Que deviens tu Lucas Pasteau ? Les premiers pas dans le rugby #1
Publié le mardi 14 novembre 2017 à 06:00

Pour ce nouvel opus de "Que deviens tu ?", nous avons souhaité donner la parole, non pas à un ancien joueur professionnel ayant évolué au CABCL mais à un ancien pensionnaire de l’école de rugby du club. En effet, certains jeunes, à 22 ans, ont déjà une vie bien remplie. En particulier, Lucas Pasteau dont beaucoup de supporters de l’équipe pro ont entendu parler, ont été émus par son histoire et ont acheté et porté le bracelet en caoutchouc blanc et noir, frappé à son nom.

Pour Lucas, en un instant, tout a basculé le vendredi 20 mai 2011, lors d’un entraînement, l’accident, bête, stupide, brutal, survient. Quelques jours plus tard, le verdict tombe : compression de la moelle épinière et luxation de cervicales. Cet adolescent de 16 ans est tétraplégique complet.

Courant juin, il part pour le Centre de rééducation de Montpellier où il restera jusqu’au 3 août 2012. Durant cette année, il a choisi de se battre "à mort" contre l’adversité, pour récupérer le maximum d’autonomie. Pendant ce temps là, un élan de solidarité se met en place. Le monde du rugby, que se soient les instances officielles à travers la Fondation Albert Ferrasse, celles du club et de l’école de rugby ou des supporters anonymes, veut être présent autour de Lucas et de sa famille.

A l’occasion de son départ de la présidence de l’association du CABCL, en 2015, Alain Dubois, alors qu’on lui demandait, au cours d’une interview, quels étaient ses mauvais souvenirs de sa présidence, il répondit qu’il n’en voyait qu’un, l’accident de Lucas Pasteau mais il rajoute : Ce drame m’a aussi permis de découvrir un jeune et une famille au courage et à la mentalité exceptionnels.

De tout cela, Lucas nous en parlera beaucoup mieux, avec ses mots et son cœur.

 

Alors Lucas tu as la parole mais avant d’aborder l’accident et ta vie d’après, parles nous de tes débuts au rugby, à quel âge as-tu commencé à jouer ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans, à Malemort. A 14 ans, j’ai décidé de rejoindre le CAB, en Cadets première année, afin de progresser un peu plus vite et de me confronter à ce qui se faisait de mieux pour mon âge. J’ai donc joué au rugby pendant 10 ans, sans discontinuer. Je tiens ici, à rendre hommage à tous mes éducateurs et entraîneurs de mes 2 clubs de cœur.

 

Qu’est ce qui t’a donné envie de jouer au rugby ?

Tout petit, mon père m’emmenait voir les matchs du CAB, j’avais 2 ou 3 ans. Un peu plus tard, mon petit frère est venu avec nous. Nous avions un abonnement en tribune Europe. Je me souviens aussi que j’avais des albums Panini avec toutes les photos des joueurs du CAB. C’est tout naturellement que j’ai voulu pratiquer ce sport. A l’époque, mon père avait une relation de travail qui était entraîneur à Malemort. Il m’y a donc inscrit. J’ai tout de suite accroché. J’aimais courir, m’amuser et l’ambiance avec les copains. J’aimais tellement ça que j’étais souvent le dernier à sortir du vestiaire et je me faisais fâcher par mes parents. A partir de 12 ou 13 ans, j’ai commencé à lire et à collectionner les Midi Olympique.

 

L’école de rugby, comment ça fonctionne ?

Lorsqu’on est petit, on a, en général, 1 ou 2 entraînements par semaine, basés essentiellement sur le jeu. L’apprentissage est avant tout ludique. Plus on grandit et plus le temps et le nombre d’entraînements augmentent. Ils deviennent alors de plus en plus techniques mais le but reste toujours de s’amuser et de prendre le plus de plaisir possible. L’école de rugby nous enseigne l’importance de l’équipe, l’humilité, la solidarité et le courage. Le chacun pour soi n’a pas lieu d’être. Je me suis fait de très bons copains à l’école de rugby et pour la plupart, on se voit encore pour faire la fête et passer de bons moments.

