Si Brive parvient à se débrouiller à domicile, le problème est bien quand le CAB doit se déplacer. Ce déplacement à Aurillac allait apporter des précisions sur les capacités de l'équipe à s'en sortir dans un environnement différent que celui du Stadium. Mais Brive a déçu encore une fois.
Dans le contexte du derby et face à une équipe en confiance et proche au classement, Brive allait trouver en face de lui une opposition sérieuse, capable de lui poser des problèmes. Restait à savoir si l'équipe allait arriver à trouver les solutions. La réponse est non.
Les matchs à l'extérieur. Pour bien figurer dans le classement et le plus haut possible, il faut savoir gagner à l'extérieur. Pour le moment, Brive n'y arrive pas. Il y a eu cette première victoire en déplacement du côté de Dax mais depuis, plus rien. Le CAB se déplace et revient avec du doute et des interrogations. Pour Pierre-Henry Broncan, c'était son premier déplacement depuis son retour aux affaires. S'il y avait du mieux face à Colomiers, ce mieux ne s'est pas exporté à l'extérieur. Brive a manqué d'efficacité offensive, n'a pas su concrétiser durant sa supérioirté numérique, a peiné dans sa conquête, a été indiscipliné et s'est fait punir en infériorité numérique. Surtout, Brive a manqué d'envie face à une équipe d'Aurillac qui en voulait plus. Si Brive a fait illusion en première période, c'était flagrant en deuxième période. Si Brive ne parvient pas à l'emporter à l'extérieur, cela va être compliqué d'aller chercher une des quatre premières places au classement. Et quand on voit ce qui reste à jouer en déplacement, on se dit que les chances de succès ne sont pas grandes.
Un jeu offensif pauvre et connu de tous. A la suite de la défaite à Provence, les dirigeants du club avaient acté la fin de l'expérience "jeu pétillant" et le retour du jeu d'avants, moche à voir mais efficace et gagnant. Avec le retour de Pierre-Henry Broncan, ce jeu s'en retrouve renforcé et Colomiers l'a subi de plein fouet avec des mauls qui ont fait basculer la partie avec 3 essais marqués et 3 cartons jaunes provoqués. Pour ce déplacement à Aurillac, tout le monde y compris à Aurillac avait compris la tactique employée, notamment en voyant la composition d'équipe. Brive allait axer son jeu devant. Si Brive dominait dans ce secteur, Aurillac n'avait aucune chance. Par contre, si Aurillac parvenait à limiter l'impact du jeu d'avants du CAB, les chances de victoire augmentaient. Et c'est ce qui s'est passé. Brive n'a pas eu une conquête solide, perdant notamment plusieurs ballons en touche en zone de marque. Les avants, balle en main, n'ont pas réussi à faire la différence, mis à part sur l'essai de Kévin Fabien, en proposant un jeu trop stéréotypé, trop lisible par l'adversaire, sans changements de rythme et donc plus facile à défendre. Brive n'a qu'un plan d'attaque et s'il ne fonctionne pas, c'est fichu pour la rencontre. A l'image de l'occasion d'essai manquée par Irné Herbst en première période, cette équipe manque de confiance dans son jeu extérieur et pêche par sa qualité technique. Pour viser plus haut et à terme le Top 14, Brive doit s'améliorer grandement.
Les supériorités numériques. Le constat est simple et implaquable : Brive a eu une supériorité numérique et n'a pas marqué de points tandis qu'Aurillac a eu deux supériorités numériques et a marqué 3 essais et 21 points. Chaque équipe a profité des supériorités numériques durant sa période forte. En première période, Brive a tenu le ballon dans le camp adverse mais n'a pas su profiter du carton de Yabaki. En deuxième période, Aurillac a fait le plein de points. Sur le carton d'Olding, il y a d'abord l'essai de Nioradze puis ensuite celui de Delarue. Deux essais qui viennent à la suite de la mise sous pression de l'arrière-garde briviste et d'un soutien offensif qui arrive plus nombreux et plus rapidement que le soutien défensif. Après l'essai de Fabien, ce même Fabien écope d'un jaune. Quelques minutes après, Aurillac solidifie sa victoire avec l'essai de De Jong. C'est un peu comme au hockey sur glace : quand un match est serré, les périodes de supériorité numérique font la différence. Brive l'a appris à ses dépends et ce n'est malheureusement pas la première fois que cela se produit.
En conclusion
Les joueurs avaient déjà prévenu après le succès face à Colomiers que tout était loin d'être encore réglé et qu'il fallait encore travailler pour revenir à quelque chose de normal. Cela s'est bien confirmé à Aurillac. Brive n'a pas réussi à concrétiser en première période et l'a payé cher en deuxième période. Brive a été pris dans l'envie, la précision technique, la discipline et surtout, Brive n'a jamais pu s'appuyer sur son seul plan d'attaque. Les avants ont pêché en conquête et dans le jeu courant. Brive est en train de reproduire ce qui n'avait pas marché déjà la saison dernière : si Brive ne se trouve pas un plan B à utiliser quand les avants dominent moins, Brive n'ira pas loin et va voir petit à petit les places intéressantes au classement s'éloigner.
Images : Canal+Live