Un match entre concurrents directs est toujours intéressant à suivre même s'il se situe en début de saison. Il permet de donner des premières indications sur ce que cela pourrait donner plus tard dans la saison. Brive continue de montrer un visage inquiétant à l'extérieur.
Après une bonne performance à domicile, on espère que Brive a retenu la leçon du dernier match à l'extérieur. Durant la partie, on y croit mais malheureusement, au final, la déception est toujours là. Et on repart sur le même cycle en attendant la réaction à domicile.
Les points positifs
Un plan de jeu presque parfait. Compte tenu des conditions météorologiques, Brive avait mis en place un plan de jeu efficace mais parfaitement adapté aux circonstances du match. Avec la pluie, le vent et le fait de jouer à l'extérieur, cela a parfaitement collé aux caractéristiques actuelles du jeu brivistes : jeu d'avants et occupation. En première période, Brive s'est montré réaliste en attaque, scorant sur ses présences dans les 22 adverses. Le score est alors de 17 à 3 et tout se passe bien. Brive parvient à résister en défense pour garder son en-but inviolé. En deuxième période, Brive gère son avance avec toujours deux marques d'avance à l'heure de jeu. Provence bute sur cette équipe de Brive et se montre sans solutions. Le CAB met tout en place pour l'emporter et décrocher une victoire marquante. Pendant une très grande majorité de la rencontre, la victoire était logique pour Brive. Sauf qu'au coup de sifflet final, la victoire a officiellement changé de camp.
L'occupation au pied. Que cela soit en Top 14 et en Pro D2, Brive affiche de grosses lacunes dans le jeu au pied. Que cela soit la réussite face aux perches ou que cela soit le jeu au pied d'occupation. Brive a souvent souffert quand le match se joue sur ce terrain là. On l'a vu notamment cette saison à Mont de Marsan. Willie Du Plessis a reigné sur la rencontre et a fait très mal au CAB avec son jeu au pied d'occupation, repoussant constamment les brivistes dans leur camp et les obligeant à remonter le ballon à la main. Ce jeudi soir, c'est Brive qui a dominé Provence. Curwin Bosch, aidé par Hugo Verdu et Stuart Olding notamment, a su maintenir dans son camp Provence, via du jeu au pied long ou via les chandelles. Cela s'est notamment produit en seconde période avec un jeu plus restrictif et plus basé sur l'occupation. A ce petit jeu, Brive dominait, contrôlait la rencontre. Presque jusqu'au bout.
Les points négatifs
Une histoire qui se répète. Si Brive veut jouer les premiers rôles cette saison, il va devoir trouver une solution à l'extérieur. Car il ne va pas pouvoir alterner toute la saison entre une victoire à domicile et une victoire à l'extérieur. Certes, il y a eu la victoire à Soyaux-Angoulême mais elle est presque en trompe-l'oeil car la pièce aurait très bien pu retomber de l'autre côté à la sirène. Ce match à Provence a rappelé par certains aspects le match à Nevers avec une grande indiscipline, une production offensive minimale en seconde période et un craquage en fin de match. Cette équipe reste toujours le jour et la nuit entre les matchs à domicile et les matchs à l'extérieur. Avec beaucoup de victoires à l'extérieur cette saison, Brive va devoir saisir sa chance car le championnat risque d'être serré jusqu'au bout et si des équipes décident de faire des séries, elles pourraient s'envoler au classement.
La discipline. Le match à Nevers avait atteint des sommets en terme d'indiscipline avec 34 pénalités dont 19 pour Brive. Pour ce match à Provence, on reste dans les mêmes eaux pour le total des fautes mais ça a bien augmenté du côté de Brive avec 23 pénalités et un total de 4 cartons jaunes. Il ne faut pas être un expert du rugby pour savoir que c'est impossible de gagner un match, aussi bien à domicile qu'à l'extérieur, en faisant autant de fautes et en prenant autant de cartons. Comment est-il possible de passer autant de temps à 13 ? Heureusement, Brive n'a pas craqué pendant cette période car la note aurait pu être salée au final. Le secteur de la mêlée a été particulièrement dans le viseur de l'arbitre avec pas moins de 7 pénalités contre les piliers brivistes. Le côté gauche a souffert, notamment en seconde période. Ce côté gauche entraine le dernier carton jaune, celui de trop qui va déclencher le réveil provençal dans les dix dernières minutes.
La gestion de fin de match. Sur ces matchs à l'extérieur, une chose revient un peu trop régulièrement : la gestion des dernières minutes. Cette mauvaise gestion est mal faite à la fois par les joueurs et les entraineurs. Les joueurs semblent perdre tous leurs moyens dès qu'ils se retrouvent sous pression en seconde période. Ils peuvent avoir une belle avance comme à Soyaux-Angoulême et à Provence et tout fond comme neige au soleil. A Soyaux-Angoulême, le CAB mène 25 à 10 en début de seconde période (pour ne s'imposer que de 3 points). A Nevers, Brive mène 26 à 18 à l'heure de jeu (8 points d'écart soit le plus gros écart du match). A Provence, Brive 20 à 6 à un quart d'heure de la fin. A chaque fois, Brive perd tous ses moyens et va s'incliner à Nevers et à Provence et il s'en faut d'un rien pour connaitre le même sort à Soyaux-Angoulême. Pour Nevers et Provence, le staff peine à faire des changements qui pourraient casser la dynamique de l'adversaire. Après le premier essai aixois, Lucas Da Silva revient en jeu. Pourquoi ne pas faire revenir Courtney Lawes et Ross Moriarty ? Deux joueurs avec une énorme expérience et qui sont des leaders de ton groupe. Quand c'est chaud et tendu, c'est mieux de les voir sur le terrain que sur le banc. Si en phase finale, le scénario se représente, resteront-ils clouer sur le banc ? Il y a peu de chances.
En conclusion
Brive a mené pendant presque toute la partie. Brive a souvent eu une avance entre 11 et 14 points d'avance. Brive s'est appuyé sur sa défense, son jeu d'avants et son jeu au pied d'occupation pour calmer et refroidir les tentatives aixoises. Et puis, quand tout allait bien, l'indiscipline a fait son retour dans les rangs brivistes avec la multiplication des fautes et de nombreux cartons. Brive doit gérer deux périodes de double infériorité numérique. Provence n'en profite pas et va finalement se réveiller à 10 minutes de la fin pour renverser un CAB perdu, sonné et sans réaction. Brive a tout fait bien pour gagner ce match sauf savoir conclure. Une mauvaise habitude qui commence à s'ancrer dans l'ADN de l'équipe quand elle joue hors du Stadium.
Images : Canal+Sport