 

Tu m’as dit que tu as intégré une classe de sport étude. Comment rentre-t-on dans une telle classe ?

Les joueurs sont repérés lors de rencontres départementales ou interrégionales. Ils sont alors conviés à une journée de détection où ils passent des tests physiques puis sont évalués au rugby. Seuls une trentaine d’entre eux ont la chance d’accéder au pôle. Il arrive aussi qu’un joueur, en fonction de son âge, rentre directement en deuxième ou en troisième année. Pour ma part, j’ai intégré la première année du pôle Espoir d’Ussel, durant la saison 2010/2011. Le pôle était alors dirigé par Stéphane Ferrière assisté de Sébastien Zanetti, les entraîneurs à l’époque.

 

Comment se déroule la vie là-bas ?

Le pôle Espoir d’Ussel regroupe des jeunes du Limousin et de l’Auvergne qui sont hébergés en internat et mélangés avec d’autres lycéens en classe. Nous avions 2 entraînements quotidiens, associant la technique individuelle, le rugby, de la musculation ou des séances d’athlétisme. Le mercredi avait lieu une grande séance d’opposition avec les deuxièmes et troisièmes années. Nous avions aussi à disposition un médecin et deux kinésithérapeutes. Les salles de cours, de musculation et le terrains sont réunis sur un même lieu, ce qui permet de gagner du temps et d’éviter de la fatigue inutile. Tout est fait pour que l’on soit dans des conditions optimales. La réussite scolaire occupe une place importante et même si, parfois, l’emploi du temps est aménagé, certains entraînements pouvaient être remplacés par du soutien scolaire assuré par Madame Buday. Je tiens beaucoup à citer ce professeur d’histoire et de géographie qui est très dévoué aux joueurs du pôle et qui m’a aidée après mon accident et qui exerce encore aujourd’hui. Son rôle est très important car le début de l’année est très dur pour les joueurs de première année car ils sont en opposition avec des joueurs d’un an ou deux leurs aînés. C’est toutefois très intéressant car cela pousse à se dépasser et à progresser encore plus vite. L’objectif d’une telle structure est de former de futurs professionnels et de futurs internationaux dans les catégories jeunes et seniors pour les meilleurs.

 

Pendant cette période, continuais-tu à t’entrainer au CAB ?

Oui, je continuais mes entraînements au club. Ma mère me récupérait au train le vendredi soir et m’emmenait à l’entraînement. J’avais, en général, un match le week-end.

 

Quel était, pour toi, le cursus que tu aurais aimé avoir ?

Au niveau rugbystique, mon objectif n’avait pas changé. Depuis tout petit, je voulais devenir professionnel. Au niveau scolaire, je souhaitais intégrer une école de kinésithérapeutes. Il faut savoir que mon statut de sportif de haut niveau me dispensait de passer le concours d’entrée.

 

As-tu envie de dire autre chose, concernant cette période là ?

J’ai de très bons souvenirs de cette année là, tant au niveau rugbystique que de l’ambiance. Il est vrai qu’on a pu faire pas mal de bêtises mais il vaut mieux que je n’en parle pas et que je les garde pour moi. Je me suis fait aussi de très bons amis comme Thibault Estorge et Pierre Rude qui étaient à l’ASM et maintenant à Aurillac, Corentin Astier qui est toujours à l’ASM et Antoine Broyde qui était au CAB et maintenant à Tulle. On essaye de se voir dès qu’on peut. Certains d’entre eux ont réussi à devenir professionnels comme Romain Briatte et Pierre Rude à Aurillac, Etienne Falgoux à l’ASM, Julien Farnoux à l’USAP ou encore Fabien Sanconnie à Brive, pour ne citer qu’eux.

 

Demain, retrouvez la deuxième partie de cet entretien avec Lucas où il évoque le moment où tout a basculé.

 

Jean Elhinger, Chroniqueur
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