Brive sait la direction qu'il doit prendre pour monter en régime, l'analyse du match
Publié le lundi 29 septembre 2025 à 11:00 - par Rémi Brazon

Le contexte de la rencontre a bien changé entre Brive et Grenoble. Si c'était la finale annoncée il y a quelques mois, désormais, les deux clubs cherchent à lancer leur saison et à démarrer une série durant cette fin de bloc. Le choc a été serré et les deux groupes se sont rassurés sur plusieurs points.

Entre une avant-dernière journée et une cinquième journée, le contexte du match était bien différent. Brive et Grenoble n'ont pas encore trouvé la bonne carburation et cherchent aussi à se rassurer sur l'engagement, l'attaque et la défense. A la limite, peu importe le résultat, il fallait montrer certaines choses face à un rival équivalent.

 

Les points positifs

L'engagement. Là où Biarritz avait fait la différence, c'était au niveau de l'engagement et de la détermination. Rien que sur ce point là, Brive se devait une revanche. Si face à Biarritz, ce n'était pas passé, contre Grenoble, cela ne passerait encore moins avec si peu d'engagement. Grenoble voulait aussi se rassurer et mettre plus d'engagement dans son contenu après deux derniers matchs compliqués. Cela a donc donné une rencontre entre deux équipes engagées. Brive a monté le curseur au niveau de son engagement, en étant plus présent dans les duels, dans le jeu au sol et même parfois un peu trop comme l'a signalé Sasha Gué à la pause. C'est juste ce point là qu'il faut surveiller : mettre de l'engagement, c'est bien mais il ne faut pas trop en mettre car cela va se transformer en fautes et en pénalités pour l'adversaire. Vendredi face à Oyonnax, Brive doit remettre le même niveau d'intensité mais désormais sans trop monter le curseur d'intensité pour limiter l'indiscipline qui reste toujours le pêché mignon du CAB.

Le duo Tisseron-Bosch. Dans ce type de match où les deux équipes sont de niveau égal, pas facile de faire la différence. Offensivement, cela peut se débloquer par des exploits personnels. Et pour cela, Brive a pu compter sur ses deux arrières. Comme à Biarritz, Julien Tisseron est décalé à l'aile et Curwin Bosch est positionné à l'arrière. Mais si un est un arrière de formation, l'autre a toute la vista pour y jouer. Deux des trois essais brivistes viennent de leurs inspirations. Sur un ballon de récupération au centre du terrain, Julien Tisseron attaque la ligne comme un arrière, il voit le dos de la ligne défensive découvert et joue pour lui-même un jeu au pied. Il récupère et sert John Cooney pas loin d'inscrire un nouvel essai. L'action se terminera par l'essai d'Asaeli Tuivuaka. Pour Bosch, c'est l'éclair qui débloque le match. L'attaque se lance sur la ligne médiane et l'arrière prend l'initiative d'y aller seul : prise d'intervalle, accélération, crochets et essai en solitaire 50 mètres plus loin. Malheureusement, il y laisse un genou, à voir désormais si c'est grave ou pas. Dans une attaque qui manque souvent d'étincelles et de coups de génie, avoir ensemble Julien Tisseron et Curwin Bosch, cela peut aider à débloquer des matchs serrés et cadenassés.

 

Les points négatifs

Le volume de jeu. Même si les deux équipes sont encore en rodage malgré un bon début au niveau comptable, elles sont sensiblement du même niveau. Le style de jeu n'est pas vraiment le même mais les deux premiers du dernier championnat montrent qu'il faudra encore compter sur eux. Là où on sent une différence est que Grenoble est plus en maitrise de son jeu offensif et de son volume de jeu. Cela arrive plus facilement à toucher les extérieurs et à générer de l'avancée à la fois dans l'axe et sur l'aile. Pour Brive, malgré la volonté annoncée de jouer plus, on sent que le volume de jeu n'est pas encore en place. Après 4 ou 5 temps de jeu, la ligne offensive commence à s'effriter et à reculer avec une défense qui gagne les duels. Et à force de reculer, l'équipe est obligée de jouer au pied et de rendre le ballon à l'adversaire. Que cela soit en Pro D2 et encore plus en Top 14 (puisque c'est l'objectif final), il faut être capable de générer de l'avancée après un certain nombre de phases de jeu. Sur ce coup là, Brive est un chantier à ciel ouvert.

Toujours le jeu aérien. Le jeu au pied représente toujours un point faible dans cette équipe de Brive. Le jeu aérien est compliqué avec beaucoup de duels perdus à la fois en attaque et en défense. C'est pourtant travaillé à l'entrainement mais peut être pas assez efficacement et en "conditions réelles". Pourtant, cela ferait un bien fou à l'équipe de pouvoir récupérer plusieurs ballons dans ce secteur. Vendredi, on a aussi vu, notamment contraint par le recul de la ligne offensive, beaucoup de jeu au pied de dégagement et de chandelles. Brive peine à renouveller ses idées offensives et au bout du compte, on joue au pied et comme le jeu aérien n'est pas notre point fort, le ballon est rendu à l'adversaire qui peut en faire quelque chose. Et si la défense n'est pas bien placée, cela peut faire de gros dégâts. Parfois, quand vous avez des joueurs comme Tisseron et Bosch dans l'équipe, on aimerait voir plus de relances à la main et d'initiatives qu'un systématique jeu au pied qui va rendre le ballon à l'adversaire et qui va mieux l'utiliser que toi.

 

En conclusion

On le voit au classement, personne n'a vraiment pris les commandes de la Pro D2. Les favoris annoncés sont encore en rodage et cherchent à corriger certains aspects dans leur jeu qui ne sont pas encore au point. Pour Brive, il fallait surtout montrer une autre envie que celle montrée à Biarritz. Piqués dans leur orgueil, les brivistes ont bien réagi. Face à Grenoble, c'était nécessaire car sinon, cela aurait été la première défaite à la maison. La rencontre a été serrée entre les deux équipes, chacune ayant ses temps forts et ses temps faibles. Brive a pu compter sur des exploits personnels pour débloquer la partie. Ces initiatives là doivent être plus nombreuses compte tenu des joueurs présents dans l'effectif. Maintenant, attention car Grenoble, tout comme Vannes, n'était pas loin de la victoire et Brive doit se montrer plus souverain au Stadium.

 

Images : Canal+Sport