Arnaud Mignardi répond à nos questions et évoque l'association "Les Amis de Baro"

Au moment de lancer l'opération "Baro" vous pensiez obtenir ce résultat ?

On espérait bien sûr qu'il y ait un bon résultat. Delà à ce qu'il en est actuellement, on est très content avec ce qui s'est passé, les opérations réalisées. Beaucoup de gens ont répondu présent, la vente aux enchères a très bien marché, celle au club aussi. On est vraiment très heureux du résultat. L'objectif de récolte de dons était de 100 000 € et nous en sommes très proche. Beaucoup d'autres actions, en plus de la vente aux enchères des maillots collectors Brive/Clermont, des dons et de la tombola ont été mises en place un peu partout. Par exemple, un repas a été organisé à Auch, mais aussi des tournois de beach rugby au Grau-du-Roi dans le Gard, des tournois de rugby flag parrainé par Bastien Dal Lago (autre grand blessé du rugby qui a joué avec Alexandre en catégorie jeunes), un concert de Diana Cooper sur Tarbes. Nous espérons pouvoir organiser d'autres opérations pour lui.

Est-ce qu'il y aura d'autres initiatives la saison prochaine ?

Je crois qu'on va arrêter à la fin de la saison. Je pense que normalement, Alexandre va être indemnisé un peu plus tard par les assurances. De notre côté, on a essayé de l'aider comme on pouvait, de faire ce qui était en notre pouvoir. C'est un petit plus qu'on essaie de lui apporter.

Guillaume Namy disait que c'était un vrai moteur de se battre pour Alexandre et pour Olivier. Est-ce que cela a été l'essence de cette équipe briviste tout au long de la saison ? Se dire : «il faut qu'on fasse ça pour eux » ?

Bien sûr, on sentait que nous étions privilégiés, qu'on avait la chance d'être là tandis qu'eux, que ce soit Alexandre ou Olivier, ils étaient dans un autre combat. On réalise notre chance en se disant que la seule manière qu'on pouvait les aider c'était de faire un bon match, de se battre pour eux.

Hier soir dans Bleu Blanc Noir (France Bleu Limousin) Max Mamers a annoncé que Biarritz avait décidé d'annuler le match amical entre les deux équipes prévu à Lannemezan. Déçu de cette décision ? Est-ce que ce match sera remplacé par un autre ? 

Oui, je suis déçu. Le match était au profit d'Alexandre Barozzi et Alexandre a joué à Biarritz et c'est dommage que le club de Biarritz oublie ses joueurs. On ne leur en voudra pas, ils sont dans une période où ils descendent en Pro D2, ils préfèrent garder l'argent pour autre chose, pour recruter un étranger ou j'en sais rien. C'est quand même dommage mais je crois que le club qui va remplacer le BO sera Tarbes. C'est en pourparlers. L'entraineur tarbais, Pierre-Henry Broncan, a entrainé Alexandre et cela serait une bonne chose. Mais oui, très déçu par Biarritz.

Cette saison s'est très bien passée, comment l'as tu vécu de l'intérieur ?

On a surtout senti une grosse solidarité entre nous. Cette Pro D2, cette finale nous ont permis de nous resserrer. Après, on savait que face aux grosses armadas qui allaient venir il fallait qu'on impose notre jeu, qu'on soit très solidaire. Techniquement, on n'est peut être pas les meilleurs de France mais ce qui a vraiment joué cette année, c'est qu'on est une vraie bande de copains, on s'est battu les uns pour les autres. Ça a fait la différence au final.

Une bande de copains soutenu par tout un public

Je crois que Brive s'est réconcilié avec son public. Il y a eu quelques années néfastes auparavant où les gens venaient de moins en moins, n'étaient pas très contents du CAB. Cette Pro D2 a été un mal pour un bien en quelque sorte. Ça a réconcilié tout le monde et là, je pense qu'on a un des meilleurs publics, tout du moins dans le Top 3 des meilleurs publics de France. Le public s'identifie à l'équipe et c'est système donnant-donnant. Quand on voit l'ambiance qu'il y a pu avoir sur certains matchs, des olas pas vues depuis 20 ans à Brive ... c'est à l'image de ce qui s'est passé cette saison. Nous avons réussi à faire des bons matchs, à séduire les gens qui ont répondu présent et nous ont montré leur satisfaction.

Carton plein à la maison à part contre Biarritz qui a été votre bête noire, on ne pouvait pas rêver mieux comme saison pour un promu...

Si en début d'année, on nous aurait dit que le CAB aurait 56 points et serait maintenu quasiment un mois avant la fin du championnat, on aurait signé tout de suite mais on aurait rigolé en disant que ce n'est pas possible. Quand on a commencé à enchainer les bonnes performances (bonus offensifs contre Perpignan, Castres ...), aller chercher des points chez les gros, ça a forgé le groupe et ça a été une grosse satisfaction. On a fait tombé tous les cadors chez nous mis à part un match nul contre le Racing -un match qu'on doit gagner, c'est dommage-. Il y a eu ce faux-pas contre Biarritz, on rentrait de vacances, on s'est fait endormir mais ce match a peut être été un mal pour un bien. On n'aurait peut être pas gagné derrière contre Montpellier. Un mois avant, on aurait pu même envisager mieux que le maintien vu comme le classement est serré. Après on n'avait pas l'effectif pour aller chercher autre chose mais on n'est pas loin des six premiers.

