Dans quelques jours, les joueurs vont être de retour et la phase retour va commencer. Une phase retour qui va décider qui aura le droit d'accéder au Top 14. Brive a pris le bon chemin mais il faudra conclure lorsque le printemps arrivera.
Une phase aller à trois blocs et voilà qu'après 15 journées, on peut dresser un bilan sérieux de ce second semestre de 2024. La Pro D2 va nous offrir pas mal de suspense en 2025 avec comme toujours une très belle phase finale.
Les points positifs
Bilan positif. Certes, Brive n'est pas champion d'automne mais ce n'est pas grave. A l'issue de cette phase aller et contrairement à la saison dernière, le CAB assume son statut. Deuxième avec 46 points et un bilan de 10 victoires - 5 défaites, il fait mieux que la saison dernière. Les brivistes ont fait le plein à domicile avec 8 victoires en autant de matchs ainsi que 4 bonus offensifs. Brive s'affiche avec la 4e meilleure attaque et la 2e meilleure défense du championnat. La saison dernière, 3 équipes avaient fait le trou en tête, en s'appuyant sur une grosse série. Cette fois, 2 équipes se détachent, en s'appuyant plus sur la régularité. Désormais, il va falloir convertir l'essai lors de la phase retour et continuer à faire des séries pour conforter sa position dans les deux premiers car avant d'avoir un objectif dans la phase finale, il faut obtenir une demi-finale à domicile. Brive a vu ce que cela a donné de jouer à l'extérieur lors du barrage ou à l'extérieur en demie lorsqu'on a lâché beaucoup d'énergie en barrage. Brive a les moyens de décrocher ce billet direct dans le dernier carré et d'avoir un avantage non négligeable en demie et si cela sourit (pas comme Provence la saison dernière), un autre avantage en finale (qui se joue à Toulouse).
Les avants. Offensivement, Brive doit encore équilibrer sa production entre avants et 3/4. Brive affiche la 4e meilleure attaque du championnat et la 3e à domicile. Au niveau des points, c'est très bien mais c'est encore mieux au niveau des essais. Avec Grenoble, Brive est l'équipe qui marque le plus d'essais avec un total de 52 essais en 15 matchs soit un peu plus de 3 par match. Si Erwan Dridi (8 essais) et Mathis Ferté (6) sont prolifiques pour les 3/4, la palme revient aux avants. A l'image de Lucas Da Silva (8 essais), les "gros" tracent la route de l'équipe. Plus d'un tiers des essais de l'équipe (18) sont marqués sur des ballons portés. Brive maitrise cette phase de jeu. Tout comme la conquête. En mêlée, le pack fait des dégâts avec plusieurs pénalités récupérées à chaque rencontre. Par exemple, face à Agen, le compteur était à 6. En touche, le contre est réputé depuis plusieurs saisons. Cette saison, quand vous disposez de joueurs comme Retief Marais et Courtney Lawes, c'est un calvaire pour les talonneurs adverses. Tandis que le rugby actuel va sur un rugby de mouvement, très aéré, le CAB va dans le sens contraire, en misant sur la puissance de ses avants tant en conquête que dans le jeu dans l'axe. Pour le moment, cela fonctionne en Pro D2.
Des recrues déjà au top. Une bonne saison, cela commence surtout par un bon recrutement. Il y a les noms sur le papier et il y a les performances sur le terrain. A ce titre, certains n'ont pas mis longtemps avant de s'imposer. Si pour Courtney Lawes, il y avait quand même peu de doutes, il fallait quand même démontrer qu'on n'était pas venu à Brive en pré-retraite, prendre le chèque et puis voilà. L'ex-international anglais montre toute sa palette, son rôle de leader et est aussi dans un rôle de transmission. L'autre recrue qui marque les esprits est Erwan Dridi. L'ancien grenoblois explose tous ses compteurs sous le maillot de Brive. Jusqu'à présent, il n'avait inscrit que 13 essais sous les maillots de Toulon, Vannes et Grenoble. Il en est déjà à 8 à mi-saison avec Brive ! Il s'est aussi imposé comme un titulaire indiscutable à l'aile, en amenant son énergie, sa vitesse et ses appuis. Pour lui, on espère que son corps tienne jusqu'au bout et qu'il arrive à maitriser ses nerfs. Il était l'autre tête d'affiche du recrutement avec Lawes. S'il doit s'améliorer face aux perches (même si les deux derniers matchs étaient mieux), Curwin Bosch commence à trouver ses marques. On commence à voir le Bosch offensif, capable d'exploits personnels comme son essai face à Agen. Désormais, le sud-africain doit prendre en main l'attaque du CAB pour la transporter loin dans la phase finale. Les Konstantine Mikautadze, Samuel Maximin et Hugo Verdu montrent qu'ils sont des parfaits joueurs de rotation, capables d'apporter quand on fait appel à eux.
