Pro D2 Brive - Vannes : analyse du match

On passe désormais aux choses sérieuses. Brive a entamé sa saison de Pro D2 à domicile avec la réception de Vannes. Le CAB n'a pas gagné mais n'a pas perdu non plus. Un match nul qui offre plusieurs versions d'analyser ce match. Ce qui est sûr est qu'il laisse des pistes de travail pour le futur.

On pouvait s'attendre à un gros affrontement entre deux des prétendants à la montée. Dans un scénario un peu décousu, les deux équipes ont montré qu'il fallait compter sur elles. Elles ne sont pas encore au point mais il y a des choses intéressantes. Et d'autres à travailler.

Les points positifs

Ne rien lâcher. Brive a souffert durant la rencontre mais n'a pas totalement explosé. Certes, il y a eu ce passage à vide et ce 30-3 encaissé en un peu plus de 30 minutes. Mais à l'entame des 10 dernières minutes, il n'y avait que 10 points d'écart. Le CAB s'est mis à repousser Vannes dans son camp avec le long jeu au pied de Curwin Bosch et s'est donc mis à jouer dans le camp adverse. Ainsi, cela devient plus facile de se créer des occasions et de marquer des points. Une pénalité de Bosch ramène l'équipe à 7 points et d'un coup, c'est comme si tout le monde y croit à nouveau. Si le premier essai de Vannes vient d'un ballon perdu par Brive devant son en-but, Vannes rend la monnaie de sa pièce à Brive. Jusque là impeccable, Maxime Lafage fait une grosse erreur de jugement et concède une mêlée à 5 mètres. Une mêlée très bien négociée qui amène à l'essai d'Erwan Dridi. Il ne reste plus que quelques minutes et tout le stade y croit à une victoire presque inespérée. Brive aura la balle de match à la sirène mais l'attaque manque de précision dans ses enchainements pour briser le match nul. C'était mal embarqué mais Brive parvient à sauver deux points dans ce match d'ouverture.

Première réussie pour Cooney. Si nous avons pu les voir à l'oeuvre durant les matchs amicaux, nous attendons tous les matchs officiels pour juger les recrues. Toutes n'ont pas été alignées mais certaines ont déjà réussi leur baptême du feu. Yann Peysson retrouve la Pro D2 et a montré une belle palette technique en attaque, capable de jouer dans les intervalles et de passer après contact. Sur les deux premiers essais brivistes, il est au départ des actions. Mais forcément, celui qui a le plus impressionné, c'est John Cooney. Il n'a pas été titulaire à l'Ulster pour rien pendant huit ans. Même s'il doit encore s'habituer au rythme en France comme il avoue lui-même, il a rapidement pris ses marques dans l'équipe. Avant de plonger en seconde période comme le reste de l'équipe, il a parfaitement géré le tempo de l'équipe, à la main et au pied. Une première pénalité pour se mettre en jambes et puis un doublé. Parfaitement placé en soutien de Benjamin Boudou et Curwin Bosch, Cooney inscrit ses deux premiers essais de la saison. Il prend également ses responsabilités à la sirène pour passer une pénalité lointaine. Sorti en seconde période pour une coupure à la tête, il termine son premier match avec 20 points marqués, 2 essais et un 4/4 au pied. Le public en redemande !

Les points négatifs

Domination presque totale de Vannes. Brive a un effectif très solide avec de nombreux joueurs qui ont de l'expérience en première division. Mais pour certains, cela fait un petit peu de temps qu'ils n'ont pas évolué au rythme de cette première division. Vannes redescend de Top 14 et a gardé le rythme et l'intensité de cette division. Malgré une infériorité numérique de 55 minutes (65 minutes - le jaune de Lawes = 55 minutes), Vannes a tenu le ballon, a occupé la moitié de terrain briviste et s'est procuré de nombreuses occasions. En première période, Brive n'a eu que 5 possessions offensives dans le camp vannetais dont deux vraiment construites (les deux essais). Vannes a dominé toutes les lignes statistiques : 408 mètres parcourus à 293, 143 courses à 60, 166 passes à 88, 21 défenseurs battus à 11, 62% de possession, 79% d'occupation. En menant 17-0 au bout de 25 minutes, Brive n'a pas dominé l'entame de match (contrairement à la pensée positive des brivistes) mais Brive a été très réaliste. Le 30-3 qui a suivi est plus dans la physionomie de la rencontre, avec une équipe vannetaise plus puissante, plus précise et plus en rythme. A domicile, Brive n'a jamais vraiment pu imposer son jeu et son rythme et ce malgré une supériorité numérique de 55 minutes. Un peu inquiétant même si toutes les semaines, cela ne sera pas Vannes en face.

Le domaine aérien. Brive n'a guère eu le ballon mais les quelques fois où le ballon a été dans les mains brivistes, cela s'est plutôt bien passé. Mais si dans les duels, cela a été compliqué, il y a dans un secteur où cela a été très compliqué : le secteur aérien. La touche n'a pas connu son meilleur match avec 5 ballons perdus dont plusieurs en 2e période alors que Brive cherchait à combler son retard. Le contre n'a pas su décrypter la tactique mise en place par le staff vannetais (dont Jeremy Davidson) avec plusieurs touches jouées sur le premier joueur placé à 5 mètres. Mais là où les joueurs ont souffert, c'est sous les ballons hauts. Vannes a gagné tous ses duels, tant sur ses propres coups de pied que sur les coups de pied brivistes. Il y a eu parfois un peu de réussite mais elle se provoque. Ainsi, Vannes a constamment eu des ballons à jouer et s'est installé dans le camp briviste. Ce n'est que le premier match mais ce domaine aérien devra vite se régler sous peine d'être un point faible vu et ciblé par tous les adversaires du CAB.

En conclusion

Comme tout premier match dans une saison où tout reste à régler, il y a à boire et à manger. Au niveau du tableau d'affichage, Brive a su être opportuniste et réaliste en première période en se fabriquant une avance de 17-0. En fin de match, les brivistes y ont cru et ont effacé 10 points de retard pour arracher le nul face à Vannes. Dans ce sens, cela fait deux points gagnés. Mais dans l'autre sens, Brive a souffert face à la dimension physique et le volume de jeu mis en place par Vannes qui descend du Top 14. On ne saura jamais le scénario du match si Vunipola marque son essai et ainsi pas de rouge pour Saili. Vannes pourra regretter son manque de réalisme mais repart de Brive avec deux points. Au final, tout le monde commence avec des points et aborde désormais la suite du bloc avec des axes de travail. En attendant de décrocher la première victoire de la saison qui ne devrait pas trop tarder à arriver pour Brive et Vannes.

Images : Canal+