Pro D2 Brive - Colomiers : analyse du match

C'était un sacré test pour Brive avec la réception de Colomiers. Le CAB doit se reconstruire et quoi de mieux qu'une victoire face au 2e du championnat ? On ne sait toujours pas si cela va pétiller un jour mais au moins, cela va être besogneux. Besogneux et gagnant.

Il semble qu'on soit de retour dans la saison 2024/2025 avec un Brive qui fait ce qu'il veut avec ses avants, gagnant et enchainant les essais sur mauls. Brive veut remonter au classement et il lui reste de nombreux matchs pour le faire.

Les points positifs

La victoire pour débuter un cycle. Après le deuxième bloc désastreux, ce bloc ne pouvait commencer par une nouvelle défaite, encore plus à domicile. Remettre aux commandes Pierre-Henry Broncan ne pouvait se faire avec une défaite. Ce match n'a pas été si simple que cela mais au final, les brivistes empochent les quatre points de la victoire. On pourra toujours regretter le bonus offensif oublié mais on pourra aussi se dire que Colomiers pouvait aussi être plus proche au score. Brive se rassure sur ses bases et même si le classement indique toujours la 8e place, l'équipe se rapproche du top 6. Si 4 équipes ont fait un premier break, c'est serré derrière avec un groupe de six équipes qui se tiennent en deux points. Dans ce groupe, on retrouve trois des favoris à la montée (Oyonnax, Brive, Grenoble) et trois équipes qui voudraient bien se mêler à la lutte pour le barrage (Nevers, Agen, Aurillac). Le bloc commence bien avec cette victoire. Il va falloir confirmer à Aurillac dans un match entre deux équipes très proches au classement.

Les mauls. Cela fait déjà quelques semaines que la direction du club a voulu ce revirement dans les ambitions de jeu, ce retour au passé. Avec le retour aux affaires de Pierre-Henry Broncan, c'est encore plus évident. Dans un premier temps, Brive va s'appuyer de nouveau sur son jeu d'avants pour reprendre confiance. Mais jusqu'à quand va durer ce premier temps ? En tout cas, face à Colomiers, c'est le retour en force des mauls ! Colomiers n'a pas trouvé une solution sur le long terme et a plus que souffert face à cette arme massive briviste. Même si les columérins ont réussi à en contrer quelques uns, cela a été une souffrance et notamment en début de seconde période. Au total, Brive marque 3 essais sur cette phase de jeu, provoque 3 cartons jaunes et de nombreuses pénalités. La saison dernière, l'équipe était celle qui gagnait le plus de mètres sur ballon porté et qui marquait le plus d'essais sur cette phase de jeu. On est de retour aux basiques.

La défense. L'autre facette du jeu qu'a remis au goût du jour le CAB a été la défense. La saison dernière, notamment sur la phase retour et surtout lors de sa grosse série à partir du mois de février, Brive s'est appuyé sur une défense redoutable qui offrait peu d'occasions aux adversaires et avec des gratteurs toujours très présents pour récupérer les ballons dans le jeu au sol. Jeudi, le défi était de taille. Colomiers se présentait avec la deuxième meilleure attaque de la Pro D2 mais avec le meilleur bilan à l'extérieur tout comme la meilleure attaque à l'extérieur. Pendant 30 minutes, cela a été difficile pour le CAB qui n'a pas souvent vu le ballon, tout comme le camp adverse. On aurait cru revoir le match contre Vannes. Pendant 55 minutes, Brive a été très bon en défense, laissant peu d'espaces, parvenant à rattraper les quelques franchissements et surtout parvenant à provoquer plusieurs turnovers. A l'issue de la rencontre, Brive est tout proche des 90% de réussite au plaquage (115/129) et a gagné 9 ballons. Si Brive veut remonter, il ne peut se permettre d'encaisser 25 ou 30 points par match car il va être compliqué de marquer beaucoup de points à chaque match.