Les points négatifs
Un bilan à l'extérieur bancal. Si Brive a un très bon bilan, il y a quand même une zone d'ombre : les matchs à l'extérieur. Brive a décroché deux victoires en déplacement mais le bilan et le rendu laissent à désirer. Il y a les victoires qui sont oubliées en route (Nevers, Provence), il y a les déroutes (Mont de Marsan, Valence-Romans) et il y a les nombreux trous d'air qui remettent totalement en course les adversaires. A l'extérieur, Brive manque de constance durant les 80 minutes. Cela peut bien commencer pendant 15, 40 ou bien 70 minutes et puis on ne sait trop comment, les fils se touchent et c'est la panne d'électricité. Pour le moment, cette rupture de câbles n'est pas très présent à domicile mais revient toujours à l'extérieur et quand on voit le programme de la phase retour (Dax, Oyonnax, Biarritz, Colomiers, Montauban, Agen, Aurillac et Béziers), le chemin est semé d'embûches. Et c'est sans parler de la phase finale durant laquelle ce sont des matchs couperets qui n'ont jamais bien réussi à Brive historiquement.
La discipline. Pour une équipe qui joue le haut du tableau, ça siffle et ça cartonne pas mal du côté de Brive. Presque 200 pénalités (198 pour être précis), 17 cartons jaunes et 1 carton rouge lors de la phase aller : cela fait un peu beaucoup ! Brive s'est d'ailleurs fait une spécialité : celle d'évoluer en double infériorité car ce n'est pas assez marrant d'évoluer à 14, c'est mieux à 13 ! A titre de comparaison, seuls Colomiers (18), Béziers (18) et Oyonnax (19) prennent plus de cartons jaunes que le CAB. Dans l'autre sens, Grenoble n'en a récolté que 12 tandis que Biarritz est le champion avec 9. Brive doit impérativement résoudre ce problème de discipline car cela va se payer tôt ou tard. Comme on l'a vu à Nevers notamment, trop d'indiscipline te fait perdre la rencontre. Pour le moment, Brive gère bien ses doubles infériorités mais quand cela ne va pas le faire, le match sera perdu à ce moment là. L'autre souci en prenant autant de cartons, ce sont les suspensions à venir. Plusieurs joueurs sont sous le coup d'un match de suspension au bout du 3e carton jaune reçu dans la saison : Erwan Dridi, Francisco Coria Marchetti, Asier Usarraga et Simon-Pierre Chauvac.
Les JIFF. La saison, cela a été une galère durant toute la saison et la présence d'Aaron Grandidier-Nkanang a fait beaucoup de bien. Cette saison, à l'issue de la phase aller, Brive est à nouveau en déficit au niveau des JIFF. Avec une moyenne de 15,7 et -4, le CAB est dans le rouge. Béziers (15,6 et -6) et Nice (15,4 et -9) sont les autres équipes dans le rouge. Grenoble (17,5 et +23) et Provence (17,5 et +22) font partie des meilleurs élèves. Brive va devoir non seulement combler son retard lors de la phase retour et se donner de la marge pour pouvoir l'utiliser en phase finale. Sachant que Brive s'appuie sur une base de 14/15 JIFF pour son équipe de gala, cela serait intéressant de s'approcher des +6/+7 à l'issue de la 30e journée. Après avoir conclu la phase aller à -4, idéalement, il faudrait boucler la phase retour à +10/+12. Donc globalement avec des équipes très JIFF et le tout sans que le niveau de l'équipe ne chute car le classement est en jeu et le billet direct pour le dernier carré n'est pas encore scellé dans le marbre.
En conclusion
Un an plus tard, au même point, Brive est dans une meilleure situation et une meilleure position en Pro D2. Cette année, le CAB assume son statut de candidat à la montée. Les brivistes s'appuient toujours sur leurs points forts comme les avants, la conquête et son invincibilité à domicile. A moins d'un énorme craquage, avec cela, cela va être suffisant pour retrouver la phase finale. Maintenant, le but n'est pas juste de se qualifier en phase finale mais de l'être le plus haut possible et si possible directement qualifié pour le dernier carré. Il n'y a pas de trio qui s'échappe comme la saison dernière mais un duo qui semble se détacher et Brive en fait partie. A l'équipe de régler ses problèmes à l'extérieur, de discipline, d'équilibre offensif et il se pourrait bien que fin mai/début juin, quelque chose d'agréable se passe à Brive.
Images : Canal+Sport