Rien ne sert de courir, il faut arriver à point. Jean de La Fontaine l'écrivait dans sa fable du Lièvre et la Tortue. Cela vaut également pour les équipes qui visent la phase finale. Il faut y arriver sur la bonne dynamique et la bonne forme. Caché derrière Grenoble, Brive a frappé fort à Montauban et commence à se montrer au printemps.
Le tournoi des 6 Nations c'est bien mais la Pro D2, c'est mieux ! Cette 24e journée avait comme affiche de gala ce Montauban - Brive qui avait des airs de match de phase finale. Les deux équipes voulaient la victoire pour lancer le sprint final. Brive repart avec la victoire et la 2e place au classement.
Les points positifs
L'opération de la journée. Dans cette fin de championnat, Brive a des confrontations directes mais il faudra aussi le faire à distance, en surveillant le résultat des autres. Pour cette journée de reprise, Brive fait la bonne opération de la journée. Premièrement, le CAB s'impose à Montauban, concurrent direct, et prend désormais sept points d'avance, en plus de confirmer l'avantage en cas d'égalité entre les deux équipes. Mais la bonne opération se traduit aussi avec les défaites à l'extérieur de Béziers à Dax et celle, plus surprenante de part l'adversaire et surtout le score, de Provence à Valence-Romans. A six journées de la fin, les brivistes s'emparent seuls de la 2e place, avec quatre points d'avance sur Provence et sept sur Béziers. Il ne faut pas oublier non plus Soyaux-Angoulême et Colomiers qui reviennent dans la lutte mais le CAB a ce petit joker que les autres n'ont pas. S'il y a des matchs jusqu'à celui là, le prochain Brive - Provence vaut de plus en plus cher.
Des actes sur le terrain. Par le passé et aussi cette saison, combien de fois avons nous entendu ce discours d'avant-match disant "qu'on veut y faire un résultat, qu'on y va avec des intentions ..." et qu'au final, il n'y a rien ? De très (trop) nombreuses fois. Mais pour une fois, les paroles ont été transformées en actes. Et surtout, Brive fait un résultat chez un concurrent direct. Etre solide à domicile ne suffit plus, il faut être capable de s'imposer à l'extérieur. Alors que Brive fait partie des favoris à la montée en Top 14, depuis le début de la saison, l'équipe n'impressionne pas autant que Grenoble. Cette victoire peut être celle de la maturité, celle à partir de laquelle l'équipe va exploiter son potentiel. Cela risque être plus pragmatique que Grenoble par exemple mais à ce stade de la saison, seul le résultat va compter. Vendredi, Brive n'a pas cherché à se réinventer. Il a juste joué son jeu, avec précision pour décrocher une victoire au classement et aussi historique car cela faisait 25 ans que le club n'avait plus gagné à Montauban.
Une météo qui colle au style de jeu. La météo a joué un rôle dans le match entre Montauban et Brive avec du vent pendant le match et la pluie en seconde période. Quand on connait les spécificités du jeu briviste, on se dit que ces conditions de jeu ont plus favorisé le CAB que Montauban. Face au vent, les brivistes se sont appuyés sur leur défense. Et quand ils ont eu la possibilité de faire mal dans le camp adverse, les avants ont joué de leur puissance pour d'abord inscrire un essai puis ensuite récupérer une pénalité. Avec le vent dans le dos, Brive a utilisé sa conquête pour faire la différence. La longueur au pied de Bosch permet de se rapprocher des 22 mètres adverses et les mauls concluent les temps forts. Derrière au score, Montauban n'a d'autre choix que d'attaquer à la main et sous la pluie, la tenue du ballon n'est pas évidente et il devient alors plus facile de défendre. Jusqu'à présent, le contre en touche n'était pas intervenu mais lors des dernières minutes, il va intervenir à deux reprises, annulant ainsi deux occasions d'essai pour Montauban. Et comment ne pas évoquer ce vol de Retief Marais alors que nous sommes dans le temps addtionnel, à 5 mètres de l'en-but et à 14 ? Sans vent et sans pluie, cela aurait sûrement avantagé Montauban mais les conditions de jeu ont plus convenu aux brivistes qu'aux montalbanais. On ne va pas s'en plaindre.
Le point négatif
La fin de match. Brive l'a emporté à Montauban mais cela aurait très bien pu basculer dans l'autre sens. Comme cela s'est déjà produit dans la saison, Brive a du mal à gérer ses fins de match. A Soyaux-Angoulême ou face à Dax, c'est passé mais à Nevers ou à Provence, la victoire s'est envolée. Cela a bien failli être le cas vendredi avec une équipe de Montauban qui s'est offert les balles de match pour marquer l'essai de la victoire. Comme l'a signalé à l'issue de la rencontre Lucas Da Silva, l'équipe doit travailler cet aspect du match pour éviter de se faire peur comme cela. On le sait, les matchs de fin de saison et les matchs de phase finale se jouent sur des détails. Brive se doit de sécuriser le score plus tôt et éviter au maximum de jouer à la roulette russe dans les dernières minutes de la rencontre.
En conclusion
Sapiac avait accroché à son tableau de chasse Grenoble et Provence. Mais cela ne sera pas le cas de Brive, qui en plus de s'imposer dans la cuvette pour la première fois depuis 25 ans, fait la très bonne opération de la journée. Les brivistes n'ont pas révolutionné leur jeu et se sont appuyés sur leurs forces (conquête, mauls, défense) pour dompter les montalbanais et la météo. Que cela soit en première période ou en seconde période, Montauban a trop souvent buté sur la défense briviste pour convertir plus au tableau d'affichage. Même si les démons brivistes sont toujours là (infériorités numériques, blessures, gestion de la fin de match), les quatre points de la victoire sont là. Provisoirement, la 2e place est briviste mais rien n'est fait car désormais Brive est la proie avec plusieurs chasseurs à ses trousses. Sauf que c'est la proie qui dicte le rythme de la poursuite.
Images : Canal+Sport