Retief Marais, Sasha Gué et Renger Van Eerten ont pris la relève. Pour réussir cette saison, Brive s'est appuyé sur les bases, à savoir donc la conquête, le jeu d'avants et aussi la défense. A domicile, elle a été intraitable avec seulement 176 points encaissés soit 12 de moyenne par match. Et avec un total de 12 essais encaissés soit moins d'un par match. Les bases ont été là mais il a manqué ce petit quelque chose pour aller au delà et être un peu moins prévisible.

Les jeunes au rendez-vous. La saison dernière, les jeunes ont très rapidement été mis sur le devant de la scène en raison d'une cascade de blessures. Ainsi, on a vu débarquer des Sasha Gué, Léo Carbonneau, Tom Raffy, Mathis Ferté entre autres. Cette fois, il n'y a pas eu de cascade de blessures mais Brive est parti avec un effectif réduit et donc les jeunes allaient avoir plus de temps de jeu. Tandis que des Carbonneau et Ferté ont confirmé, d'autres ont pris une autre envergure comme Renger Van Eerten. Nicolas Krone s'est imposé en fin de saison à l'arrière. Benjamin Boudou et Hugo Reilhes ont apporté dès leurs premiers matchs. Dans une saison où il a fallu bricoler pour obtenir le nombre suffisant de JIFF, les Espoirs ont joué parfaitement leur rôle pour aider l'équipe sur le terrain et dans les comptes. Il faudra confirmer la saison prochaine avec toujours cette composante JIFF à prendre en compte avec peu de marge de manoeuvre pour le club. Donc les Espoirs auront des opportunités de se montrer.

Les points négatifs

Trop de hauts et de bas. Quand on observe la saison du CAB, on se dit aussi qu'il y a des regrets car que cela soit au milieu de la saison (décembre/janvier) ou la fin de la saison, Brive est capable de bien jouer au rugby, de gagner des matchs et faire une grosse série. Si Grenoble y est arrivé (avec là aussi de nombreux handicaps), Brive pouvait y arriver. Mais voilà, Brive a connu trop de hauts et de bas, n'a jamais pu arriver à trouver la bonne carburation, la bonne alchimie, le bon plan de jeu pour arriver à mettre toutes les choses en place au bon moment. La qualification en phase finale est presque un petit miracle, entre les baisses de régime de Nevers et Mont de Marsan (notamment à domicile) et le petit miracle de la qualification à la dernière seconde face à Biarritz. Pour viser plus haut, il faut éviter de faire le yo-yo toute la saison. C'est ce qui a coûté cher au CAB pour premièrement se qualifier et deuxièmement obtenir la meilleure place possible parmi le top 6.

Une attaque à mettre en place. Avec son jeu d'avants très puissant et sa maitrise des bases, Brive avait de solides fondations. Mais mis à part ce plan A, il a aussi manqué un plan de secours. Paradoxalement, les meilleurs marqueurs d'essais du club sont des 3/4 avec Mathis Ferté (12 essais), Léo Carbonneau (8) et Asaeli Tuivuaka (7). Mais voilà, Brive n'a jamais vraiment aimé prendre le jeu à son compte et n'avait pas vraiment un jeu offensif et une ligne de 3/4 dominatrice. Il y a eu des manques à certains postes tout au long de la saison et il a manqué cette huile pour fluidifier les rouages. A domicile, Brive s'est certes appuyé sur une grosse défense mais l'attaque était à la peine avec seulement la 8e attaque en général et la 7e en terme d'essais marqués. Cela fait des années que Brive se cherche en attaque et cette première saison en Pro D2 n'a pas permis d'apporter de la confiance. Si Brive veut jouer les premiers rôles, l'attaque et les 3/4 devront se montrer à la hauteur car les avants et la défense ne pourront pas tout faire tous seuls.

Un recrutement à revoir. La descente a fait très mal et c'était presque couru d'avance. Comment si peu d'arrivées pouvaient compenser cette vague de départs ? Brive avait perdu trop de joueurs importants pour pouvoir être compétitif. Surtout que plusieurs recrues n'ont pas apporté ce qu'elles devaient normalement apporter. Pour certains comme Sitaleki Timani, Adrien Pélissié et Rahboni Warren-Vosayaco, il y a eu la blessure qui fait que la copie est incomplète. La charnière a eu du mal à répondre aux attentes. Le énième retour de Julien Blanc à Brive n'a pas eu les effets escomptés. Jackson Garden-Bachop ne s'est pas imposé en 10 et n'avait pas vraiment le style de jeu pour réussir à Brive. Avec seulement un match disputé, le recrutement de Mathieu Brignonen reste à ce jour un mystère. Le recrutement de l'été dernier a manqué à la fois de qualité et de quantité. Le manque de JIFF a aussi fait mal et le nombre de non JIFF a impacté le bilan de la saison et l'impactera encore lors de la saison à venir.

En conclusion

Au début de la saison, il y avait les optimistes qui se trouvaient dans le même camp que les journalistes. Et il y avaient les prudents. Nous faisions partie du deuxième camp compte tenu de la balance des transferts et d'un effectif un peu bancal. Obtenir un barrage était une bonne chose. La saison a été dans notre sens. Il y a eu de bonnes choses, de bonnes périodes et puis, il y a eu des difficultés, des périodes creuses. A certains moments, Brive était une équipe du top 4 mais à d'autres, c'était une équipe de milieu de tableau. La fin de saison a permis d'apporter de la joie, de l'envie et de l'espoir à tout le monde avec un scénario de dingues lors de cette ultime journée. Pour une équipe peu habituée à jouer des matchs de phase finale (mis à part quand elle évolue en Pro D2), c'était une bonne chose de goûter à ce match de barrage et notamment de le jouer à l'extérieur. Cela permet de voir que jouer à domicile donne un léger avantage. Pour réussir une meilleure saison, Brive doit posséder un plus gros effectif, plus équilibré, avoir une saison plus rectiligne et jouer un jeu plus complet.

Images : Canal+Sport