Jamais gagnant à l'extérieur mais accrocheur sur certains matchs, pour toi, qu'est-ce qui a manqué à Brive pour aller chercher une victoire à l'extérieur ?

Un peu plus de discipline je pense. Sur certains matchs, on s'est fait avoir sur ça. Après, le bilan à l'extérieur est positif, on fait 6 ou 7 bonus défensifs, un match nul à Grenoble à 14 qui plus est. Le bilan est très bon mais le point noir de la saison est une petite victoire à l'extérieur, par exemple à Biarritz mais elle nous a échappé au dernier moment. Ce n'est pas grave, c'est comme ça !

Est ce qu'il y a un joueur briviste qui t'a particulièrement étonné cette saison ?

Il y a Arnaud Méla qui a été exceptionnel cette saison. Il nous a montré la voie. A bientôt 34 ans, c'est vraiment le "papa" du groupe. Mais il faut surtout retenir l'ensemble du groupe parce que les uns sans les autres, on ne fait rien du tout. Chacun s'est tiré vers le haut et c'est ce qui a fait notre force.

Samedi, c'est le dernier match de la saison, comment l'abordez vous ?

On l'aborde avec beaucoup moins de pression que les précédents. Le travail est fait pour nous (ndlr : le maintien obtenu). On a envie de rendre une belle et bonne dernière copie, faire plaisir à notre public, nous faire plaisir. Si Oyonnax vient gagner ce match, cela signifiera qu'ils se le seront pelés tout comme pour un bonus défensif. Ce qui est sûr : on ne leur donnera pas le match !

Vous êtes désormais maintenus, mais derrière vous, ça se dispute la place en Top14 alors que Biarritz est condamné. Quelle équipe accompagnera le BO en ProD2 l'année prochaine ?

Très difficile à dire ! Les plus mal en point sont Perpignan mais ils ont les joueurs pour être champions de France, pour jouer les qualifications. Pour moi, Perpignan est capable de tout et je suis persuadé qu'il y aura une grosse surprise samedi en fin de journée. Je ne suis pas sûr que Perpignan soit définitivement condamné (dernier match pour Guirado, des joueurs internationaux à tous les postes, un club champion il y a 4, 5 ans). Sur tous les matchs, il y a un enjeu énorme : Castres va à Bayonne pour gagner et rester dans les six premiers, Clermont a pris une rouste le week-end dernier et ils ne seront pas biens mentalement donc Perpignan peut faire un coup et Oyonnax vient chez nous mais on ne lâchera pas. C'est impossible de dire qui descendra avec Biarritz en Pro D2.

En début de saison, tous les yeux étaient rivés sur Oyonnax qui avait remporté le championnat de ProD2, mais aujourd'hui, ils sont dans la lutte pour le maintien et vous, vous êtes maintenus. Qu'est-ce qui a fait la différence entre les deux équipes ?

C'est simple : ce sont les points qu'on a pu prendre à l'extérieur. Il me semble que le premier point à l'extérieur d'Oyonnax a été pris à 5, 6 journées de la fin, au Stade Français. Nous, sur les 13 déplacements, on en a ramené pas mal. C'est sur ça que la différence s'est faite. Après, on est une équipe qui a fait l'ascenseur Top 14 - Pro D2 - Top 14, on possède des mecs comme Péjoine, Méla, Ribes, habitués au Top 14, qui ont réussi à tirer le groupe vers le haut et dans la bonne voie pour se maintenir.

Par contre, un rat quitte le navire en la personne de Julien Le Devedec. Alors que vous aviez des projets concrets (école de poneys, garage de tuning), il te laisse tout seul. Un message à lui faire parvenir ?

(rires) Il me chie dans les bottes !!! Je vais devoir tenir ce stand de tunning tout seul, je verrai avec lui à distance !!! Plus sérieusement, il va nous manquer, il est très important pour le groupe, pour la touche. Il décide de franchir le grand pas, d'aller tenter une nouvelle aventure. Il est aux portes de l'équipe de France. S'il en est là, c'est surtout grâce à lui et on est tous très fier de lui. On espère qu'il nous représentera et qu'il ne nous oubliera pas. On est très copains, on se retrouvera donc tous et quand il y aura Brive - Bordeaux, je pense qu'il restera et qu'on s'occupera bien de lui ! Et en plus, il y aura son fils à fêter ! Il va être papa mi-juin, un peu comme Riaan : ils vont charger les pauvres !!! (rires)

Plus sérieusement, vous êtes très amis, son nom est évoqué pour intégrer l'EDF pour la tournée en Australie. Une récompense méritée pour Le Devedec ?

C'est une récompense amplement méritée. Il a fait une saison quasi parfaite, il a été le meneur de la touche. Il a évolué sur pleins de secteurs (agressivité, engagement). Techniquement, c'est un des meilleurs ballon en main. C'est mérité pour lui.