Même si la notion de derby est relative, Brive était attendu du côté d'Aurillac. Et les cantaliens ont appliqué un jeu simple mais efficace pour mettre à mal le CAB qui n'avait pas les bons outils pour s'en sortir à Jean Alric. Brive continue de ne pas avoir les armes à l'extérieur.
Le déplacement promettait d'être chaud dans le Cantal. Aurillac avait ciblé la rencontre et avait besoin de points pour s'éloigner de la zone rouge. Brive a été trop imprécis et pas avec la bonne tactique pour pouvoir ramener ne serait-ce qu'un point de ce déplacement. Nouveau déplacement à vide pour Brive.
Le point positif
La mêlée. Peu de choses ont fonctionné vendredi soir à Aurillac pour Brive. Mais s'il y a bien quelque chose qui a marché vendredi, c'est la mêlée. Face à un adversaire redoutable depuis le début de la saison, Brive a, non seulement, conservé toutes ses mêlées mais a surtout réussi à faire plier son adversaire, remportant plusieurs pénalités dans ce secteur de jeu. La première offre une pénalité malheureusement manquée par Thomas Laranjeira. Une autre continue le temps fort à 5 mètres de la ligne aurillacoise qui aboutira à 3 points pour le CAB. Les deux dernières pénalités obtenues en mêlée ne déboucheront sur rien car entre une pénaltouche sur les 22 et une pénaltouche non trouvée, Brive ne concrétisera pas cette domination. Les avants du CAB ont dominé ce secteur du jeu mais n'a pas réussi à tirer avantage de cela. Bien dommage au vu des conditions météo, il y avait moyen de faire bien mieux.
Les points négatifs
La touche. Si la mêlée a fonctionné, l'autre composante de la conquête a connu un sacré trou d'air. Si Brive a fait le boulot au niveau du contre avec 3 ballons volés (dont certains par l'inévitable Sasha Gué), c'est surtout sur ses propres lancers que Brive s'est manqué. En première période, tout allait bien. En deuxième période, tout est allé de travers. Issam Hamel est apparu déréglé en seconde période, manquant notamment des lancers importants dans les 22 mètres aurillacois qui auraient pu permettre à l'équipe de se remettre dans le droit chemin et rendre la seconde période plus passionnante. En tout, Brive manque 4 lancers (pas droits ou trop longs) et rend ainsi facilement le ballon à Aurillac qui n'en demandait pas tant. Il y a des soirs comme ça où rien ne veut fonctionner.
Le jeu au pied. Si la touche qui passe au travers, c'est assez peu commun à Brive, on sait qu'il y a un secteur qui fait défaut à l'équipe et ça depuis plusieurs saisons : le jeu au pied. Peut être serait il judicieux de faire venir un spécialiste extérieur à temps plein pour renforcer le staff (un peu comme Alex King mais réellement à temps plein) car ce match à Aurillac a montré les carences de l'équipe. Aurillac a fait ce qu'il a voulu et le plan de jeu a été parfait. Antoine Aucagne a rayonné, bien secondé par David Delarue, Anderson Neisen et Marc Palmier. En plus de parfaitement placer les coups de pied, Aurillac a été propre dans les réceptions de coups de pied. Au contraire de Brive qui n'a cessé reculer à chaque coup de pied, tout en se montrant fébrile à la réception, commettant de nombreux en-avants. Brive s'est aussi manqué dans les pénalités, entre une pénalité manquée (alors qu'Aurillac réalise un 6/6) et des pénaltouches non trouvées. Dans un match hivernal, si vous ne pouvez pas compter sur votre jeu au pied, vous ne pouvez pas gagner le match, surtout si vous devez faire la course au score.
Les choix tactiques. Tactiquement, Brive s'est manqué vendredi à Aurillac. Il ne fallait pas être un expert en météo pour savoir quelles conditions de jeu allaient être présentes à Jean Alric. C'est connu d'avance : pluie, vent, froid et un terrain bien gras. Un bon match d'hiver comme on n'a plus l'habitude d'en voir (la faute à la multiplication des pelouses hybrides à la place des pelouses naturelles). Donc c'était sûr que le jeu au pied allait être déterminant et qu'il fallait recentrer les débats devant. On occupe le terrain et on pilonne dans l'axe. Classique, pas spectaculaire mais efficace. Brive a sûrement trop voulu élargir les débats. En ce sens, l'absence de Sitaleki Timani fait mal. L'entrée de Taniela Sadrugu a fait du bien par sa puissance, peut être une titularisation en 3e ligne aurait été mieux pour amener plus de poids et de percussion dans cette ligne qui en manque. On peut le critiquer pour son jeu mais son jeu au pied aurait pu faire du bien à Aurillac. Après coup, la charnière Vasil Lobzhanidze - Jackson Garden-Bachop avait les atouts pour répondre à Aurillac. Ainsi, on pouvait déplacer Stuart Olding au centre et ainsi avoir une alternance au pied pour occuper au pied entre Garden-Bachop, Olding et Laranjeira. Dans ces conditions de jeu, il faut parfois oublier le temps d'un match ses principes de jeu et revenir aux basiques. D'ailleurs, en tout début de saison, Brive dominait outrageusement ses adversaires devant et en puissance. Dommage d'avoir perdu cette domination depuis Montauban.
En conclusion
Brive était attendu dans le Cantal mais n'a pu lutter face à une équipe qui a parfaitement mis en place son jeu adapté aux conditions. Le jeu au pied allait être essentiel et Aurillac a dominé cette phase là du jeu. Brive s'est montré fébrile et peu à son aise. Aurillac a pris le score à son compte et a contrôlé le rythme de la partie. Le CAB était nulle part en première période et accusait un retard de 14 points à la pause. Cela allait mieux en début de seconde période mais après l'heure de jeu, Brive est retombé dans ses travers de la première période. Soit Brive n'avait pas la bonne tactique soit elle a été mal exécutée. En tout cas, après 3 victoires de suite, la défaite est au rendez vous pour les brivistes. Mis à part Vannes qui caracole en tête et Provence qui crée un petit trou à la 2e place, tout le monde est très serré ensuite (4 points entre la 3e et la 10e place). Brive reste en quête de régularité.
Images : Rugby+