Demi-finale Pro D2 Brive - Montauban : analyse du match

Les planètes semblaient s'aligner pour le CAB pour aller disputer la finale de la Pro D2 à Toulouse. Mais une météorite est venue rompre cet alignement. Ce n'est pas Brive mais bien Montauban qui disputera la finale. Le CAB a été KO debout et la décision des juges est unanime.

Vendredi, Brive était face à son destin et était là où il voulait être, à savoir à la maison pour jouer la demi-finale. Malheureusement, cela n'a pas suffi pour se hisser en finale. Brive est passé au travers, se ratant au plus mauvais des moments et montrant un visage qu'on n'avait plus vu depuis plusieurs mois.

Le craquage à la maison. Si l'objectif final était le retour en Top 14, il faut d'abord accéder à la finale. Et pour y accéder, le plus court chemin est de recevoir en demi-finale. A l'issue de la phase régulière, Brive se place parfaitement avec cette demie à domicile face à Montauban, vainqueur sur le terrain de Colomiers en barrage. Le Stadium a fait le plein et est acquis presque toute à la cause du CAB. Rien ne peut empêcher les brivistes d'accéder à la finale. Sauf une équipe de Montauban plus prête à disputer cette rencontre de phase finale. Brive a craqué mentalement et est passé à côté mis à part une dizaine de minutes en début de seconde période. Est ce que les brivistes avaient joué ce match avant l'heure ? Possible. Est ce que l'attente du public était trop grande et a mis trop de pression à l'équipe ? Possible. Brive voulait ce rendez-vous mais au final, il n'y était pas préparé du tout. Recevoir un match de phase finale donne un avantage mais pas la sûreté de passer au prochain tour. Le CAB aurait dû être plus méfiant que ça car Provence avait perdu sa demie à domicile la saison dernière et Vannes face à Biarritz il y a quelques saisons en arrière. Ou bien l'exemple du championnat d'ouverture en Argentine : quarts de finale + demi-finales (soit 6 matchs) = 6 victoires à l'extérieur. Jouer à domicile n'est qu'un avantage qu'à partir du moment où sur le terrain, vous êtes prêt à l'emporter. Et quand sur 80 minutes, vous ne menez pas une seule minute, c'est difficile de passer (10 minutes à égalité et 70 minutes derrière au score)

Trop de carences. Brive est arrivé lancé sur cette phase finale avec 10 victoires sur les 12 derniers matchs. Même s'il termine à la 2e place, le CAB avait plus la faveur des pronostics que Grenoble. Sauf que voilà, Grenoble a fait le boulot face à Provence et jouera la finale tandis que les brivistes sont déjà en vacances. Cette grosse série pour terminer la saison avait montré un CAB solide sur les bases comme la conquête et la défense et grâce à cela, les joueurs pouvaient se lâcher un peu plus derrière. Mais voilà, Montauban a réussi à faire déjouer les brivistes sur leurs points forts et a les sortir du match. Brive, depuis plusieurs saisons, a un jeu trop stéréotypé, bien trop lisible par l'adversaire. Si l'adversaire parvient à tenir le choc devant ou au moins à limiter la casse, il a de grandes chances de l'emporter. Montauban s'était préparé à ce défi devant et Brive n'a jamais su prendre le dessus ou activer un plan B. La charnière a été empruntée, le jeu au pied n'a pas été assez précis, il est difficile de casser la défense (1 seul franchissement), les individualités ont eu du mal à hausser leur niveau de jeu et l'indiscipline a encore augmenté son total de la saison (2 cartons sur ce match). Ce match a montré en plein jour les carences de cette équipe. Pour monter, il faut un jeu plus ambitieux, plus aéré, plus moderne. Un jeu qui offre plusieurs solutions car avec son jeu stéréotypé, Brive s'est pris à son propre piège.

Des mauls contrés. Un aspect de ce jeu stéréoptypé des brivistes est le maul. Redoutable tout au long de la saison avec 1 essai par match, des dizaines de mètres gagnés en moyenne et un meilleur marqueur en la personne de Lucas Da Silva. Cette phase de jeu a permis d'enlever pas mal d'épines dans le pied du CAB qui était parfois pas dans la meilleure des situations sur certains matchs. C'est cette phase de jeu qui relance le CAB en début de seconde période avec l'essai en force de Benjamin Boudou. Un second maul est tout près de trouver la faille quelques minutes plus tard mais l'arbitre est revenu à une faute avant. Sauf que cela sera presque les deux seuls mauls réussis par Brive. Le reste du temps, Montauban a parfaitement lu la situation et les avants montalbanais ont trouvé les failles dans la structure briviste pour s'infiltrer et empêcher le ballon de sortir. Brive s'est trop entêté à insister dans ce secteur. Privé de son arme principale, Brive s'est retrouvé perdu, incapable de trouver des solutions ailleurs. Si Brive veut grandir, cela passera par là : avoir plusieurs cordes à son arc car si une se rompt, il y en a encore d'autres. Ce n'était pas le cas cette saison.

En conclusion

Avant de penser à la finale, il faut jouer la demi-finale. Vendredi, une seule équipe a joué sa demie et c'est Montauban. Brive est passé totalement au travers, incapble de mettre en place son jeu d'avants. Sans son option de jeu, le CAB a perdu le fil de la rencontre et a été incapable de développer un plan B ou C pour pouvoir l'emporter. Ce match a montré les lacunes et les carences du jeu briviste présentes depuis plusieurs saisons que la série de 10 victoires en 12 matchs avait en partie caché sous le tapis. Mais les montalbanais ont parfaitement travaillé leur match et ont amené avec eux un froid polaire qui s'est abattu sur le Stadium. Si cette qualification peut être vue comme une surprise, ce n'était pas le cas avec le scénario de la rencontre. Brive doit absolument apprendre de cette défaite et mettre en place un jeu plus moderne et moins stéréotypé pour pouvoir accéder au Top 14 et y rester. Sans cela, la Pro D2 restera son champ d'action pendant plusieurs saisons encore.

Images : Canal+Sport