Interview de Régis Lespinas de retour en France et en Top 14 à Oyonnax

Comment juges tu tes deux expériences (en tant que professionnel) à Brive ? Un club dans lequel tu n'as malheureusement pas pu percer.

J'ai avec Brive une histoire particulière. C'est mon club de cœur que je suivais lorsque j'étais tout gamin et que je continue à suivre avec une attention toute particulière encore aujourd'hui. Je suis parti jeune de Brive pour Montpellier où on m'assurait d'avoir du temps de jeu en Top 14. Avant cela, j'avais gouté à la Pro D2, au Top 16 puis au Top 14 avec le CAB aux côtés de joueurs exceptionnels et j'ai réussi à marquer quelques essais tout de même. Ensuite, je suis revenu il y a 3 ans de ça. J'ai découvert une ambiance de vestiaire exceptionnelle, c'est d'ailleurs ce qui nous avait permis de nous maintenir. J'ai eu la chance de participer à des matchs énormes comme le derby gagné face à Clermont ou le 1/4 de finale de l'Amlin Cup contre le Munster. J'ai quitté Brive à la fin de cette saison un peu à contre cœur...

Après avoir connu pas mal de clubs en France, tu te retrouves sans poste à la fin de la saison, un moment difficile à vivre ?

J'ai discuté avec quelques clubs mais ça a trainé en longueur... Donc pas facile à vivre effectivement mais c'est le lot de pas mal de joueurs aujourd'hui. Tout le monde veut venir jouer dans notre championnat et notamment les plus grandes stars du rugby mondial, donc les places se font de plus en plus rares et chères.

Et là, tu décides de partir en Nouvelle-Zélande (avec ta compagne) pour tenter ta chance, un coup de tête ou une décision mûrement réfléchie ?

Je pensais à une expérience à l'étranger depuis quelques temps et là le timing était parfait, c'était le moment pour moi de tenter quelque chose de particulier. Ma situation en France m'a incité à prendre les choses en main et c'est la solution que j'ai choisie. Ce n'est pas la plus facile mais la plus excitante ! Quoi de mieux que de partir dans le temple du rugby pour se prouver et prouver à tout le monde tout ce dont je suis capable pour continuer à évoluer au plus au niveau.

Rapidement, tu fais ton trou à Hawke's Bay aux côtés notamment de Zac Guilford. Qu'est ce que ça fait d'évoluer à côté d'All Blacks (présent et futur) ?

Les joueurs là-bas sont impressionnants de talent, de créativité, ils ont une telle décontraction par rapport au match et au rugby en général que d'évoluer à leurs côtés m'a fait un bien fou ! Mais pour être honnête, je me suis autant régalé avec le club amateur dans lequel j'ai évolué ! Je jouais juste pour le plaisir sans penser au résultat, à un éventuel contrat. Des choses que l'on oublie parfois dans notre championnat professionnel.

Le rugby est une religion là-bas ? Qu'est ce qui diffère par rapport au rugby de l'hémisphère Nord ?

Là-bas tout le monde parle de rugby, au travail, au restaurant, en terrasse, partout... Les néo-zélandais grandissent avec un ballon de rugby dans les mains, les enfants ne jouent qu'au rugby dans la cour de l'école, le dimanche dans les parcs les gens se réunissent pour faire des touchés... Le rugby est partout là-bas.

Les phases finales du championnat (ITM Cup) se sont déroulées sans Hawke's Bay mais vous avez remporté le Ranfurly Shield ? Que représente ce trophée aux yeux des kiwis ?

Nous avons effectué avec les Magpies les phases finales de l'ITM Championship. Pour revenir sur le Rainfurly Shield, c'était un moment incroyable ! Et une soirée incroyable aussi... C'est le plus vieux trophée de Nouvelle Zélande qui existe depuis plus de cent ans, et surtout le seul qui compte réellement aux yeux des supporters...

Rêvons un peu : à la fin du championnat, une franchise néo-z te propose de participer au Super 15, tu fais quoi ?

Il faudrait être fou pour refuser ça !

Du rêve à la réalité, après quelques semaines de vacances en Australie, tu reviens en France et rapidement tu signes à Oyonnax, ça a du bon la Nouvelle-Zélande ?

Partir là-bas pour quelques mois m'a permis de rester disponible au cas où une opportunité se présente. Je suis content de pouvoir revenir dans le Top 14 et je pense que le fait d'être parti a montré à tout le monde la volonté que j'ai de réussir dans mon sport et tout ce que je suis capable de faire pour y arriver... Après, Oyonnax a eu un blessé et était à la recherche d'un joueur, moi j'étais disponible et prêt à commencer ! C'est du gagnant gagnant.

Sauf que tu es passé du maillot de bain au bonnet... On t'a envié quand tu étais sur les plages australiennes mais maintenant un peu moins vu tes photos sur Twitter (neige, déneigeuses etc etc). Pas trop dur de perdre beaucoup de degrés d'un coup ?

Heureusement que je suis passé par l'Australie pour aller un peu à la plage ! C'est quand même mon troisième hiver d'affilée et celui d'Oyo va être plutôt rude...

As tu encore des contacts parmi les joueurs du CA Brive ?

Oui, j'ai gardé de bons contacts avec certains joueurs dont Arnaud Méla mais aussi avec les nouveaux comme Fabien Laurent avec qui j'ai évolué en cadets, crabos et Espoirs au CAB.

Rentré en fin de match à Toulouse, tu pourrais faire ton grand retour en Top 14 contre le CAB, comment abordes tu ce match ?

C'est pour moi, tout simplement un plaisir de retrouver ce Top 14 et je compte bien profiter de chaque minute qui me sera donnée sur le terrain. Pour parler plus particulièrement de ce match, c'est toujours un moment particulier pour moi de jouer contre Brive. Mais une fois le match commencé tout redevient normal.

Un petit pronostic sur le match ?

Je vois bien une victoire d'Oyonnax avec un point de bonus pour Brive. Pas mal comme ça non ?

Le match retour pourrait être très chaud à Brive si une des deux équipes voire les deux ne sont pas assurées du maintien ?

Je n'avais pas pensé à ça ! Oui ça pourrait être drôle mais j'espère que les jeux seront faits à ce moment là et que les deux équipes seront sauvées. Elles le méritent avec ce début de saison qu'elles effectuent !

En cadeau, ton entraineur avait annoncé il y a quelques semaines que ça serait compliqué de venir gagner à Oyonnax quand il y aurait 30 cm de neige sur la pelouse plus les ours. Tu quittes la France avec les loups (allusion au LOU) et tu le retrouves avec les ours. As tu ton permis de dressage d'ours ?

Je crois qu'ils ont mis une bâche sur le terrain donc il n'y aura pas de neige, en tout cas pas sur le terrain... Mais c'est pas pour ça que ce sera facile de venir gagner ici ! J'ai eu quelques soucis pour dresser les loups, j'espère que je serai meilleur avec les ours... L'ours est un animal plus franc donc j'ai bon espoir...

Un petit mot pour des gens de Brive qui te connaissent et qui vont lire l'interview ?

Je ne sais pas si vous allez faire le déplacement mais si c'est le cas je vous donne une petite liste de ce qu'il ne faut pas oublier (pneus neige, chaînes, doudounes, gants, bonnet, bouillotte, thermos de vin chaud). Avec tout ça vous devriez survivre !!!