Les points négatifs

La seconde période. Un peu comme face à Vannes, Brive a souffert pendant une partie de la rencontre, étant privé de ballons et devant défendre dans son camp. Si l'équipe a réussi à tenir en échec Colomiers pendant 55 minutes, cela a fini par craquer. Brive a rebasculé de son mauvais côté, ne parvenant pas à exploiter une double supériorité numérique, se montrant indiscipliné, offrant des occasions d'essais à Colomiers, étant moins efficace au plaquage ... A la 53e minute, il y avait 22-0 pour Brive. Sur la dernière demi-heure, Colomiers l'emporte 18-5 et il n'en fallait pas beaucoup plus pour accentuer ce score et ainsi placer les visiteurs dans la zone du bonus défensif. Cette fin de match montre que tout est encore loin d'être réglé et que l'équipe doit aller chercher de la constance dans ses résultats et ses matchs.

Le plan B ? Au niveau du jeu, on va très sûrement ressortir un discours déjà entendu tout au long de la saison dernière : c'est quoi le plan B du CAB ? Face à Colomiers, les mauls ont fait la différence. Et on va dire heureusement car sinon, Brive a eu d'énormes difficultés à bouger cette défense de Colomiers qui ne se consommait pas dans les rucks et formait ainsi une ligne défensive bien structurée. Colomiers est une des équipes qui franchit le plus et l'a encore démontré face à Brive avec 6 franchissements. Dans le même temps, Brive démontre ses difficultés dès qu'il faut faire la différence en mouvement : 1 franchissement. Il y a une action symbolique de cette difficulté en attaque. Brive est à l'attaque devant les 22 de Colomiers. On cherche à bouger le ballon mais la défense plaque très bien. Et petit à petit, les mètres sont gagnés. Brive se retrouve alors sur les 40 mètres et Jamie Shillcock tape un drop en désespoir de cause. Cette surprésence du jeu d'avants a été néfaste sur le long terme la saison dernière. Attention à ne pas retomber dans le même cercle vicieux. Pour grandir, il faut casser ses propres dogmes.

Une cohésion ratée ? Après la défaite à Provence, Thierry Blandinières avait dit que tout le monde s'était exprimé et que des abcès avaient été crevés. Tout avait été réglé mais en fait pas vraiment car quelques semaines plus tard, David Darricarrère est remercié et Pierre-Henry Broncan est de retour aux affaires. Cependant, il semble qu'il y a ou qu'il y avait un mal profond dans ce groupe. En avant-match, Anthony Coletta et Courtney Lawes ont insisté sur le fait de jouer en équipe. A l'issue de la rencontre, ce même Coletta avec cette fois Yann Peysson parlent d'une cohésion, d'un collectif en construction. Mais ceci est normalement réalisé pendant l'été, pendant la préparation physique, les stages d'avant-saison ... Pendant 4 mois et demi, le groupe a-t-il adhéré une seule seconde au projet de la direction, du staff, de David Darricarrère ? Au vu des résultats et des dernières paroles, il semble bien que non et que la mission de l'ancien manager aurait échoué de toute façon. Attention à ce que ce retard à l'allumage, les cicatrices du passé ne viennent pas hanter l'équipe dans un futur proche.

En conclusion

Brive est de retour aux affaires et est de retour aux bonnes vieilles méthodes. Alors que le jeu aéré ne fonctionne pas, on revient aux avants, aux mauls et à la défense. Pendant un peu de 50 minutes, tout fonctionne comme sur des roulettes (avec un doublé du serial marqueur Da Silva) et puis, la réalité est de retour et Colomiers se réveille. Un peu tardivement mais cela montre aussi que Brive n'est pas encore guéri. Surtout, Brive va devoir évoluer et ne pas dépendre uniquement de son jeu "d'avant". Ne pas commettre les mêmes erreurs même s'il faut actuellement que l'équipe se replace au classement. Il faut aussi que le collectif se crée à partir de fin novembre et à vitesse grand V. Après des derniers déplacements très compliqués, Brive va passer un test à Aurillac qui se verrait bien faire tomber le voisin à Jean Alric.

Images : Canal+Sport